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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 15:47
 
 
 
Bozize-fait-du-sport.jpg
 
09/02/2012 à 09h:35 Par François Soudan

Jeuneafrique.com :
François Bozizé : "Il suffirait d'un rien pour que la Centrafrique renaisse" | Jeuneafrique.com
 
À la tête de la Centrafrique, pays pauvre et fragile auquel les bailleurs de fonds ont coupé le robinet de l'aide depuis un an, le chef de l'État François Bozizé veut avant tout compter sur ses propres forces. Sa solution : "le travail, rien que le travail". Encore faut-il que ses compatriotes, épuisés par deux décennies de sacrifices, le suivent...
Dans l'hélicoptère présidentiel - un Dauphin blanc acheté d'occasion en Italie - qui vole vers Bossangoa, à 500 km au nord de Bangui, François Bozizé pique un petit somme, ses dossiers sur les genoux. L'harmattan souffle en rafales, faisant tanguer l'appareil, et la savane défile, uniforme, grise et vide. Deux heures plus tard, totalement requinqué, le même nous entraîne sous un soleil de plomb dans une visite au pas de course de ce gros bourg poussiéreux, mal remis encore des pillages de 2003, et qui fut la ville de sa jeunesse. L'école primaire où il apprit à lire, le bar dancing Metroboss où il esquissa ses premiers pas de rumba, les champs de coton de Bo où des paysannes gbayas l'accueillent au cri d'« intanti ! » - que l'on pourrait traduire par « celui qui gagne du premier coup » -, l'usine d'égrenage et le déjeuner sur le pouce préparé par l'épouse du préfet. De retour à Bangui au crépuscule, le voici qui nous convoque chez son ami Ianarelli, un Corse sec comme un légionnaire - qu'il fut, dans une autre vie, avant d'aller barouder au Biafra et en Angola - propriétaire d'une salle de sport où le chef a ses habitudes. Vélo, step, stretching et musculation : Bozizé en jogging Nike ne se ménage pas. Il est 20 heures quand son convoi, étroitement protégé par les bodyguards de la garde républicaine et les éléments tchadiensde sécurité prêtés par Idriss Déby Itno, prend la direction de la présidence. Des audiences l'attendent jusqu'à minuit.
Le message, aisément décryptable, de cette journée de janvier est clair : à 65 ans, le chef veille, le chef travaille et le chef est en forme, contrairement aux méchantes rumeurs qui le disent quasi grabataire. Mise au point utile, tant la Centrafrique, cette cendrillon de l'Afrique centrale, demeure fragile et volatile. Il y a l'opposition, regroupée autour de leaders pugnaces comme Martin Ziguélé et Nicolas Tiangaye, dont l'intitulé de la plateforme commune, Front pour l'annulation et la reprise des élections (celles de janvier 2011, remportées par Bozizé avec 64,3 % des voix), signifie sans ambiguïté qu'elle ne reconnaît pas la légitimité du pouvoir en place. Il y a la situation sécuritaire, toujours instable. À peine la « guerre du diamant », qui a opposé en octobre dernier à Bria deux mouvements d'ex-rebelles - en fait deux ethnies -, s'est-elle éteinte que l'incendie couve dans le Sud-Ouest, où opèrent les tueurs de Joseph Kony, et dans le Nord-Ouest, terrain de chasse du dissident tchadien Baba Laddé. Les éléphants se battent, l'herbe souffre : le peuple est exsangue et l'attitude des bailleurs de fonds, qui ont coupé le robinet de l'aide pendant toute l'année 2011 pour des raisons qui tiennent au non-respect littéral des règles de la bonne gouvernance, a, vue d'ici, quelque chose d'inhumain.
Pourtant, le général François Bozizé veut croire qu'il suffirait d'un rien pour que la Centrafrique rompe son mauvais sort. Pas peu fier, il vante les mérites de l'unique bâtiment d'envergure construit dans sa capitale depuis une décennie : un hôtel cinq étoiles, financement libyen, main-d'oeuvre chinoise, manageur belge. Ouverture dans un mois. Les 166 chambres sont prêtes à accueillir les investisseurs. Viendront-ils ? Bangui en rêve.
Jeune Afrique : Vous venez, début janvier, de dissoudre les conseils d'administration de toutes les sociétés d'État, offices, agences et fonds publics du pays au profit d'un conseil spécial de surveillance et de redressement que vous présidez en personne. Pourquoi un tel coup de balai ?
François Bozizé : C'était indispensable. La plupart des sociétés d'État sont en ruine depuis des décennies, malgré toutes les mesures prises pour les réhabiliter. J'ai donc décidé de prendre le taureau par les cornes comme je l'ai fait avec le comité de trésorerie, que je préside également, et dont la bonne gestion nous permet depuis près de cinq ans de payer les salaires des fonctionnaires. Détournements, absentéisme du personnel, laisser-aller généralisé : le mal dans ces sociétés et offices d'État est profond. Il faut le diagnostiquer et y remédier. Certes, il s'agit là d'une mesure exceptionnelle, mais elle demeurera en vigueur le temps nécessaire à chacune de ces entités publiques pour qu'elles redémarrent sur des bases saines.
Vous avez eu des phrases très dures contre les corrompus et les corrupteurs lors d'un discours devant l'Assemblée nationale fin 2011 et juré de les « mettre hors d'état de nuire ». Là aussi, il était temps...
La Centrafrique a beaucoup d'atouts pour réussir, mais le manque d'honnêteté et de civisme d'un grand nombre de ses cadres pose un vrai problème. En d'autres termes : la récréation est terminée. Les limogeages et arrestations de directeurs généraux ainsi que les poursuites engagées contre certains membres du gouvernement entrent dans ce cadre. À la justice de faire son travail. Personnellement, je n'interférerai pas, quel que soit le degré de proximité avec moi de telle ou telle personnalité mise en cause.
Autant de résolutions qui vont dans le sens de ce que souhaite le Fonds monétaire international (FMI), dont le conseil d'administration doit débattre du cas centrafricain le 31 janvier à Washington. Êtes-vous optimiste ?
Oui. Le FMI nous a reproché de ne pas avoir été suffisamment rigoureux pendant la période électorale et pas assez attentifs au suivi du programme. Il n'avait pas tout à fait tort, mais, depuis, les mesures ont été prises par le ministre d'État aux Finances, et le Premier ministre est allé lui-même en rendre compte à Washington. En toute logique, le conseil d'administration devrait donc déboucher sur une reprise du programme et la mise au point d'une lettre de confort. Cette dernière permettra à la Banque mondiale, à l'Union européenne et à la Banque africaine de développement de se réengager à leur tour. Puisque, apparemment, elles se cachent derrière les décisions du FMI...
Pas seulement. L'Union européenne, qui a produit un rapport très critique sur la présidentielle de janvier 2011, semble mettre en avant des conditionnalités d'ordre politique.
 
