(Le Confident 29/09/2010)
Après les tergiversations qui ont entouré la mission du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) et les tracasseries policières vécues à Béloko et Baoro, M. Martin Ziguélé, président du MLPC, a organisé le vendredi 24 septembre 2010, un point de presse au siège du parti au quartier Ben-Zvi.
Le conférencier voulait, à travers les médias privés (puisque l’accès aux médias
publics ne lui pas est permis) situer l’opinion publique sur les péripéties de la mission du MLPC dans la Nana - Mambéré. Il a également profité de l’occasion pour aborder les questions brûlantes
de l’heure.
Former des citoyens conscients
D’entrée de jeu, M. Martin
Ziguélé a évoqué les difficultés de toutes sortes qu’éprouvent les partis politiques d’opposition à faire leur travail sur le terrain. Mais, malgré les différents goulots, selon le
président du MLPC, son parti, depuis le congrès de 2007, tente de mobiliser ses militants tout en respectant le rôle assigné aux partis politiques dans l’animation de la vie politique, économique
et sociale. Pour la formation citoyenne de leurs adhérents, tous les pays qui entourent la République Centrafricaine accordent des subventions aux partis politiques. Mais ce n’est pas le cas pour
notre pays. Et pourtant, a souligné le conférencier, un citoyen, conscient de ses obligations, sait ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire. Les subventions octroyées par l’Etat
répondent à des critères bien déterminés selon les pays.
Pour le cas de la République Centrafricaine, le cas est très ambigu car, depuis la promulgation de l’ordonnance sur les partis politiques en 2005, le gouvernement n’a jamais daigné faire prendre
un décret d’application. C’est ainsi que, dans cette situation nébuleuse, l’Etat cherche à empêcher les partis politiques de l’opposition de faire leur travail, accordant un statut particulier au
KNK qui seul peut battre campagne à tout moment. Pour M. Martin Ziguélé, dès que vous franchissez le PK 12 ou le PK 9, les réalités changent
alors qu’à Bangui le gouvernement laisse planer un semblant de libertés aux partis politiques.
Des missions constamment émaillées d’incidents
Revenant aux tracasseries faites au MLPC avant sa mission dans la Nana - Mambéré, le président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain a fait remarquer à l’assistance que c’est par courtoisie que les partis politiques informent le ministre de l’administration du territoire pour tout déplacement dans l’arrière—pays. Mais aucune disposition de la loi ne permet cette formalité. M. Martin Ziguélé s’est ensuite mis à énumérer toutes les menaces dont les missions de son parti ont fait l’objet à l’intérieur du pays. En 2007, de retour d’une mission dans la Mambéré - Kadéï et la Lobaye, conduite par le président du MLPC, la délégation a été bloquée au retour à l’entrée de la ville de Mbaïki.
Des menaces de mort ont été proférées à
l’encontre des membres de la mission. En 2008, venant de l’Ouham - Pendé et de la Nana - Mambéré, une mission du MLPC a été bloquée à Bossembélé avec des péripéties très inquiétantes. En 2009,
une délégation du MLPC, conduite par Mme Baba, superviseur de l’Ombella - M’Poko, a été autorisée à poursuivre sa route que sur instructions
de Bangui. Pour le président du MLPC, les tracasseries causées par le ministre Jules - Bernard Ouandé avant le départ pour la Nana - Mambéré
ne sont rien d’autre qu’un abus d’autorité car aucun texte ne l’autorise à poser un tel acte. Comme si ces actes d’intimidation ne suffisaient pas, un gendarme, qui a prétendu avoir reçu des
instructions de Bangui, s’était permis de bloquer la délégation du MLPC à Yama, 22 km de Bossembélé.
‘‘Saluer une famille éprouvée, Est-ce une infraction?’’
Poursuivant le récit du cauchemar de la dernière mission du MLPC dans la Nana -
Mambéré, M. Martin Ziguélé a déclaré qu’à Baboua, il a rendu une visite à M. Désiré
Massi, le frère ainé de Charles Massi, qu’il connait depuis 2002, car à cette époque, il était maire de Baboua. A cette occasion,
il a prodigué à son hôte des sages conseils en sango et non en ‘‘patois’’ comme l’a souligné M. Fidèle Gouandjika dans le communiqué
gouvernemental lu à la radio.
