Par Boniface Vignon de RFI
« L'urgence, c'est de faire en sorte que les élections se tiennent le 23 janvier prochain... Il faut aller aux élections. Les démocrates qui criaient sur les toits 'démocratie', aujourd'hui fuient la démocratie. Ils fuient les élections, inventent les artifices... ça fait pas sérieux, la constitution a été piétinée... »
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Interrogé à Montreux à l'occasion du sommet de la Francophonie, François Bozize revient essentiellement sur le processus électoral en cours dans son pays.
Ses propos dans ses interviews qu'il accorde généralement à RFI sont toujours un tissu de mensonges et de raisonnement spécieux. Alors qu’il est clair aujourd’hui que c’est lui la principale source de blocage du processus électoral, il s’emploie en permanence à en rejeter la responsabilité sur les autres. A l’entendre, si ce n’est pas l’opposition politique qui fuit les élections parce qu’elle a peur d’aller aux urnes, c’est la communauté internationale représentée à Bangui qui qui freine les choses par ce qu’elle ne veut pas financer ces élections.
Actuellement c’est lui seul qui refuse de se soumettre à la décision du Conseil d’Etat qui doit pourtant s’imposer à tous y compris à lui, à propos du découpage des circonscriptions électorales aux législatives, mettant tout le monde dans une impasse totale. Il veut qu’on en revienne au découpage qui a permis les élections de 2005 qui n’avaient été en réalité, qu’une grosse mascarade électorale. Le découpage de 2005 reposait sur le Code électoral de 2005 qui a été modifié en 2009. Il ne peut donc servir en 2011.
L’opposition qui a justement été à l’origine de la décision du Conseil d’Etat puisqu’elle lui a fait recours en annulation du précédent décret de Bozizé, fait maintenant à juste raison de la question du nouveau découpage une des conditions de sa participation au processus électoral. La balle est donc bien dans le camp de Bozizé qui ne peut continuer ainsi à se défausser en permanence sur les autres. La question du découpage des circonscriptions électorales aux législatives, est loin d’être un simple artifice destiné à retarder inutilement la tenue des élections comme Bozizé le dit.
Pendant que Bozizé débitait ses mensonges à Montreux au micro de RFI, l’Union Européenne a annoncé avoir alloué une enveloppe de 9,5 millions euros pour les élections en Centrafrique. Cet argent devrait permettre on l’espère, le financement de l’informatisation des listes électorales que Bozizé voulait qu’elles soient traitées manuellement. Le vrai problème autour du financement des élections centrafricaines est ce que Bozizé appelle lui-même la « gloutonnerie » de la CEI dont il sait très bien par ailleurs que c’est son complice et larron le vrai pasteur Joseph Binguimalé qui en est la source.
S’il continue de protéger et de couvrir le responsable de cette gloutonnerie qui fait que la CEI est devenue un véritable tonneau de danaïdes, la préparation des élections continuera de piétiner et on ira de report en report. Si on ne veut pas que les élections se tiennent, on ne s’y prendrait pas autrement, contrairement aux allégations et accusations fantaisistes que lance à chaque fois Bozizé. On est sidéré d’entendre Bozizé reconnaître dans l’interview, détenir le rapport sur l’audit effectué sur la gestion par Binguimalé des fonds alloués à la CEI mais il estime que sa publication n’est pas urgente. Pourquoi ?
En réalité, Bozizé a maintenant beaucoup de mal à assumer avec Binguimalé leur gestion opaque et ultra secrète de la CEI dès après sa mise en place. Ils étaient convaincus tous les deux au début qu’ils allaient réussir à imposer en deux temps trois mouvements, un calendrier électoral en accéléré qui pourrait permettre la tenue des élections en avril dernier et réaliser leur hold-up. Ils ont vidé les caisses de l’Etat et dépensé sans compter pour acheter à la hâte des urnes, faire imprimer clandestinement des cartes d’électeurs, acquérir coûteusement du matériel informatique pour dresser des listes électorales dont finalement personne ne veut, et faire illégalement plein d’autres choses en catimini.
Mal leur en a pris car ils ont à présent le bec dans l’eau avec la reprise en main par le PNUD et la communauté internationale du processus. Binguimalé tente en vain de faire rembourser à la CEI les coûts d’une partie de ce matériel que personne sauf Bozizé, ne l’avait autorisé à acheter. Le peu d’empressement et la gêne actuelle de Bozizé à publier le rapport d’audit sur la gestion de Binguimalé ne s’explique pas autrement. C’est l’entourage immédiat de Bozizé, notamment à certains de ses enfants et autres personnes du KNK, que le vrai faux pasteur a filé de juteux marchés à tour de bras et de gré à gré. L’incompétence, la cupidité et la mauvaise gestion imputées aujourd’hui à Binguimalé sont aussi celles de Bozizé qui l’a instrumentalisé pour les besoins de son projet de victoire électorale rapide et facile.
Il doit être clair pour ces deux larrons que sont Bozizé et Binguimalé qu’ils ne peuvent faire ce qu’ils veulent de l’enveloppe destinée au financement des élections en Centrafrique octroyée par l’UE et les pays amis, fonds constitués de l’argent des contribuables de ces pays qui demandent toujours des comptes.
La Rédaction C.A.P