Nous avons répondu à ces remarques lors de la table ronde de Bruxelles en juillet dernier, et Catherine Ashton [la chef de la diplomatie européenne] n'y a rien trouvé à redire. Le rapport dont vous parlez était subjectif, incomplet et inutile : il a été rédigé à partir de Bangui, sans enquête de terrain hors de la capitale et sans autre source que les communiqués de l'opposition.
 
Comment se déroule le dialogue social avec des syndicats que l'on sait pugnaces et parfois politisés ?
 
Plutôt bien. Le cadre de concertation dirigé par le Premier ministre fonctionne et les syndicats sont des interlocuteurs beaucoup plus responsables que les leaders de l'opposition.
 
Le groupe français Areva a annoncé en novembre qu'il repoussait de deux ans l'exploitation de la mine d'uranium de Bakouma, sur laquelle vous comptiez énormément pour renflouer les caisses de l'État. Un coup dur ?
 
Incontestablement. D'autant que cette exploitation aurait dû, aux termes de notre accord, démarrer depuis janvier 2010. Areva nous dit d'attendre, six mois, un an, deux ans... alors nous attendons.
 
Détournements, absentéisme, incivisme, laisser-aller : la récréation est terminée !
 
Pensez-vous contester le contrat qui vous lie à Areva et chercher d'autres partenaires, chinois par exemple ?
 
