ven, 04/02/2011 - 17:55
« Paris, Bruxelles et l'ONU, en se concentrant sur la seule Côte d'Ivoire, prouvent une nouvelle fois l'intérêt sélectif porté aux élections présidentielles en Afrique » (L’ONG Survie)
«Gbagbo doit partir ». Tel est le credo de la communauté internationale – Nations Unies, Union Européenne, Etats-Unis, France, Allemagne, Grande Bretagne, Union africaine, CEDEAO, UEMOA … - Le « boulanger » d’Abidjan est sommé de vider le plancher et de laisser l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara jouir de sa victoire proclamée par la Commission électorale indépendante (CEI) et certifiée par l’Organisation des Nations Unies.
Une kyrielle de sanctions s’abattent sur lui et plusieurs dizaines de ses proches. En attendant une intervention militaire de la CEDEAO, la communauté internationale tente aussi de l’asphyxier économiquement en bloquant ses avoirs et ceux appartenant à ses compagnons, et en entérinant la signature du ministre des Finances de Ouattara, seul habilité à faire des opérations dans l’espace UEMOA. De même, une nouvelle chance est donnée au dialogue avec le panel des cinq chefs d’Etat africains mis en place au dernier sommet de l’UA.
On se rappelle, à l’issue d’une de ses laborieuses visites en Côte d’Ivoire, l’ex-émissaire de l’UA, le Premier ministre kényan Raila Odinga, avait martelé qu’il fallait tout faire pour que Gbagbo quitte le pouvoir et que le verdict des urnes soit respecté en Côte d’Ivoire. Pour lui, si rien n’est fait, on risque d’assister à la même situation dans une dizaine de pays africains qui vont organiser des élections au cours de cette année 2011. Mais, la communauté internationale semble tellement obnubilée par la situation ivoirienne et les révolutions qui secouent le monde arabe qu’elle n’est plus regardante sur ce qui se passe dans d’autre pays de l’Afrique. De fait, sachant que personne ne le voit, le président centrafricain François Bozizé a su conserver son bien dès le premier tour du scrutin tenu le 23 janvier dernier. Il s’est offert 66,06 % des voix et a laissé ses adversaires dont les éternels Ange Félix Patassé et Martin Ziguélé, se partager le reste des pourcentages.
En réalité, ce fut un véritable hold-up électoral : organisation du scrutin bâclée, absence d'affichage de listes électorales, vote par procuration abusif, nombre de votants sans rapport avec le nombre d'inscrits, bourrages d'urnes ou fausses urnes, étrangers en possession de fausses cartes d'électeurs, etc. Comme le hasard n’existe pas, c’est le remake de l’élection présidentielle du 4 mars au Togo où justement Bozizé était venu solliciter des urnes. Autre chose bizarre, l'Union Européenne finance l’élection centrafricaine avec le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) pour 9,5 millions d'euros sur 16 millions du coût total, mais n'a pas envoyé de Mission d'observation. Et c’est le silence radio autour de cette mascarade électorale. Des Nations Unies à l’Union européenne en passant par la France et les Etats-Unis, personne n’en parle. Les intérêts de cette fameuse communauté internationale en Côte d’Ivoire ne sont pas les mêmes en Centrafrique où on peut tolérer la « pagaille électorale ». Comme quoi tous les pays africains ne sont pas logés à la même enseigne et les coups de gueule de la communauté internationale sont sélectifs. A qui le tour après Bozizé ?
Zeus AZIADOUVO
Source : LIBERTE HEBDO TOGO