L’accord portant adoption du chronogramme révisé ,relatif au processus électoral de 2010 et signé par les différentes entités politiques est un accord scandaleux, abject et irresponsable.
On a beau être pour l’organisation au plus tôt de ces élections, il n’en demeure pas moins que l’on ne peut accepter tout et n’importe quoi. Une sorte de déclaration amicale pompeusement affublée du qualificatif « accord » . En somme , un véritable pacte contre nature que l’on peut sans forfaiture qualifié d’hérésie politique. Un accord pourtant déterminant sur lequel nos compatriotes et la communauté internationale à travers l’union Européenne attendaient beaucoup en retour. Malheuresement cet accord qui devrait être salvateur est adopté à minima, dans sa plus simple expression . Celui-ci n’est assorti d’aucune véritable garantie, voir d’aucun garde fou. La Volonté coûte que coûte de bénéficier rapidement du financement de l’union européenne a aveuglé nos signataires de l’opposition démocratique. Ceux-ci ont finalement après avoir réillégitimer en acceptant sans condition la prorogation du mandat d’un président qui n’a pas su organiser les élections dans un délai légal, voilà que toute cette opposition démocratique dans son ensenble vient à présent de le consacrer. Désormais , le régime en place à les mains libres avec la complicité de l’opposition démocratique pour utiliser à volonté l’argent du financement de l’union européenne et en même temps la liberté d’organiser comme bon lui semble ces élections. Quid des questions qui fâchent. Qui va gérer cette manne financière ? Comment va être gérer cet argent ? En cas de mauvaise gestion comment faire ? qu’en est-il du gouvernement de consensus ? Appartient-il à ce même gouvernement d’organiser ces élections ? Qui veillera et controlera le compte de campagne des différents candidats ? Peut-on utiliser les véhicules et autres biens de l’état pour battre campagne ? etc…
L’accord sur le chronogramme fait planer le spectre d’autres accords qui étaient bafoués par le régime et des recommandations du dialogue politique encore non appliquées.
Il ne fait aucun doute que l’accord sur le chronogramme fait planer le spectre des recommandations du dialogue politique inclusif encore non appliquées, des accords combien de fois signés et maintes fois bafoués , des promeses jamais tenues par le général-président dont on sait par expérience depuis le 15 mars 2003 qu’il n’est pas homme à tenir parole. Pourquoi, l’opposition démocratique a-t-elle refait pour la ènième fois preuve d’amnésie en faisant intégralement confiance aux promesses du général-président ?
Pour une fois encore , après le coup foireux du dialogue politique inclusif , cet accord permet au général président Bozizé de demeurer le seul maitre à bord de la maison centrafricaine. Pourtant l’union européenne avait donné le ton à travers ses conditionnalités. Hélas ! elle ne peut pas tout faire en lieu et place de l’opposition démocratique. Mais que fait alors l’opposition démocratique ? A quoi joue t’elle ? Au nom de quoi et de quel principe donne t’elle encore un blanc seing au général Bozizé ? Hier, les mêmes acteurs de l’opposition démocratique qui ont lamentablement échoué lors du dialogue politique inclusif pour ne pas avoir su se prémunir d’un certain nombre de garantie commettent aujourd’hui les mêmes erreurs. A ce jour et à regret d’ailleurs, on constate que seulement 30% des recommandations du dialogue politique inclusif ont été appliquées . D’une manière incompréhensible, cette classe politique de l’opposition ne dit rien à moins qu’elle se contente de si peu afin d’accompagner main dans la main le général dans sa quête forcée pour un nouveau mandat en 2011.
Le régime illégitime du général Bozizé a imposé finalement sa volonté comme lors du dialogue politique inclusif
Le conclave politique tant réclamé initialement par toute l’opposition démocratique et tant attendu par les centrafricains afin d’aboutir à un protocole d’accord politique avec tout ce que cela comporte en terme d’engagement , de garantie , de suivi, de sanction immédiate mais aussi de rigueur n’a finalement pas eu lieu. Il a accouché seulement et seulement d’un mini accord. Toute l’opposition démocratique n’a-t-elle pas manquer d’audace et d’imagination à ce moment-là ? N’a-t-elle pas fait preuve d’un manque de sens poltique ? d’autant plus que l’union européenne a conditionné son appui d’un montant d’environ 4,3 milliards de Fcfa au processus électoral à la conclusion d’un véritable accord global susceptible de garantir la tenue d’élections libres ,transparentes et crédibles.
D’ailleurs, la déclaration du porte parole du gouvernement , publié le 11 août 2010 dans le numéro n°3433 du journal le citoyen est révélateur et sans équivoque : « …Donc, tout le monde tournait autour d’un accord politique. Nous ne sommes pas venus ici pour un accord politique , mais pour approuver un chronogramme avisé et nous avons remis la pendule à l’heure et nos compatriotes, ceux de l’opposition démocratique, de l’opposition armée et la société civile et les autres partis ont compris… » Voilà qui est clair.
Un chronogramme arrêté à la légère qui sucite néanmoins quelques légitimes intérrogations
Le chronogramme arrêté à la légère suscite néanmoins de notre part quelques légitimes intérrogations. L’on peut s’intérroger sur les différentes dates relatives au processus électoral qui sont arrêtées au terme de cet accord.
Ainsi, du 1er au 30 septembre 2010, la commission électorale indépendante procédera au recensement des électeurs. Nous sommes déjà à mi août. Cela veut dire concrètement qu’il va falloir dans deux semaines pacifier tout le territoire en mettant fin entre autres et surtout aux assassinats de la LRA , régler et boucler le programme DDR. Il faudrait donner des gages de garanties, de confiance à tous les réfugiés afin qu’ils réintègrent leur village respectif.
Du 19 au 24 décembre 2010 : distribution des Cartes d’électeurs et affichage des listes électorales. C’est dire que la commission électorale indépendante ne dispose finalement que de 5 jours pour distribuer les cartes et afficher les listes sans compter les recours. Il faut savoir que le 24 décembre est un jour où le centrafricain a surtout la tête à préparer le réveillon de noël.
Jusqu’au 08 novembre 2010 : réception, enregistrement et traitement des dossiers de candidatures.
A quand la date officielle de la réouverture des candidatures ?
29 décembre 2010 : publication de la liste définitive des candidats
En cas de recours, la commission électorale mixte disposera t’elle assez de temps pour corriger l’erreur ?
20 janvier 2011 : vote des militaires
Curieux tout de même que les militaires effectuent leur vote alors que la campagne électorale ne prend fin que le lendemain.
23 janvier 2011 : premier tour des élections.
Pourquoi le deuxième tour est-il fixé le 20 mars c'est-à-dire deux mois après le premier tour ? Alors que les résultats du premier tour sont connus à peine deux semaines après.
En définitive, le régime illégitime du général Bozizé et l’opposition démocratique mènent le même combat contre les centrafricains.
Franck SARAGBA
« De l’esprit Fini Kodé »