Non. Areva a entamé des travaux à Bakouma et nous lui faisons confiance. Pour l'instant. Mais j'ai tenu à dire à Sébastien de Montessus, le directeur des mines d'Areva,qui est venu me voir à Bangui, que je comprenais mal les raisons de leur décision : la catastrophe de Fukushima, qui sert d'explication à ce nouveau report, est en effet survenue plus d'un an après la date prévue du début de l'exploitation. Il n'a pas su me répondre sur ce point. Il m'a simplement demandé de patienter jusqu'à l'achèvement de toutes les enquêtes de sécurité post-Fukushima.
 
Maintenant que votre contentieux avec la société américaine Grynberg est quasiment réglé, quand pourra-t-on enfin entreprendre l'exploration des gisements pétroliers du Nord-Ouest ?
 
Les Chinois ont entamé l'exploration des zones qui se situent à côté de la concession Grynberg, de loin la plus prometteuse. Dès que nous aurons repris possession de cette dernière, nous verrons quels partenaires pourront nous accompagner. C'est un sujet complexe et sensible sur lequel je ne veux pas en dire trop.
 
Sur quoi comptez-vous pour améliorer votre trésorerie ? Le bois ?
 
Le bois subit depuis deux ou trois ans le contrecoup de la crise financière mondiale. Les commandes sont faibles et les recettes presque nulles.
 
L'or ?
 
L'or existe partout en Centrafrique, mais son exploitation n'a pas encore dépassé le stade artisanal.
 
Le diamant ?
 
Dans une certaine mesure. Des sociétés comme Sodiam ou Badica fonctionnent. Reste la contrebande, que nous ne sommes pas encore parvenus à réduire.
 
Le coton ?
 
C'est l'exemple de ce que les Centrafricains peuvent faire seuls, sans aucune aide extérieure. Depuis quatre ou cinq ans, nos cadres de la cellule coton se battent corps et âme pour réhabiliter cette culture vitale pour le pays. Les paysans cotonculteurs sont désormais payés régulièrement, ce qui n'était pas le cas sous l'ancien régime. Les usines ont été rafistolées et la production a triplé : 25 000 tonnes prévues en 2012, 100 000 espérées pour 2015, un record historique pour nous. L'État a injecté 10 milliards de F CFA [15,2 millions d'euros] dans ce secteur, sur ses propres recettes.
 
Le président Sarkozy m'avait promis une aide pour notre armée. Le résultat est bien maigre.
 
Il y a un mois, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est dit « inquiet du manque d'autorité de l'État, qui a laissé s'installer un grave vide sécuritaire » en Centrafrique. Comment réagissez-vous à ce diagnostic pour le moins sévère ?
 
C'est un héritage dont nous ne sommes pas responsables et que nous essayons de résoudre au mieux, en souhaitant que la communauté internationale nous aide davantage. Il y a eu à cet égard plus de promesses que d'engagements concrets. Notre armée et notre administration s'efforcent d'être partout, de Birao à Obo, de Bria à Kaga-Bandoro. Ce n'est donc pas par manque de volonté de la part de l'État si notre contrôle est imparfait, c'est par manque de moyens.
 
L'opposant franco-centrafricain Jean-Jacques Demafouth, ancien ministre de la Défense, ex-candidat à la présidence et chef d'un mouvement politico-militaire, a été arrêté le 6 janvier à Bangui. Que lui reproche-t-on ?
 
Ce n'est pas moi qui suis allé interpeller M. Demafouth, c'est la justice. D'après ce qu'on m'en a dit, il cherchait à déstabiliser le régime. Si c'est exact, c'est inadmissible de la part d'une personnalité qui a signé les accords de paix de Libreville en 2008 et qui depuis exerce la fonction de vice-président du comité de désarmement et de démobilisation. Après tous les efforts consentis pour sortir le pays du marasme, je n'accepterai jamais un tel retour en arrière.
 
Lui nie toute participation à des réunions suspectes...
 
Évidemment. C'est un avocat et il sait y faire. L'enquête en cours tranchera. Si elle ne donne rien, M. Demafouth sera libéré.
 
Autre problème : celui posé par le « général » autoproclamé Baba Laddé, un ancien officier de l'armée tchadienne à la tête de quelques centaines de rebelles qui a fait du nord-ouest de la Centrafrique sa base arrière pour, dit-il, renverser le président Idriss Déby Itno. Que comptez-vous faire ?
 
