La stratégie, du grec « stratos » qui signifie " armée ", et en latin ageîn, veut dire conduire est l'art de coordonner l'action de l'ensemble des forces de la Nation ; politiques, militaires, économiques, financières, morales… pour conduire une guerre, gérer une crise ou préserver la paix, "La stratégie est de la compétence du gouvernement et de celle du haut-commandement des forces armées." selon Charles de Gaulle .
Par extension, l'élaboration d'une politique, définie en fonction de ses forces et de ses faiblesses, compte tenu des menaces et des opportunités, dans d'autres domaines que celui de la défense, notamment dans les activités économiques (stratégie commerciale, industrielle, financière etc.) mais aussi dans des jeux complexes avec par exemple la stratégie échiquéenne.
La stratégie consiste ainsi à la définition d'actions cohérentes intervenant selon une logique séquentielle pour réaliser ou pour atteindre un ou des objectifs. Elle se traduit ensuite, au niveau opérationnel, en plans d'actions par domaines et par périodes, y compris éventuellement des plans alternatifs utilisables en cas d’événements changeant fortement la situation.
En contraste à la tactique dont l'enjeu est local et limité dans le temps (gagner des combats à l'intérieur d'une bataille), la stratégie à un objectif global et à plus long terme (gagner la bataille à l'intérieur d'une guerre qui est du ressort de la politique). En effet, il appartient à la politique le choix de la paix ou de la guerre et l'attribution des ressources mises en œuvre par des stratégies militaires sur le champ de bataille ou diplomatiques dans des négociations.
Par la prise d’une température profonde il apparaît plus clair depuis une certaine décennie, la République centrafricaine vit en permanence sous une tension de crises politico-militaires. L’aventure des armes et la contestation du pouvoir des différents régimes sont devenues le nouveau destin de cette République.
Depuis le 15 mars 2003 où le pays a connu un coup de force renversant la vapeur démocratique, la situation de la République Centrafricaine devient de plus en plus alarmante. Ainsi les acteurs politiques de ce pays semblent distraire l’opinion nationale et internationale par la mise en scène de soi- disant dialogue politique.
Pas plus tard que du 8 au 20 décembre 2008 à Bangui, les acteurs politiques centrafricains ont pu distraire la communauté internationale et la nation centrafricaine. Le soi-disant dialogue politique inclusif (DPI) a abouti à d’importants accords et des recommandations parmi les quels l’exigence de formation d'un gouvernement de large ouverture, la tenue des élections libres et transparentes, la mise en place d'un comité de suivi des accords signés et d'une commission vérité et réconciliation.
Le comité de suivi des recommandations du dialogue est composé de l'ancien président Ange Félix Patassé, l'ex président André Kolingba, et du président actuel, François Bozizé. Ce comité, selon l'ancien président Patassé, « qui a reconnu pour la première fois la légitimité de François Bozizé, "aura pour mission non seulement à contrôler à l'application effective des recommandations, mais aussi un rôle d'apaisement des tensions dans le cadre d'application aux interprétations de certaines dispositions ou recommandations.
Au regard des engagements pris devant le peuple centrafricain et la communauté internationale lequel est mis en application ?
Dommage pour le peuple centrafricain qui continue de subir le vice caché de la « politique politicienne ». Le dialogue n’est pas un spectacle à offrir au peuple centrafricain. La dégradation des institutions régaliennes oblige les Centrafricains à être sensibles à un véritable dialogue. Malheureusement, le politique centrafricain se voit le plus malin que le peuple qui souffre actuellement, sachant qu’en politique le discours de la distraction est un piège.
Après neuf ans de prise de pouvoir du Général Bozize, une main tendue fait surface dans le langage politique de l’heure. Cette inflexion par la main tendue est le fruit d’une visite du Président Tchadien idriss Deby qui recommande fortement au pouvoir actuel de Bangui la tenue d’un dialogue politique rassemblant toutes les forces de la république. L’initiative est encourageante mais à quoi bon tenir encore un autre dialogue sans une volonté réelle de changer les choses ?
Le dicton qui selon lequel « qui veut la paix prépare la guerre» n’est pas valable dans contexte actuel en R CA. Pour consolider la paix et retrouver une stabilité durable, tous les Centrafricains doivent se transformer en sapeur-pompiers.
La République Centrafricaine n’est pas une propriété privée, elle appartient aux filles et aux fils de ce pays qui doivent librement se prononcer sans contrainte d’opinion.
En règle générale la force d’un pouvoir réside dans « les paroles et les actes». En République Centrafricaine, pour obtenir l’application d’un engagement politique, il faut souvent des sacrifices immenses. Si les politiques sont restés sans faire un choix entre la paix et la guerre, sans doute un vent de révolution établira le choix à faire.
Alors pour éviter le vent violent de la grande révolution, trois solutions d’urgence sont à mettre en application :
-la tenue d’un vrai dialogue fondé sur la refondation des valeurs républicaines,
-mettre de manière stricte les différentes recommandations en application,
-relancer la machine étatique sur le principe de la méritocratie des compétences.
« Souffrir en silence est plus dangereux que de souffrir en dénonçant »
Godfroy- Luther GONDJE- DJANAYANG
Expert Analyste en Gestion des crises politico- militaires.