Le 10 août dernier, pouvoir usurpateur, opposition bancale, rebelles ou ex rebelles c’est selon, ont signé un texte qu’ils se sont empressés de présenter comme un « accord politique ». Les signataires du texte parlaient tous d’une même et seule voix. En tout cas, ils affichaient leur bonne entente et s’étaient surtout mis d’accord sur la date du 23 janvier 2011, pourtant fixée de manière unilatérale par Bozizé, comme la date du premier tour des élections législatives et présidentielle.
L’Indépendant avait alors douté de la faisabilité de cet accord et pointait quelques anomalies majeures qui, à notre sens, pouvaient entraver le procès d’opérationnalisation des élections.
D’abord nous doutions de la sincérité de Bozizé, qui, seul dans son carcan, sans préalablement consulter ses partenaires de l’opposition, signa le 30 juillet le décret fixant la date des élections au 23 janvier. Pour nous, il était impossible que Bozizé qui entend être le seul homme-orchestre du processus électoral ait changé radicalement en l’espace d’une semaine et soit désormais touché par la bonne grâce de l’ange du CON-SEN-SUS.
Ensuite, nous affirmions que le soi-disant accord politique n’incitait nullement à l’optimisme du fait d’importantes questions qui demeuraient et qui demeurent encore en suspens à savoir, le redécoupage des circonscriptions électorales pour les élections législatives, le désarmement des rebelles et le recensement électoral à proprement parler dans un pays dont plus de la moitié échappe carrément au contrôle gouvernemental.
Enfin, nous considérions que le fameux accord politique auquel d’ailleurs, plus personne aussi bien du pouvoir que de l’opposition ne fait aujourd’hui allusion, n’aura eu pour seul mérite que de LÉ-GI-TI-MER le régime illégal et sanguinaire d’un François Bozizé qui caresse désormais l’ambition d’installer une dynastie sur les bords de l’Oubangui-Chari.
À l’époque, tous les leaders de l’opposition en sont à feindre d’ignorer que François Bozizé n’est pas et ne saurait être un homme de parole, et que chez lui, le double langage, le rétropédalage est une seconde nature.
L’indispensable coup d’État démocratique !
Aujourd’hui, pas un jour ne passe sans que les amis d’hier s’invectivent par communiqués et décrets illégaux interposés. La bonne entente du 10 août a volé en éclat. Cette discorde était prévisible, disions-nous.
Convaincu de la léthargie et la faiblesse de ses vis-à-vis de l’opposition, Bozizé et les siens se sentent poussés des ailes. Ils multiplient les provocations et snobent l’opposition. Ainsi, Bozizé persiste dans son refus annoncé lors de la réunion du 19 octobre au Palais de la Renaissance, de se conformer à la décision du Conseil d’État sur le découpage des circonscriptions électorales aux législatives et à repris purement et simplement non sans un ridicule culot, le décret qui a servi pour les élections de 2005. Selon les souhaits de Seigneur Bozizé 1er, au lieu d’un mois comme le prévoyait l’accord politique, l’ouverture du dépôt des dossiers de candidature ne mériterait plus que 12 petits jours ! Quid des réclamations et autres contestations.
Comme il fallait s’y attendre, l’opposition qui, hier, menait le même combat que Bozizé contre les intérêts des Centrafricains, multiplie les communiqués de presse pour réclamer la démission du président de la CEI (Commission électorale indépendante), le très décrié Joseph Binguimalé, et menace, toute honte bue, de se retirer du processus électoral faute d’être entendue.
Si, comme le clament Bozizé et certains de ses thuriféraires, les élections devraient ne se tenir que le 23 janvier prochain, les électeurs Centrafricains pourraient encore une fois de plus se retrouver avec le SIDA et le CANCER, Patassé et Bozizé, seuls candidats de la présidentielle. Un scénario aussi loufoque qu’insensé. Ce sera alors la grande pagaille, qui confirmera le caractère nocif de ces deux individus pour la cohésion sociale et la concorde nationale.
Pour espérer sortir à peu près indemne de cette impasse, deux hypothèses :
La première : la Centrafrique devra se trouver ou inventer une personnalité de très grande sagesse pour jouer les médiateurs et faire entendre raison à Bozizé qui ne semble pas prendre la mesure du grand danger qui guette son pays. Qu’on se le dise, nous ne sommes plus très loin d’une guerre civile en bonne et due forme.
Or, l’on réalise que dans tout le pays et même dans la sous-région, il y a finalement peu de personnalités imposantes et suffisamment consensuelles pour raisonner Bozizé et tempérer ses ardeurs meurtriers.
La seconde hypothèse est à notre sens la plus pragmatique et la moins mauvaise: si Bozizé et son opposition ne parvenaient pas à s’entendre sur le processus électoral et à organiser des élections libres, transparentes, crédibles un tantinet incontestables, un Amadou Toumani Touré se doit d’intervenir pour mettre tout le monde d’accord.
Ce sera salutaire pour le bonheur du peuple et le salut de la NATION.
Rédaction L'Indépendant