Baba Laddé est un opposant tchadien qui, après avoir fui au Cameroun, est entré en Centrafrique et s'est installé avec ses hommes armés dans la région de Kaga-Bandoro. Nous avons discuté avec lui à Bangui et obtenu son accord pour qu'il regagne N'Djamena. Puis il a brusquement changé d'avis après avoir exigé, sans l'obtenir, une protection de la part de l'ONU. Il s'est alors mis à racketter les éleveurs peuls pour se procurer des armes et des véhicules. Depuis, il joue au seigneur de la guerre. Pour l'instant, nous voulons encore croire à une solution négociée sous les auspices de deux médiateurs, tchadien et centrafricain, qui l'ont rencontré. Mais s'il nous force à agir autrement, nous le ferons*.
 
Si l'on en croit ses dires, il fait régner l'ordre dans la région qu'il contrôle en luttant notamment contre les coupeurs de route...
 
Mais qui l'a autorisé à agir de la sorte ? Qui le lui a demandé ? Personne.
 
L'Armée de résistance du Seigneur (LRA), de l'Ougandais Joseph Kony, sévit depuis près de six ans dans l'est de votre pays. L'aide américaine promise pour vous aider à lutter contre ce fléau est-elle effective ?
 
Un contingent des forces spéciales américaines est présent depuis peu à Obo, dans le Haut-Mbomou. Il est en phase d'installation. Et je suis heureux d'apprendre que l'ONU semble enfin se saisir de ce problème.
 
Les Français ont une base et deux cents hommes à Bangui. Participent-ils aux opérations contre la LRA ?
 
Non. Il y a un an et demi, le président Nicolas Sarkozy m'avait pourtant écrit, promettant une aide matérielle aux forces armées centrafricaines. Pour un résultat concret bien maigre.
 
Pourquoi votre armée n'est-elle toujours pas opérationnelle ?
 
Les Faca [Forces armées centrafricaines] ont des cadres et des hommes de valeur. Ce n'est pas la motivation qui manque, mais l'équipement et la mobilité. Nous faisons de notre mieux pour y remédier, mais cela coûte cher et nous sommes un pays pauvre.
 
L'opposition centrafricaine est quasiment absente des institutions de la République, en particulier du Parlement. Déplorez-vous cette situation ?
 
Cette remarque m'a déjà été faite, particulièrement à Bruxelles, au siège de l'Union européenne. Qu'y puis-je ? Les élections ont été libres et démocratiques, et elles ont donné les résultats que vous savez. Aurais-je dû les fausser ? Notre opposition est composée de gens qui ont déjà exercé le pouvoir et mis ce pays à genoux. Vous-même êtes allé à Bossangoa, vous avez vu comment les Banyamulenge de Jean-Pierre Bemba ont mis cette ville à sac, vous avez entendu les cotonculteurs vous dire que, sous Patassé, ils n'ont pas été payés pendant des années. Pensez-vous que ces gens avaient envie de voter pour les responsables de leurs malheurs passés ? C'est cela le problème. Cela n'a rien à voir avec un Bozizé qui aurait verrouillé je ne sais quoi. L'opposition a échoué. Qu'elle le reconnaisse et redéfinisse sa stratégie plutôt que d'accuser le pouvoir matin, midi et soir.
 
Vos détracteurs vous reprochent d'avoir tout fait pour que votre prédécesseur, Ange-Félix Patassé, décédé le 5 avril dernier à Douala, ne puisse pas aller se faire soigner à temps à l'étranger. Ce n'est qu'in extremis que vous l'auriez autorisé à quitter le pays. Qu'avez-vous à répondre ?
 
C'est un mensonge. Ce sont ses alliés de l'opposition qui l'ont en quelque sorte tué, en l'usant jusqu'à la mort. Patassé était leur seule planche de salut, et ils ont tenu nuit et jour des réunions autour de lui alors que son état de santé ne le permettait pas. Cela s'est passé dans sa concession. Que ceux qui étaient là disent la vérité ! Ils l'ont épuisé et la corde s'est cassée. Lorsque j'ai été saisi par la famille, j'ai personnellement écrit à l'ambassade de France pour que Patassé obtienne le visa et les autorisations nécessaires pour aller se faire soigner à Paris. La réponse de l'ambassade a été négative : je l'ai ici. Décision a été finalement prise de le transférer en Guinée équatoriale. À l'escale de Douala, son état a brusquement empiré et il est décédé. Cela ne sert à rien de déformer la vérité. Qu'ils assument leurs responsabilités !
 
