Suite à la crise postélectorale créée en Centrafrique par la surdité pathologique de Bozizé et son KNK qui tiennent à s'accrocher coûte que coûte même lorsque tout s'écroule autour d'eux, un compatriote qui ulcéré par un tel autisme, lance dans le texte ci-dessous un véritable cri du coeur pour exprimer sa colère.
Rédaction C.A.P
Les élections présidentielles et législatives qui se sont déroulées et qui ne sont pas encore terminées en ce qui concerne les élections législatives viennent à la suite d'un dialogue politique inclusif tenu à Bangui et regroupant toutes les composantes de la vie publique centrafricaine. Ce dialogue, dont les résolutions auraient pu permettre la mise en place d'une vie politique et d'un environnement social apaisé, s'est terminé en laissant aux participants l'espoir d'un nouveau départ pour une concorde nationale.
Malheureusement, il n'aura pas fallu attendre longtemps pour voir la réalité l'emporter sur l'illusion dont beaucoup se sont fait de cette concorde, en commençant par la composition du gouvernement demandé lors du dialogue et qui a fait l'objet de critiques car ne répondant pas vraiment aux critères retenus par le DPI, pour se poursuivre par la mise en place de la commission électorale indépendante, dont la présidence a été vivement et longtemps contestée par l'opposition politique centrafricaine, et enfin pour aboutir à l'organisation des élections présidentielles et législatives, avec les reports et les tractations sur les listes électorales qui ont été tenues secrètes jusqu'à la veille de la tenue des scrutins.
Comment admettre de tels cafouillages quand on a organisé un dialogue politique qui a donné une feuille de route qu'il ne suffisait que de suivre ?
Comment admettre qu'il faille encore faire appel à certains organes pour faire entendre raison au pouvoir en place, du fait de toutes les irrégularités enregistrées tout au long du parcours électoral, en dépit des réclamations exprimées par l'opposition ?
Ces deux questions trouvent leur réponse dans l'autisme des uns, qui ne veulent entendre que ce qu'ils ont dans la tête. Et l'on sait où cela peut conduire, car celui qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre les querelles de ses voisins, se bouche aussi les oreilles pour ne pas entendre les bruits qui se font dans sa propre maison.
Il faut écouter les gens avant de les condamner, il faut les écouter pour se convaincre qu'on a raison ou tort. Et vouloir avoir raison tout le temps et sur tout n'est que pure démence.
L'on ne peut pas passer son temps à faire des dialogues tout le temps, à organiser des conférences nationales tout le temps quand on sait d'avance que les résolutions de ces dialogues et de ces conférences seront aussitôt jetées à la poubelle.
Si la classe dirigeante de la République centrafricaine, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui, ceux au pouvoir actuellement et ceux dans l'opposition, avait suivi et respecté dans son ensemble les différentes décisions prises lors des précédentes conférences, l'on en serait pas là aujourd'hui. La démocratie aurait gagné de beaucoup, et la mise en place d'une politique de développement serait en route.
L'on ne peut guère s'étonner qu'aujourd'hui et pour le centrafricain en général, le développement de son pays ne se limite qu'au payement de son salaire.
Que la radio ou la télévision fonctionnent ou ne fonctionnent pas n'est pas son problème.
Que des groupes de bandits venus d'ailleurs viennent semer la terreur dans telle ou telle partie du pays ne le concerne pas.
Que ses frères meurent de faim dans telle ou telle région n'est pas son problème.
Que des gens trouvent la mort dans des accidents de circulation à cause de l'état des routes le laisse insensible.
Que les écoles soient ouvertes ou fermées ne change rien.
Enfin que sa voisine meure, par manque de suivi médical, au moment d'accoucher ne révolte aucune conscience.
Voilà le résultat de l'enfermement dans lequel les différentes politiques menées en Centrafrique ont fait du Centrafricain. Un homme incapable de comprendre que le payement de son salaire n'est pas le seul critère pour lui assurer le bien-être. Un homme incapable de comparer, de voir ce qui se passe autour de lui et de se rendre compte qu'ailleurs les gens se battent pour que leurs populations aient une vie meilleure, à travers des logements sains, des établissements scolaires d'enseignement général et professionnel, des constructions d'universités et d'hôpitaux dans les provinces, des grandes voies bitumées pour relier la capitale aux provinces et les provinces entre elles, et entre autres la mise en place d'une politique de l'information où les chaînes de télévision privées côtoient la chaîne de télévision publique, pour ouvrir et élargir l'horizon culturel du citoyen. Et tout ça se passe en Afrique, chez nos voisins et à côté de nous.
Au vu de ce constat accablant, la classe politique centrafricaine doit comprendre que les choses ne sont plus ce qu'elles étaient, et qu'elle doit s'adapter en conséquence. Et s'adapter en conséquence, c'est tirer les leçons de l'histoire.