FRONT POUR L’ANNULATION ET LA REPRISE DES ELECTIONS 2011 ( FARE 2011)
L’intellectuel reconnu, le militant achevé, l’homme politique de toujours, le scientifique confirmé, l’esprit universel, le croyant et aussi l’homme simplement, fraternellement humain, c’est tout cela que la République Centrafricaine honore aujourd’hui.
Les moments de tristesse que nous vivons depuis le 05 Avril 2011 nous interpellent aussi sur le sens du combat politique de l’illustre disparu.
Au nom du Front pour l’Annulation et la Reprise des Elections 2011 (FARE 2011) dont le Président Ange-Félix PATASSE a été l’un des fondateurs, je me fais le devoir de revivre avec vous la vision de celui- ci pour l’avenir de notre pays.
Difficile tâche que celle de vouloir rechercher dans le parcours élogieux de cet homme d’exception ce qui représente le sens ultime de son combat.
Nous laissons aux historiens le soin de juger ses actions avant et pendant l’exercice du pouvoir.
N’ayant pas été à ses côtés pendant cette période, une telle tentative de notre part serait vouée à l’échec.
Mais nous savons qu’il était très attaché à son pays.
Il avait la langue d’or, ce don de plaire par la parole, d’envoûter par le discours, d’éblouir par le verbe.
Qu’il nous soit permis d’analyser uniquement son intervention au Dialogue Politique Inclusif (DPI) en décembre 2008, intervention que nous considérons comme son véritable testament politique qu’il lègue à la postérité.
Oui, au moment où cet homme avait tout perdu, alors qu’il revenait d’un second exil, humilié et abandonné par les uns, trahi par les autres, il avait tenu non pas un discours de haine et de vengeance, mais de pardon, d’unité et de réconciliation nationale, révélant ainsi sa grandeur d’homme d’Etat.
Pour ne pas travestir sa pensée, nous citons les propos du Président Ange Félix PATASSE au Dialogue Politique Inclusif :
« Je ne ferai pas un discours qui risque de flétrir la beauté des travaux, d’immenses travaux accomplis grâce à la détermination de tous les centrafricains animés par :
- Le même esprit de paix et de fraternité nous liant à notre patrie, notre seule patrie la République Centrafricaine.
- Le même esprit de l’unité nationale pour repousser avec vigueur tout esprit de division…
Si nous manifestons véritablement l’amour fraternel entre nous en nous pardonnant avec sincérité ;
Si nous prenons en compte l’humilité qui sera désormais notre mode de conduite les uns envers les autres.
Si tous ensemble nous rejetons :
- L’orgueil, la méchanceté ;
- La haine ;
- Le mensonge ;
- Le tribalisme et le clanisme ;
- La cupidité et les détournements ;
- Le despotisme etc…
Cher compatriotes, un jour nouveau se lève.
Tous, venus de l’intérieur comme de l’extérieur de notre pays, d’une seule voix disons :
Arrêtons la catastrophe, arrêtons le drame.
Trop de sang, inutilement versé pour le breuvage de Satan et des démons buveurs de sang, démolisseurs de la Nation Centrafricaine.
Monsieur le Président BOZIZE, cher petit- frère, devant le peuple Centrafricain et devant la communauté internationale, je réaffirme et vous reconnais comme Président de la République Centrafricaine à cause de la paix pour le peuple.
Vous avez vu vous- même la limite de la puissance des armes. On fait croire qu’en République Centrafricaine, « le droit, c’est l’arme ; la justice c’est la puissance de feu ». Erreur d’appréciation.
Vous voici devant vos responsabilités.
La solution n’est pas de vous demander de quitter le pouvoir. Elle réside essentiellement dans le style de conduire le peuple aux élections démocratiques, transparentes et justes en 2010. Le peuple vous jugera de votre bonne foi, car c’est lui qui détient le vrai pouvoir de Dieu.
Il le donne à qui lui est fidèle». ( fin de citation ).