Il y a quelques mois, des rumeurs alarmistes sur votre état de santé ont circulé à Bangui. Une personnalité de l'opposition, Joseph Bendounga, a même déposé une requête devant la Cour constitutionnelle au motif que vous seriez inapte à gouverner...
 
Ridicule. C'est cette personne qui est inapte, c'est elle qui est dérangée.
 
Comment vous portez-vous ?
 
Bien. Vous en êtes témoin. Vous m'avez vu sur le terrain, dans les champs de coton de l'Ouham. Je reviens d'une tournée en Ouganda, au Nigeria, en Guinée ­équatoriale et au Tchad. Hier soir, je fréquentais une salle de sport à Bangui. Tout va bien. Si vous en doutez, dites à un médecin de venir m'ausculter et publiez les résultats !
 
Quel est l'état de votre relation avec la France ?
 
Elle est ce qu'elle est. Les Français sont nos cousins. Nous cohabitons.
 
Il n'est un secret pour personne que Paris, mais aussi Bruxelles et Washington ont formulé des réserves à l'égard de votre ministre d'État aux Finances, Sylvain Ndoutingaï. Sa gouvernance et son nationalisme jugé excessif sont mis en cause. Lui maintenez-vous votre confiance ?
 
Sylvain Ndoutingaïest un jeune ministre qui selon moi fait bien son travail. L'opinion apprécie les réformes courageuses qu'il a entreprises dans les secteurs des mines, de l'énergie et des finances. Il n'a pas sur moi l'influence qu'on lui prête et il fait ce que je lui demande de faire. Si on lui reproche quelque chose, qu'on le prouve et je prendrai les sanctions qui conviennent. Dans le cas contraire, qu'on le laisse tranquille. Jusqu'ici, on ne m'a rien présenté.
 
Même chose pour votre Premier ministre Faustin-Archange Touadéra.Si vous l'avez reconduit, c'est que vous en êtes satisfait...
 
La continuité, dans ce type d'emploi, vaut mieux que le changement pour le changement. Lui aussi travaille bien et respecte les consignes que je lui donne. Le point d'achèvement de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés [PPTE] est le fruit d'un effort collectif dans lequel il a eu sa part. Pourquoi voudriez-vous que je change une équipe qui est en train de gagner ?
 
Trente-quatre ministres, ça n'est pas trop pour un pays pauvre de 4,5 millions d'habitants ?
 
C'est possible. Mais c'est la rançon de l'ouverture. Tout le monde veut être ministre, en Centrafrique !
 
Comment avez-vous réagi à la mort de Kaddafi ?
 
Ce fut un événement cruel et amer. Mais les hommes passent et les pays demeurent.
 
Et à l'arrestation de Laurent Gbagbo ?
 
Là aussi, j'ai vu des images insupportables.
 
 
Cela a déjà eu lieu. Que voulez-vous que je vous dise de plus ?
 
Quand le chef d'État africain que vous êtes voit ce genre de scène, que pense-t-il ? Que ce sont les risques du métier ?
 
Sans doute. Pourvu que cela se fasse dans la dignité, il faut l'accepter. Aurait-on agi de la sorte s'il s'agissait de dirigeants américains ou français ? C'est la question que je me pose...
 
Quel message voudriez-vous adresser à la communauté internationale ?
 
Celui-ci, et il est très simple. Depuis le changement du 15 mars 2003, nos partenaires et nous avons ensemble hissé la Centrafrique à un niveau acceptable. Il n'est pas question de revenir en arrière. Or, en 2011, nous n'avons plus rien reçu de la part de cette communauté, pas un centime d'aide budgétaire, rien pour le désarmement et la réinsertion. Pourquoi s'arrêter au milieu du gué ? Il suffirait pourtant d'un coup de pouce pour que ce pays démarre.
 
Et à vos compatriotes centrafricains ?
 
Un message d'espoir et d'effort. Salaires, routes, énergie, habitat : les résultats sont là. Nous y sommes parvenus en nous serrant la ceinture, mais il n'y a pas d'autre solution que de continuer le travail. Le travail, rien que le travail. N'écoutons pas les ennemis du progrès et maintenons le cap. Construire un pays n'est pas une tâche facile. La récompense est au bout de l'effort.
 
