La Rwandaise Scholastique Mukasonga, la surprise du prix Renaudot 2012
Par Siegfried Forster RFI mercredi 07 novembre 2012
Elle ne figurait pas dans la sélection, mais elle a été distinguée ce 7 novembre avec le prix Renaudot pour son quatrième livre et premier roman Notre-Dame du Nil, publié dans la collection Romans noirs chez Gallimard. La Rwandaise Scholastique se considère comme une « écrivaine francophone, pas française ». Et elle est une survivante. Aujourd’hui âgée de 56 ans, elle a perdu sa mère et 37 membres de sa famille lors du génocide rwandais en 1994.
Notre-Dame du Nil n’est pas un témoignage du carnage, mais une fresque pour comprendre les premières prémices du génocide. L’histoire se déroule dans un lycée de jeunes filles, nommé « Notre-Dame du Nil ». A 2 500 mètres d’altitude, ce pensionnat isolé du reste du monde, est considéré comme une institution pour former l’élite des jeunes filles rwandaises. Et cela tombe bien, un certain Monsieur de Fontenaille, un peintre blanc fasciné par les jeunes filles tutsies, est complètement persuadé que les Tutsis sont les descendants des « pharaons noirs »...
Ecrire et témoigner, pour Scholastique Mukasonga, ce sont les deux faces de la même histoire. Ecrire, un devoir, résultat d’un « exil intérieur » entamé longtemps avant d’avoir trouvé en France un exil extérieur : « J’étais destinée à être la mémoire de la famille, parce que j’ai appris le français, parce que le français était le passeport international ».
Scholastique Mukasonga
Par Yasmine Chouaki RFI
Rwandaise, née en 1956, Scholastique Mukasonga connaît dès l’enfance la violence et les humiliations des conflits ethniques qui agitent le Rwanda. En 1960, sa famille est déplacée dans une région insalubre du Rwanda, Nyamata au Bugesera. En 1973, elle est chassée de l’école d’assistante sociale de Butare et doit s’exiler au Burundi. Elle s’établit en France en 1992.
En 1994, année du génocide des Tutsi, un million de morts en cent jours, elle apprend que 27 membres de sa famille ont été
massacrés, dont sa mère Stefania…
Douze ans plus tard, Inyenzi ou les Cafards, récit autobiographique, est publié par Gallimard et marque l’entrée de Scholastique Mukasonga dans la littérature qui, pour elle, s’apparente au territoire de la mémoire.
En 2008, elle publie, toujours chez Gallimard, un second ouvrage, La Femme aux pieds nus, hommage rendu à sa mère et à toutes les mères courage. Le livre a reçu le prix Seligman contre le racisme.
En 2010, grâce à L’Iguifou, une véritable poésie s’affirme : chacune des pages ouvre un horizon de couleurs, de fleurs, d’arbres, d’oiseaux, de sensations tactiles ; en somme, un florilège de beauté qui contrebalancerait la cruauté humaine.
Le 1er mars 2012, son dernier ouvrage Notre-Dame du Nil est publié chez Gallimard.