RCA: Jean Francis Bozizé a bel et bien détourné 5.550.000 euros
Les Collines de l’Oubangui N°239 du 11 juillet 2011
Les débats sur le fond de l’affaire des milliards de l’Union Européenne destinés aux militaires et gendarmes retraités ont eu lieu dès 9 h 15 mn le mercredi 6 juillet 2011. Il s’agit de la dissertation judiciaire orale sur « l’incitation à la révolte et à la haine » contre la personne du Ministre délégué à la Défense, le Colonel Jean Francis Bozizé et contre les institutions de la République.
A la barre, comme la terre toute entière le sait, Faustin Bambou, Directeur de Publication du journal «Les Collines de l’Oubangui » et Cyrus Emmanuel Sandy, Directeur de Publication du journal « Médias + ». La salle était archicomble, d’autres centrafricains ont suivi le procès de l’extérieur. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Procureur de la République n’a pas du tout pu donner la moindre preuve de l’accusation portée contre les deux journalistes. Devant le président Jules Gaveaux, les avocats du Colonel Jean Francis Bozizé, Me Jacob Songone et Me Mazou ont tenté péniblement d’expliquer que les fonds reçus de l’Union Européenne ont été utilisés pour payer les arriérés de salaires et de pensions à 655 militaires et gendarmes par les soins d’un Comité mis en place à cet effet. Selon eux, ces fonds ont été versés par tranches successives à 204, 192, 201 militaires et gendarmes retraités, ainsi qu’à 58 ayant-droit (des orphelins et des veuves…).
Me Mazou, après avoir affirmé que le Ministre Jean Francis Bozizé n’était pas associé, a cependant appelé l’existence des rébellions dont les éléments doivent être incorporés sur ces fonds octroyés par l’Union Européenne… Selon Me Mazou, les articles écrits l’ont été sans preuve, d’où la volonté manifeste de nuire à leur client Jean-Francis Bozizé alors que les fonds et les indemnités ont été payés par tranches successives jusqu’à la 4ème tranche. Me Mazou a poursuivi en soutenant que ce sont les articles notamment de Faustin Bambou qui ont incité les militaires et gendarmes retraités à la révolte.
13 h 15 mn, une coupure électrique a amené le président Jules Gaveaux à ordonner une suspension des débats. Pendant cette suspension quelques délégués des militaires et gendarmes retraités dirigés par Armand Kéko sont venus contacter les huit (8) avocats de la défense pour demander à intervenir dans les débats. Ils ont expliqué que lors d’une rencontre dans le bureau du Ministre délégué Jean Francis Bozizé, ce dernier leur a avoué, de vive voix, qu’il avait bien reçu les 5.150.000 euros mais qu’il a dû utiliser cet argent pour régler des contentieux.
A la reprise, Me Nicolas Tiangaye a demandé qu’on laisse intervenir les délégués des militaires et gendarmes pour la manifestation de la vérité. Mais le premier substitut du procureur Abazene Arnaud Djoubaye s’est mis en branle pour refuser.
Signalons que Faustin Bambou a démontré son professionnalisme : Dès le 3 juillet 2010, il a contacté le Ministre Bozizé à l’Assemblée qui lui a donné le numéro sur lequel il pouvait le joindre pour une discussion préalable à la rédaction des articles. Pendant plusieurs mois, Faustin Bambou a appelé Jean Francis Bozizé qui ne répond qu’aux appels de créatures particulières… Le journaliste indépendant a ensuite démontré que les manifestations des militaires et gendarmes retraités ont débuté en 2010, d’abord au stade municipal puis devant le camp Béal et devant l’Union Européenne. Les articles du journal « Les Collines de l’Oubangui » n’ont vu le jour qu’à partir du 28 février 2011.
Par ailleurs Faustin Bambou a exhibé une copie de la Convention relative aux 5.150.000 euros et lu ce que l’Union Européenne voulait réellement faire des militaires et gendarmes retraités. Cela a soulevé un tonnerre d’applaudissements dans la salle qui a confondu et mécontenté le premier substitut du procureur. Faustin Bambou a aussi exhibé le discours de l’ex-Ambassadeur, chef de délégation de l’Union Européenne Jean Claude Esmieu qui précisait que ces fonds n’étaient destinés qu’aux militaires et gendarmes retraités pour faire d’eux de vrais acteurs de développement…En évoquant l’article 11 de la loi n°05.002 du 22 février 2005 sur la liberté de la Communication et les engagements pris par notre pays sur le plan international, le Directeur du journal « Les Collines de l’Oubangui » a démontré que ces articles visaient à inciter le Colonel Jean Francis Bozizé à retrouver ces fonds disparus et à les verser aux militaires et gendarmes retraités. Comme le général André Mazi a dit de vive voix à Jean Francis Bozizé dans son bureau, lors d’une réunion avec les six (6) délégués des retraités.
Cyrus Sandy Emmanuel, à son tour, s’est employé à démontrer que son article était écrit dans le respect de la déontologie. Il s’agit, a-t-il précisé, d’un reportage fait suite à un rassemblement des militaires et gendarmes retraités. S’agissant du chiffre des 16 milliards évoqué dans son article, il a expliqué qu’il n’a fait que multiplier le montant que devrait percevoir chacun par le nombre des militaires et gendarmes retraités. Sur le point précis de l’arrestation du Ministre délégué à la Défense en France, le directeur de « Média + » a évoqué les propos interrogatifs tenus par les militaires et gendarmes retraités à la médiature. Il a expliqué l’emploi journalistique du conditionnel eu égard à l’impossibilité de vérifier l’information.
Ces explications ont aussi soulevé des brouhahas de soutien dans la salle qui ont rendu furieux notre premier substitut du procureur de la République. Suite à toutes ces explications magistrales, le substitut du procureur, déboussolé, qui pourtant s’est fondé au départ sur les articles 292 et 295 du code pénal, s’est vu obliger de faire recours à l’ordonnance n°05.002 du 22 février 2005 pour tenter, sans succès, de montrer que les deux journalistes indépendants ont failli à leurs obligations. Bien hué par la salle archicomble, il a tout de même après une argumentation peu convaincante requis la peine de 3 ans d’emprisonnement ferme contre les deux confrères suivie d’une amende de 1.000.000 F CFA chacun et de la privation de leurs libertés civiles et politiques. Voilà comment Abazène Arnaud Djoubaye a prouvé le caractère politique et donc illégal de son action au service du Colonel Jean Francis Bozizé !