(Le
Pays 28/01/2011)
Les
élections présidentielles et législatives du 23 janvier dernier, en Centrafrique, risque d’ouvrir encore une période d’incertitudes dans ce pays miné par tant d’années d’instabilité. En effet, le
président sortant, François Bozizé, est accusé de fraudes par son opposition.
Le 23 janvier dernier, les Centrafricains, près de 2 millions, s’étaient rendus aux urnes pour choisir leur président et élire leurs représentants à l’hémicycle. Selon certains observateurs, ces
élections sont porteuses de germes de contestations sur fond de tricherie. En effet, l’impréparation technique de ce scrutin et les nombreux dysfonctionnements dénoncés au niveau de la Commission
électorale indépendante (CEI) n’étaient guère rassurants. L’absence du matériel de vote dans certains bureaux de vote, les cas d’électeurs disposant de plusieurs cartes, sont autant de faits qui
subodoraient une élection fort contestée.
La Commission électorale indépendante (CEI) s’est voulu rassurante quant aux mesures sécuritaires prises pour favoriser
un bon déroulement du scrutin en dépit de l’inachèvement du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) des ex-combattants. De surcroît, le scrutin qui était prévu pour le
30 avril 2010, a été reporté, et ce, pour la dixième fois. Tout laisse croire que tout cela n’aura finalement servi.
Si ce n’est permettre au président sortant de peaufiner ses dernières manœuvres pour son maintien au pouvoir, un pouvoir qu’il pris à la suite d’un coup d’Etat militaire en 2003. Que fera à
présent l’opposition qui crie à la forfaiture ? En tout cas, Martin Ziguélé, ex-Premier ministre et candidat, avait déjà annoncé les
couleurs. "Si les élections sont claires, Bozizé sera battu au premier tour. On n’acceptera pas les
résultats si les élections ne sont pas claires", avait-il prévenu. Selon l’opposition regroupée au sein du Collectif des forces du changement (CFC), Bozizé a perdu les élections et doit, par conséquent, partir. Pliera-t-il ? Rien n’est moins sûr. Il avait déjà confié à un hebdomadaire international
qu’il ne s’imagine pas perdre les élections et que le peuple sait à quel point il se démène pour lui. "Après
moi, c’est le chaos", avait-il lancé. Une chose est sure, l’élection centrafricaine s’est déroulée dans des conditions telles que ses résultats ne pouvaient qu’être contestées par
l’opposition.
Mais comme c’est souvent le cas en Afrique, le chien qui continuera d’aboyer n’empêchera pas la caravane de passer. Bozizé se revêtira de
ses habits de président réélu et n’entendra pas se laisser contester sa "victoire". Autant
dire que le landerneau politique sera chaud dans les jours à venir.
Wilfried BAKOUAN (Collaborateur)
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