par Madjiasra Nako
N'DJAMENA 04-04-2013 à 08h20 (Reuters) - Les pays d'Afrique centrale ont refusé mercredi de reconnaître le chef rebelle Michel Djotodia en tant que nouveau président de la Centrafrique et ils ont en revanche réclamé la mise en place d'une nouvelle instance de transition chargée de conduire le pays à des élections.
Cette décision prise lors d'un sommet des 10 pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) au Tchad contribue à isoler davantage Michel Djotodia, qui s'est autoproclamé président après avoir chassé du pouvoir François Bozizé en prenant Bangui le 24 mars à la tête de milliers de rebelles.
"Il nous semble impossible de reconnaître un homme qui s'est autoproclamé", a dit le président tchadien Idriss Déby, parvenu au pouvoir par la force en 1990 avant de remporter quatre élections.
François Bozizé s'était lui-même installé à la tête de la Centrafrique en 2003 à la faveur d'un coup d'Etat.
L'Union africaine a suspendu la Centrafrique de ses instances à la suite du coup de force des rebelles du Séléka et elle a décrété des sanctions contre Michel Djotodia, dont la prise du pouvoir a été condamnée par les pays occidentaux.
Face à ces pressions internationales, Michel Djotodia a formé un gouvernement de transition dirigé par une personnalité civile, Nicolas Tiangaye. Il a promis des élections d'ici trois ans.
Avant l'annonce des décisions du sommet de la CEEAC, sa porte-parole avait formulé l'espoir que les pays de la région apporteraient leur soutien au nouveau pouvoir en place à Bangui.
"Ce que nous voulons, c'est le soutien de l'Union africaine et de la CEEAC pour l'ensemble de nos projets visant à rétablir la paix dans le pays (...) Nous avons besoin de légitimité", avait dit Anne Victoire Yakossobé.
L'AFRIQUE DU SUD RETIRE SES TROUPES
Idriss Déby a au contraire annoncé que les pays d'Afrique centrale réclamaient la formation d'un organe de transition chargé de rédiger une nouvelle Constitution et d'organiser des élections dans un délai de 18 mois.
"Ce que nous avons en tête, c'est un collège, une sorte d'exécutif qui sera élu par l'ensemble des acteurs sociaux. Ce collège désignera son président, qui sera le président de la Centrafrique", a dit le président tchadien.
Les décisions prises au sommet de N'Djaména ont été accueillies avec un optimisme prudent par l'opposition politique en Centrafrique, qui rejette le nouveau gouvernement cadenassé, selon elle, par les alliés de Michel Djotodia.
"Nous attendons que les ministres (des pays de la région) viennent expliquer les mécanismes qui seront mis en place. Nous voulons savoir comment cela va fonctionner concrètement", a dit le porte-parole de l'opposition, Edouard Kouyamounou.
Bien que ne faisant pas partie de la CEEAC, l'Afrique du Sud était représentée au sommet de N'Djaména par une délégation emmenée par son président Jacob Zuma, critiqué dans son pays après la mort de 13 militaires sud-africains lors de la prise de Bangui par les rebelles.
Les forces sud-africaines ont été déployées en Centrafrique dans le cadre d'un accord avec François Bozizé et les rebelles du Séléka ont demandé leur départ lors des négociations de paix au Gabon en janvier.
L'Afrique du Sud a toutefois envoyé des renforts en mars, à mesure que la rébellion se faisait de plus en plus menaçante.
Ces troupes vont désormais quitter la Centrafrique, a dit Idriss Déby.
"Le président Jacob Zuma nous a annoncé sa décision de retirer les troupes sud-africaines, qui étaient venues en République centrafricaine dans le cadre d'un accord de coopération", a dit le président tchadien.
Avec Ed Cropley et Ange Aboa, Bertrand Boucey pour le service français