A 10 jours de l'organisation des élections générales centrafricaines, prévues pour le 23 janvier 2011, le contexte politico-sécuritaire du Centrafrique, particulièrement volatile, fait craindre un nouveau report du processus électoral. Dans ce contexte, le risque d'une forte dégradation de l'environnement sécuritaire centrafricain, couplé à une situation régionale sous haute tension, n'est pas négligé par l'ensemble des observateurs internationaux.
Le 29 avril 2010, la commission électorale indépendante -CEI- avait annoncé qu'elle ne pouvait plus techniquement respecter le délai d’organisation des élections générales du 16 mai 2010. Ce report du processus électoral était vivement souhaité par l’opposition centrafricaine afin de permettre une stabilisation de la situation sécuritaire du pays. En effet, de graves irrégularités ainsi que d’importants retards dans la conduite du processus électoral, au regard du chronogramme établi, avaient été constatées tant par les partis d’opposition que par les observateurs internationaux.
Le report de l’élection présidentielle avait, par conséquent, été réclamé par l’ensemble de la classe politique et recommandé par le comité des bailleurs de fonds du processus électoral -ONU, Union européenne, France et Etats-Unis. Le parti présidentiel avait présenté un projet de loi afin d’amender l’article 24 de la constitution. L’amendement constitutionnel stipule que lorsque le processus électoral ne peut aboutir avant la fin du mandat présidentiel, le président de la république est en droit de saisir la cour constitutionnelle afin d’autoriser le pouvoir en place à conserver ses prérogatives pour un délai indéterminé, jusqu’à l’organisation de nouvelles élections.
Cependant, l’organisation le 23 janvier 2011 des élections législatives et présidentielles centrafricaines semblerait une nouvelle fois menacée par l’instabilité endémique qui caractérise le pays depuis de nombreuses années. Malgré les multiples annonces du président François Bozizé et de son gouvernement, l’environnement sécuritaire du Centafrique se serait singulièrement dégradé ces derniers mois en raison de la récurrence d’affrontements entre groupes de rébellion et forces armées centrafricaines -FACA-. Ces dernières pâtissent d’un manque d’encadrement institutionnel majeur, rendant illusoire toute perspective de sortie de crise rapide.
Par ailleurs, les multiples ingérences gouvernementales rapportées dans la campagne électorale, couplées aux menaces de boycott émanant de 4 des candidats d’opposition à l’élection présidentielle tendent à confirmer les hypothèses les plus pessimistes. De nombreux points d’achoppement auraient été soulevés ces dernières semaines dans l’organisation du processus électoral. D’importants trafics de distribution de fausses cartes électorales auraient été rapportés par les observateurs, faisant craindre un risque de fraudes à l’aune des scrutins. Dès lors, l’opposition centrafricaine avait appelé à de multiples reprises à un nouveau report électoral sans que l’appel ait été entendu par les autorités compétentes.
La campagne électorale a toutefois officiellement débuté lundi 10 janvier 2011 et s’achèvera le 21 janvier 2011 au soir. Le président de la commission électorale indépendante -CEI- aurait fait montre de son optimisme quant à la bonne tenue du chronogramme établi et appelé l’ensemble des candidats à un strict respect des lois dans l’objectif d’un processus libre, démocratique et transparent.
Dans ce contexte, il apparaît particulièrement difficile de se prononcer sur le maintien de la date des élections générales centrafricaines au 23 janvier 2011. Un nouveau report pourrait cependant engendrer une grave crise politico-sécuritaire dans le pays. A l’inverse, une confirmation du chronogramme officiel, sous la pression de François Bozizé, pourrait raviver les tensions existantes en Centrafrique.
Source : www.centrafriqueledefi.com