* Cet entretien a été réalisé quelques jours avant le déclenchement d'une offensive militaire conjointe centrafricano-tchadienne contre les rebelles de Baba Laddé.
 
 
 
Propos recueillis à Bangui par François Soudan.
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De nouveaux mensonges de Bozizé dans Jeune Afrique

 

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La recette est bien éprouvée. Chaque fois qu’il est en grande difficulté, Bozizé fait venir à Bangui le célèbre directeur de la rédaction du non moins célèbre hebdomadaire africaniste parisien, Jeune Afrique pour ne pas le nommer, la réalisation d’une prétendue « grande interview » généralement bien tarifée et destinée à dresser un écran de fumée sur sa mauvaise gouvernance et ses propres turpitudes afin d’embrouiller l’opinion nationale et internationale. Après avoir rechigné un moment à se rendre à nouveau à Bangui où il croyait n’avoir plus rien à dire, François Soudan y est bien retourné ces dernières semaines et a encore ramené une nouvelle autre « grande interview » de Bozizé publiée ce lundi 30 janvier dans le n°2664 de l’hebdomadaire. Comme à l’accoutumée, c’est encore au même genre de mensonges et de balivernes auxquels Bozizé nous a toujours habitués mais dont personne n’est maintenant dupe.

A commencer par ses problèmes de santé au sujet desquels les plus folles rumeurs ne cessent de circuler depuis un petit moment. Au lieu d’y mettre un terme par la publication d’un vrai bulletin de santé par son médecin ou un collège de médecins, il choisit plutôt un mode peu convaincant à savoir une photo le montrant sur un appareil de remise en forme dans une salle de training de Bangui. Il ne suffit pas d’arborer un polo sur le torse avec un bas de survêtement pour être en bonne santé.

Sur la « récréation qui serait terminée »…

Sur le thème de la corruption de son régime, des détournements de deniers publics où Bozizé avait prétendu dans son allocution d’investiture du 15 mars 2011après la mascarade électorale du 23 janvier 2011, que « la récréation était terminée », tout le monde sait que ce ne sont là que des propos pour amuser la galerie. Prétendre comme il le fait dans son interview en affirmant que « les limogeages et arrestations de directeurs généraux ainsi que les poursuites contre certains membres du gouvernement entre dans ce cadre » n’est pas sérieux.

Au sujet de l’impunité de certains dignitaires véreux

Les cas du ministre de l’agriculture Fidèle Gouandjika alias « le milliardaire de Boy-Rabe », ancien ministre des télécoms ainsi que son successeur Thierry Maléyombo,  tous les deux mis en examen pour diverses malversations et faillite de la société nationale de télécoms dont ils ont assuré la tutelle, sont là pour montrer la mauvaise foi de Bozizé. Ayant probablement bénéficié des fruits de la prédation de ses deux ministres, il leur assure une scandaleuse impunité. N’a-t-il pas restitué lui-même à Fidèle Gouandjika son passeport pourtant confisqué par un juge ? Qui peut-il convaincre lorsqu’il affirme dans cette interview que : « A la justice de faire son travail. Personnellement, je n’interfèrerai pas, quel que soit le degré de proximité avec moi de telle ou telle personnalité mise en cause. » C’est vouloir prendre les Centrafricains pour des demeurés ! Une chose est désormais sûre. Il a nommé Firmin Findiro ministre de la justice pour enterrer toutes les sales affaires dans lesquelles des ministres et dignitaires de son régime sont impliqués jusqu’au cou.

Sur les relations de la bozizie avec le FMI et les autres partenaires au développement

Bozizé reconnaît furtivement et du bout des lèvres le manque de rigueur dans la gestion des finances publiques que le FMI leur reproché mais pour souhaiter conclure au plus vite un programme avec l’institution et notamment la signature d’une lettre de confort. C’est sauter un peu vite à pieds joints sur l’évaporation de près de 70 milliards de F CFA du trésor toujours non élucidée. Malgré cette situation, Bozizé, et cela n’existe nulle part au monde, s’entête à continuer de présider le comité de trésorerie ce qui d’après lui, permettrait de payer régulièrement les salaires. Faux ! Si le fait qu’il se targue de présider le comité de trésorerie était si efficace, l’endettement de l’Etat après des banques commerciales de la place n’aurait pas atteint le montant qui avoisine les 15 milliards de F CFA à présent. Cette gestion n’est pas aussi bonne qu’il prétend, la vacuité des caisses du trésor est encore là pour le prouver.

