Alors que Bozizé et sa clique ne cessent de scruter l’horizon à la vaine recherche d’éventuels messages de félicitation qu’un de ses pairs chef d’Etat pourrait lui envoyer, contre toute attente et le cours des choses, on devait apprendre il y a quelques jours que l’Organisation des Nations Unies et en particulier son Secrétaire Général, le Coréen Ban-Ki-moon avait dépêché à Bangui un de ses Adjoints, l’Américain Lynn Pascoe avec un message de félicitation inespéré pour Bozizé. On sait maintenant que cette regrettable et dommageable initiative est l’œuvre de la Représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en Centrafrique, l’Ethiopienne Mme Zewde Sahle Work du BINUCA.
C’est cette dame qui, pour les raisons de poursuite de sa carrière personnelle, n’a cessé d’abreuver sa hiérarchie new yorkaise avec des rapports périodiques ne l’informant pas en vérité et en toute objectivité sur la réalité de la situation en Centrafrique. Alors que cette brave dame faisait partie du Comité de pilotage des élections, elle n’a jamais accepté ni réellement soutenu le principe et l’exigence formulée par l’opposition avec beaucoup d’insistance de l’informatisation des listes et des cartes électorales comme cela est la règle sous d’autres cieux en Afrique.
Lorsque son prédécesseur le Guinéen, François Lonseny Fall avait démissionné du poste de Bangui pour regagner son pays afin de participer à la vie politique post Lansana Conté, c’est Mme Zewde que Ban-Ki-moon avait cru bon désigner pour lui succéder. Cette dame fut longtemps dans son propre pays l’Ethiopie les yeux et les oreilles du Premier Ministre Meles Zenawi, puis l’ambassadrice d’Ethiopie en France pendant cinq ans.
Quand on voit les dérives dictatoriales et anti-démocratiques du pouvoir éthiopien du parrain de Mme Zewde où chaque élection donne toujours lieu à des arrestations des responsables de l’opposition qui sont systématiquement jetés en prison, tout cela sans que les Nations Unies et les USA ne daignent piper mot, il ne fallait pas s’attendre à ce que le travail de Mme Zewde en Centrafrique ne puisse contribuer ou aller dans le sens de la promotion de la démocratie et du respect des droits de l’homme.
Quelle est donc l’utilité de sa présence en Centrafrique si elle n’a pas été capable d’éclairer le siège des Nations Unies à New York sur les scandaleuses conditions décriées par quasiment tout le monde dans lesquelles Bozizé et son KNK ont réalisé leur hold-up électoral du 23 janvier? Faute de n’avoir rien fait, elle aurait dû avoir au moins la décence de se taire et non d’organiser la venue à Bangui du Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies avec un scandaleux message de félicitation pour Bozizé. C’est une prime à la bêtise et au vol commis par ce dernier avec la consécration des Nations Unies. C’est proprement inadmissible et doit être dit.
Elle s’est enfermée dans des relations stériles de complicité avec le dictateur sanguinaire Bozizé qui n’a du reste plus rien à craindre d’elle puisqu’on ne l’a pas entendue ni dénoncer, ni s’indigner outre mesure des graves et intolérables disparations politiques de Charles Massi et de Hassan Ousman du MNSP, non élucidées à ce jour. On ne l’a pas entendue davantage s’émouvoir du passage à tabac de Joseph Bendounga président du MDREC au sein même du palais de la Renaissance par la garde présidentielle ni de ce que Bozizé ait tranquillement et gratuitement demandé à ses services de sécurité le dépeçage du bâtonnier Me Symphorien Balemby et Jean Daniel Dengou ni sur le triste sort des personnes de leur entourage qui croupissent toujours en prison à Bossembélé.
Aux dernières nouvelles, Mme Zewde serait affectée à Nairobi au Kenya. Est-ce parce qu’elle savait qu’elle allait quitter définitivement son poste de Bangui qu’elle s’est comportée de la sorte au sujet des élections centrafricaines ? Souhaitons pour le Kenya qu’elle n’aille pas encore vicier le processus électoral dans ce pays qui est déjà sorti difficilement de ses dernières élections qui ont entraîné beaucoup de morts et de blessés. Mme Zewde quittera la RCA en laissant derrière elle aux Centrafricains un arrière-goût de déception et l'image d'une carriériste dont la seule préoccupation n'est que le bon déroulement de sa carrière personnelle et d'avoir été totalement inutile aux démocrates et patriotes de ce pays qu'elle a poignardés dans le dos face à leur noble combat contre un dictateur sanguinaire.
Rédaction C.A.P