D’indépendante, la commission électorale centrafricaine n’était que de nom C’est ce que n’avait cessé de dire l’opposition politique depuis le début mais malheureusement elle n’a jamais été comprise et n’a pas non plus tiré les conséquences de cette situation. Si d'aucuns se posaient encore des questions sur l'indépendance de la CEI, cette lettre et sa formulation prouvent à suffisance que la CEI sollicite ses ordres du pouvoir et les exécute sans broncher. La lettre que le vrai faux pasteur Joseph Binguimalé le Président de la Commission Electorale Indépendante (CEI) a cru devoir adresser au général d’opérette Jules Bernard Ouandé, Ministre « intérimaire » de l'administration du Territoire et non moins candidat lui-même aux législatives dans le 8ème arrondissement de Bangui, pour lui demander "la conduite à tenir" face au dépôt de candidature de Martin Ziguélé jugée « hors délai » selon lui en toute illégalité.
C'est ce qui explique que le vrai faux pasteur Président de la CEI, malgré les différents rappels à l'ordre, sort toujours des décisions unilatérales, puisque prises à l'insu des autres membres du bureau de la CEI. Rien ne se faisait réellement de façon consensuelle et collégiale à la CEI. En fait les décisions de Binguimalé sont toujours venues du Palais, comme le prouve ce courrier dont une ampliation est destinée à son patron le Président de la Républiques dit-il " à titre de compte-rendu". A quel titre justement le Président de la CEI doit-il lui rendre compte à lui seul à l'exclusion des autres membres et partenaires de la CEI? Pourquoi n'a-t-il pas saisi les tribunaux pour trancher nos vues divergentes sur le délai légal et conventionnel de dépôt des candidatures?
Voilà ces questions qui font qu'un candidat, fût-il Président de la République en fonction, gère et pilote seul la CEI, décide des dates de dépôt des candidatures en violation du code électoral et de l'accord entre les parties daté du 10 août, choisit ses adversaires aux présidentielles et aux législatives, décide des modalités de confection des listes électorales, et enfin demain décidera de qui est vainqueur des élections...tout cela avec le financement quasi-exclusif de l'Union européenne et sous l'oeil bienveillant du Comité de pilotage des élections qui regroupe les représentants du BINUCA (Nations Unies), de l'Union Africaine et de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), ainsi que les illustres ambassadeurs de France, de l'Union Européenne et des USA. Il est inadmissible que l'argent du contribuable européen, américain, serve à financer des élections exclusives, piratées et noyautées d'avance.
Bozizé qui est un véritable « hors la loi » à la tête du pays, notamment depuis qu’a pris fin sa légitimité le 11 juin dernier, pense et se comporte comme si dorénavant c’est sa parole qui fait office et est synonyme de loi en Centrafrique. Il se croit au-dessus des lois et plus aucun texte n’est valable à ses yeux! Toutes les institutions de la République centrafricaine sont désormais sous ses bottes et aucune ne doit broncher. Où va-t-on ainsi ? Malheureusement les illustres diplomates des grands pays occidentaux et représentants des organisations internationales accrédités en Centrafrique toujours prompts à donner des leçons de démocratie, d’Etat de droit et respect des droits de l’homme se rendent complices de toutes ces inadmissibles dérives dictatoriales et cautionnent en l’état tous ces actes de Bozizé.
Il est manifeste que Bozizé veut caporaliser le processus électoral et comme en 2005, il veut également choisir ses adversaires électoraux en éliminant sous de fallacieux prétextes ceux qu'il juge dangereux. En 2005 également, il a "instrumentalisé" la Cour Constitutionnelle pour invalider sept candidats aux présidentielles sur onze. Suite au tollé que sa démarche a soulevé, il a fallu l'intervention énergique de feu le Président Omar Bongo Ondimba pour l’obliger à "repêcher" six des 7 candidats éliminés, recalant seul Patassé pour des raisons évidentes. Aujourd'hui le même scénario d'exclusion des adversaires crédibles est en train d'être remis en oeuvre par Bozizé, avec la complicité d'un Président de la CEI fourbe, malhonnête et incompétent.
Tant que rien ne contraindra Binguimalé à démissionner de la CEI et Bozizé à respecter le code électoral, et notamment sur les points sensibles : découpage électoral, délai de dépôt des candidatures, informatisation des données électorales, sécurisation du processus et autres, les élections centrafricaines tant attendues ne seront qu’une grotesque mascarade. C'est à ce prix que le processus électoral sera digne de ce nom, car il y a réellement péril en la demeure à ce jour.
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COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE
Bangui le 9 novembre 2010
Le Président de la Commission Electorale Indépendante
(CEI)
A
Monsieur le Ministre de l’Administration
du Territoire et de la Décentralisation
B A N G U I
Objet : Candidature de Monsieur Martin ZIGUELE
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous informer de la candidature de Monsieur Martin ZIGUELE qui vient d’arriver à la CEI ce jour Mardi 09 novembre 2010, alors que tout est clôturé. Les dossiers du candidat sont datées du 08 novembre 2010.
La Commission Electorale Indépendante étant un organe technique, je vous demande la conduite à tenir.
Veuillez agréer Monsieur le Ministre, l’assurance de ma considération distinguée.
Révérend Pasteur Joseph BINGUIMALE
Copie :
- Chef de l’Etat (ATCR)