(Journal de Bangui 22/03/2011)
L’abstention de l’opposition au second tour présage d’un retour au parti unique
La République Centrafricaine tend inéluctablement vers la résurrection d’un régime de parti unique. Cela à cause du retrait de l’opposition qui a décidé à tort ou à raison de se retirer du processus électoral et exigeant à ses prétendants aux législatives de s’abstenir à cause de la fraude massive orchestrée par le pouvoir au premier tour. Plus de soixante années de lutte pour l’indépendance, environ trente ans de bataille pour l’instauration du pluralisme politique, environ trente années de démocratie. Voilà le bilan de la vie politique de l’Oubangui Chari puis de la République Centrafricaine. Cinquante ans plus tard, alors que la République Centrafricaine semblait consolider sa démocratie, les politiciens replongent le pays dans une situation politique chaotique qui ne dit pas son nom: le parti unique et donc la dictature.
C’est ce qui transparait à travers la prochaine législature. Parce qu’il n’y aura pas de contestation à cause de l’absence de l’opposition. S’il n’y a pas de contrepoids, il n’y a pas de parlement. Même si le principe de la majorité parlementaire existe et que souvent la marge de manœuvre de l’opposition est restreinte, car ne pouvant souvent pas empêcher le vote ou l’adoption d’un projet de loi, la présence de l’opposition à l’Assemblée nationale est essentielle. Cependant, avec le retrait de l’opposition du processus électoral, c’est le système du parti unique qui va refaire surface.
Il n’y aura rien d’intéressant à l’Assemblée nationale parce que les débats ne seront pas contradictoires et donc
inintéressants. Et ce, pour une durée de cinq ans. Pendant cinq ans, les destinées du peuple centrafricain seront décidées par une seule formation politique. Cette situation remet en cause tous
les efforts et les combats du Président fondateur de la RCA, Barthélémy Boganda pour la liberté d’expression et le bien-être du peuple centrafricain.
La responsabilité du KNK
L’opposition ne pouvait rien faire d’autre que de boycotter le second tour des législatives. La fraude organisée par le KNK au premier tour était vraiment exagérée. Pour un parti qui vient de naitre, 34 candidats contre 1 passent dès le premier tour même dans des circonscriptions où il n’est pas populaire. D’où la réaction de l’opposition de se retirer pour ne plus essuyer ce genre d’humiliation moqueuse. En plus les résultats de 1200 bureaux de vote n’ont pas été pris en compte. Pour quelles raisons?
Une Cour Constitutionnelle complice?
Jusqu’ici la Cour Constitutionnelle n’est pas capable de donner plus de précisions sur les 1200 bureaux de vote dont les résultats n’ont pas été pris en compte dans le décompte des voix. Cette situation s’aggrave avec le coup d’envoi de la campagne en vue du second tour des élections législatives. La Cour Constitutionnelle encore une fois incapable d’examiner les multiples recours liés aux résultats du premier tour publiés pas le Commission électorale indépendante (CEI). Or selon la loi, la Cour constitutionnelle doit valider les résultats publiés par la CEI avant un éventuel second tour. Est-ce une complicité de la haute juridiction de confirmer sous silence les résultats donnés par la CEI pour conforter la victoire écrasante du KNK aux législatives? La situation d’un parti unique des années soixante est inquiétante pour la consolidation de la jeune démocratie centrafricaine.
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NDLR : Que vaut encore ce second tour boycotté par quasiment tout le monde et dénué de tout intérêt ?