En règle générale si deux hommes désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur agrément, chacun s'efforce de détruire ou de dominer l'autre.
Et de là vient que, là où l'agresseur n'a plus rien à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, on peut s'attendre avec vraisemblance, si quelqu'un plante, sème, bâtit, ou occupe un emplacement commode, à ce que d'autres arrivent tout équipés, ayant uni leurs forces, pour le déposséder et lui enlever non seulement le fruit de son travail, mais aussi la vie ou la liberté. Et l'agresseur à son tour court le même risque à l'égard d'un nouvel agresseur.
Du fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive plus d'autre puissance assez forte pour le mettre en danger. Il n'y a rien là de plus que n'en exige la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis.
Il apparaît plus clairement que de nos jours une bataille sans merci s’engage dans le cadre de la recherche de pouvoir de l’Etat en République centrafricaine.
Entre temps les moyens et méthodes d’acquisition de pouvoir régalien semblent sans doute pousser les assoiffés de pouvoir de l’Etat à se trouver parfois un chemin contraire à la vision démocratique, raison pour laquelle depuis une décennie, les coups d’Etats deviennent de plus en plus la voie la plus légale d’obtention du pouvoir de l’Etat en RCA, remettant en cause la culture démocratique.
Pendant la consultation électorale du 23 janvier 2011, le verdict des urnes issus de ses élections ont finalement plongé le pays dans une situation de post-conflit.
Concernant les résultats de ces scrutins, des divergences géopolitiques et stratégiques sont à la source de la division au sein des forces d’opposition c’est pourquoi certains candidats notamment comme Jean- Jacques DEMAFOUTH, ancien ministre de la défense nationale et patron de l’ex rébellion de l’APRD, s’inclinera quant à lui devant le verdict des urnes. Cependant feu le président Ange Félix PATASSE et les autres candidats malheureux ont rejeté en bloc la crédibilité de ces élections et demandent l’annulation pure et simple de leurs résultats.
Tandis que la communauté internationale partage un avis nuancé, l’Union Européenne et la Francophonie ont dénoncé des irrégularités considérables liées à ces élections. Peu de chefs d’Etat ont félicité le Président BOZIZE pour sa réélection à la tête de la magistrature suprême. Une année après ses élections, ce pays vit en ce moment une véritable psychose d’atteinte contre la sûreté de l’Etat. Au regard de la température politique actuelle de ce pays ne serait –il pas important de s’interroger sur l’origine de ce syndrome en pleine situation de crise dans la mesure où le pays est encore sous contrôle des occupations illégales des éléments de BABALADE et ceux de Joseph KONY?
L’histoire se reproduit dix ans plus tard. En effet, en 2002, dans une affaire de poursuite contre la sûreté de l’Etat engagée par le Parquet Général de Bangui, ou à l’époque l’accusateur était le Général BOZIZE, curieusement en ce jour je diagnostique presque la même pathologie dans cette nouvelle affaire d’atteinte contre la sûreté de l’Etat, sauf avec une légère différence qui était celle de la fuite du Général BOZIZE vers le TCHAD et l’arrestation du présumé coupable Jean Jacques DEMAFOUTH. Mais s’il faut prendre l’exemple du passé pour bâtir le présent et le futur, l’affaire d’accusation de Jean Jacques DEMAFOUTH et autres doit faire l’objet d’une gestion plus réfléchit et responsable politiquement par crainte de ne pas faire vivre de nouveau au peuple Centrafricain les mauvais souvenirs qui certainement ont mis des blessures dans des familles en République Centrafricaine.
Face à ce type de problème qui risque de fragiliser la paix et la cohésion sociale, que faut-il faire pour résoudre le problème d’atteinte contre la sûreté de l’Etat, l’infraction retenue contre Jean Jacques DEMAFOUTH et autres de manière plus apaisante?
Comme on ne cesse de le dire dans le langage courant que « la paix n’as pas de prix » et que l’unité nationale prime dans toute circonstance, je voudrais via cette analyse mettre à contribution dans la gestion de cette affaire les propositions suivantes :
la mise en place d’un comité de suivi regroupant les ONG et les institutions militantes des droits de l’homme en RCA dans le déroulement de l’instruction ;
- l’implication du Conseil de la médiation dans le processus de cette affaire ;
- reprendre de manière urgente des négociations avec les groupes rebelles qui veulent se désolidarisés du DDR ;
- garantir le principe du droit à un procès équitable.
Chaque citoyen centrafricain peut se permettre de s’interroger de savoir quand les acteurs politiques cesseront-ils de faire de la misère au peuple?
GONDJE- DJANAYANG Godfroy – Luther
Expert Analyste en gestion des crises politico- militaires.