Cette pause marquée au domicile de la famille Massi a mis en branle les autorités, qui pensaient que M. Martin Ziguélé était venu à Baboua organiser la place mortuaire de M. Charles Massi. L’orateur a
fait observer qu’il n’avait pas cette intention qu’ont …. les autorités, mais il ne voulait saluer qu’une famille éplorée qu’il connaît de longue date et il s’est interrogé. ‘‘Saluer une famille
éplorée est une infraction?’’. Entretenir les relations humaines ne signifie nullement partager les mêmes opinions humaines. Puis M. Martin
Ziguélé a conclu qu’il n’est nullement comptable des actes posés par Charles Massi. Pour le président du MLPC, ces tracasseries ne
sont pas gratuites, car elles procèdent d’une stratégie élaborée par le pouvoir et mise en œuvre insidieusement sur le terrain. Analysant la répétition de ces ennuis, le conférencier a déclaré
que les risques se préviennent et se gèrent. Le pouvoir est en train de créer des facteurs aux conséquences imprévisibles. Les discours officiels, selon M. Martin Ziguélé, sont différents de la réalité sur le terrain et les instructions quant aux brimades à l’opposition partent bien de Bangui et l’orateur de
se demander si l’opposition a-t-elle le droit d’animer la vie politique.
Des atteintes graves à la démocratie
Le président du MLPC a dénoncé le KNK, qui bat ostensiblement campagne avec les moyens de l’Etat, alors que l’opposition est muselée par le pouvoir. C’est cette politique de deux poids deux mesures qui crève les yeux, qui a incité M. Martin Ziguélé à monter au créneau pour dénoncer avec véhémence ces atteintes graves à la démocratie. Le MLPC, selon son président, ne peut accepter une telle situation parce qu’il est né dans la douleur et contre la dictature. Le président du MLPC affirme haut et fort qu’il n’a jamais incité à la haine tribale, alors que des ministres et caciques du parti passent le plus clair de leur temps à insulter, à dénigrer et à diffamer lors de leur campagne en province et sur les ondes de la radio nationale.
Le MLPC réfute la discrimination
Dans les échanges avec les journalistes, M. Martin Ziguélé s’est demandé si nous allons à des élections démocratiques ou à une bagarre entre les Centrafricains; car ce qui se passe maintenant peut présager d’une campagne électorale orageuse. C’est pourquoi, a souligné l’orateur, il a organisé ce point de presse en direction des hommes des médias pur mettre en lumière ses préoccupations. Pour présenter le projet de société de chaque parti, il faut que ces partis aient accès aux populations, puisque les partis d’opposition sont interdits dans les médias publics. Les tracasseries en province, a souligné Martin Ziguélé, traduisent la fébrilité du pouvoir.
L’opposition n’est pas au pouvoir, a souligné Martin Ziguélé, mais l’Etat doit rester impartial et ses représentants aussi doivent rester impartiaux, car cela ressort d’un problème de responsabilité. Pour Ziguélé, les campagnes ne doivent pas être l’apanage du KNK, car nous ne sommes pas en régime du parti unique. A une question d’un confrère à propos de l’intervention de M. Gouandjika à la radio nationale, le président du MLPC a déclaré que c’est depuis 2006 qu’il est régulièrement accusé. Selon Ziguélé, M. Elie Ouéfio l’accusait d’être le président de l’APRD. Alors que Gouandjika tient un autre langage en le taxant du président de la CPJP. Le président du MLPC estime que le ministre Gouandjika fait preuve de légèreté et pour démonter les allégations du porte-parole du gouvernement, il demande une confrontation dans les médias. Le président du MLPC, dans un style railleur, remercie beaucoup le ministre Gouandjika car, souligne-t-il, il est le meilleur agent de communication du MLPC, mais son problème c’est qu’il salit le pays en prêchant la haine et la division. Poursuivant, Martin Ziguélé a été ferme et a affirmé qu’il ne fera jamais partie d’un mouvement pour déstabiliser son propre pays.
Il considère les propos de Gouandjika comme une distraction et ne se laissera jamais prendre à ce jeu, car la campagne se fera sur le bilan du régime actuel. S’agissant de ce qu’il considère comme les agissements de Jules Bertrand Ouandé, Martin Ziguélé le considère comme un problème pour son propre parti. Enfin, il conclut que le pouvoir ne les poussera pas à la provocation. Mais son parti battra ses adversaires dans les urnes.
Mardi 28 Septembre 2010
U. Roy Lama
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