S’agissant des autres partenaires au développement, notamment l’Union Européenne et la Banque Africaine de Développement, Bozizé ne comprend pas qu’ils aient tourné le dos à son pays depuis 2011 et les appelle à se réengager à ses côtés en les accusant de se « cacher derrière le FMI ». Les raisons de cette fermeture de robinet sont pourtant si simples. Elles tiennent au déficit de démocratie et à la mauvaise gouvernance de son régime.

Non seulement il a roulé tout le monde y compris ceux qui ont financé les élections du 23 janvier 2011 qui ont connu des fraudes à une échelle inouïe qui lui ont permis de rempiler, mais il est fermé à toute perspective d’annulation des résultats frauduleux et de reprise de nouvelles élections. Il oppose une réponse méprisante à la question  de jeune Afrique sur le rapport des experts électoraux de l’Union Européenne en ces termes : « Le rapport dont vous parlez était subjectif, incomplet et inutile. Il a été rédigé à partir de Bangui sans enquête sur le terrain hors de la capitale et sans autre source que les communiqués de l’opposition ». Quelle enquête sur le terrain pouvait-on effectuer à l’époque quand pendant ces élections, l’insécurité en province délibérément organisée par sa garde présidentielle pour les besoins de la fraude massive et certains mouvements de rébellion, empêchait même des candidats de battre simplement campagne.  

La concentration des pouvoirs entre les mains du seul Bozizé

La décision qu’il vient de prendre de dissoudre tous les conseils d’administration des sociétés d’Etat et offices publics est bien une autre preuve. A quoi sert l’exécutif si tout doit être ramené à un seul individu fût-il président de la République qui joue au « neveu de Rameau ». Actuellement, outre les ministres de la  défense et des mines qui sont délégués auprès de lui, Bozizé est président du comité de trésorerie et vient de s’arroger encore la présidence du conseil spécial de surveillance et de redressement des entreprises et offices publics (CSSREOP). Cela fait tout de même beaucoup pour un seul homme.  

A propos du cas Sylvain Ndoutingaï

A la question qui lui est posée sur les réserves de Paris, Bruxelles et Washington à l’égard de son indéboulonnable « argentier » Ndoutingaïet sur la confiance qu’il continue pourtant de lui faire contre tout évidence, Bozizé a eu cette réponse provocatrice : « Pourquoi voudriez-vous que je change une équipe qui est en train de gagner ? » dit Bozizé faisant allusion à « super » Sylvain Ndoutingaï, celui-là même qu’on appelle à Bangui « vice-président » et son ineffable Premier Ministre Faustin Touadéra. Que sont-ils en train de gagner et sur quoi ? De quelle victoire parle Bozizé ?  C’est vraiment se mettre la tête dans du sable.

Mendicité, toujours la mendicité

« Le président Sarkozy m’avait promis une aide pour notre armée. Le résultat est bien maigre. » ou encore plus loin : « En 2011 nous n’avons plus rien reçu de la part de la communauté internationale. Pas un centime d’aide budgétaire, rien pour le désarmement et la réinsertion. Pourquoi s’arrêter au milieu du gué ? Il suffit pourtant d’un coup de pouce pour que ce pays démarre. » Bozizé feint d’ignorer que tout le monde connaît maintenant son sens de la roublardise et ses mêmes rengaines. Continuer de se lamenter ne sert à rien. Cela a trop duré et ses cassettes sont usées tellement elles ont été jouées. A en juger par l’opacité avec laquelle il a géré l’enveloppe de huit milliards de F CFA octroyée par les pays de la CEMAC pour le DDR, plus personne ne peut encore lui faire confiance pour mettre un centime dans le programme DDR et de réinsertion, d’autant plus qu’il vient par-dessus le marché d’arrêter le vice-président de son comité de pilotage Jean Jacques Demafouth qu’il promet de libérer si l’enquête sur son affaire ne donne rien. Plusieurs sources proches du dossier dont ses avocats, affirment qu’il est vide…

Rédaction C.A.P

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Interview