Le Président Ange-Félix PATASSE avait laissé parler son cœur sans haine, sans acrimonie, sans esprit de revanche.
Les mots qui avaient constitué le fer de lance de sa pensée politique étaient :
Unité nationale, réconciliation nationale, paix, pardon, attachement à la patrie, démocratie, élections transparentes et justes.
Et il ne s’était plus départi de ces valeurs républicaines jusqu’à sa mort.
Le Président PATASSE nous avait donné une grande leçon d’humilité en demandant pardon non seulement au peuple centrafricain, mais aussi à ceux qui lui ont causé du tort, conscient qu’il était, de la maxime selon laquelle, se venger d’une offense c’est se mettre au niveau de son adversaire, la lui pardonner, c’est se mettre au-dessus de lui.
Le moment est venu pour nous qui, consciemment ou inconsciemment avions fait du mal au Président PATASSE de lui demander aussi pardon.
En Chef, il avait accepté la responsabilité des actes accomplis par tous ceux qui étaient sous ses ordres, même si ces actes, en raison d’erreurs inhérentes à la misérable condition humaine, n’étaient pas conformes aux ordres donnés.
PATASSE rejoignant Léon BLUM, avait de la répugnance pour la violence, car « rien de ce qui fut établi par la violence et maintenu par la contrainte, rien de ce qui dégrade l’humanité et repose sur le mépris de la personne humaine ne peut durer… On n’éteint pas la haine par la haine, ni la violence par la violence. »
PATASSE était arrivé au pouvoir par les urnes. Il était profondément attaché au suffrage universel comme seul mode de dévolution du pouvoir de l’Etat. Pour lui, seule l’onction populaire doit restaurer à notre peuple l’initiative démocratique de la détermination du destin national. Comme il aimait bien le dire, c’était un impératif catégorique et incontournable, c'est-à-dire une exigence patriotique de survie nationale.
Le Président PATASSE avait payé un lourd tribut pour son engagement politique. Il avait connu plusieurs fois la prison, la destruction de tous ses biens immeubles, la confiscation illégale de ses avoirs et deux exils d’une durée totale de 18 ans.
A son retour du deuxième exil, sa vision politique était désormais inséparable de sa foi en Dieu.
PATASSE ne vivait que pour son peuple et pour Dieu : La nature l’avait formé, l’école l’avait informé, la vie l’avait déformé mais seul son « grand frère Jésus- Christ » l’avait transformé.
Pour toutes raisons, peut- être PATASSE était- il trop dérangeant pour vivre, trop rare pour mourir.
Mais nous les croyants, même quand nous mourrons, nous allons vers la vie.
PATASSE rejoint ainsi au Panthéon de l’éternité les grandes figures politiques de notre pays, Barthélémy BOGANDA, David DACKO, Jean-Bedel BOKASSA, André KOLINGBA, Abel GOUMBA, François PEHOUA Timothée MALENDOMA et les autres.
Ainsi, sa mort n’est que le commencement de son immortalité.
C’est pourquoi nous disons : quand PATASSE ne sera plus là physiquement, il sera là encore spirituellement et politiquement.
Maintenant que la porte du destin a fini par se refermer, quelles seront alors nos responsabilités face à l’Histoire ?
L’épreuve de la mort de PATASSE nous interpelle sur le devenir de notre pays, la RCA, pour laquelle il s’est tant battu. La leçon à retenir est qu’au-delà des différences d’approche, des stratégies opposées, toute la classe politique Centrafricaine doit désormais sauvegarder la paix sociale, la stabilité politique et l’unité nationale gravement menacées par des élections qui n’ont pas été l’expression du suffrage du peuple centrafricain.
C’est alors seulement que nous aurons rendu au Président PATASSE l’hommage le plus mérité.
Bangui le 20 MAI 2011
Le Coordonnateur
Me Nicolas TIANGAYE
chapelle ardente de la veillée du quartier Fouh
Une vue de la tribune avec ses enfants et sa famille
Guy Simplice Kodégué, son dernier Porte-Parole