Le département d’Etat américain suit attentivement la situation politique en Centrafrique. En voici la preuve.
Le 10 juin, Richard R. Verma, Assistant Secretary of Legislative Affairs au département d’Etat américain, a répondu par une longue missive sur la situation en République centrafricaine, à la congressiste démocrate du Nevada, Shelley Berkley. Cette dernière avait adressé le 3 mai une lettre à la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, lui demandant de se pencher sur le dossier de la Centrafrique, « un Etat failli où se pratiquent des détentions arbitraires, des actes de torture et des assassinats extra-judiciaires » (LC n°589).
Après s’être félicité du travail de l’ambassade américaine à Bangui pour que l’élection présidentielle soit reportée afin d’être crédible, Richard Verma, ancien avocat-associé au cabinet Steptoe &Jonhson, a souligné le rôle du programme du NDI (National Democratic Institute) auprès de la commission électorale indépendante et du Mercy Corps dans la société civile centrafricaine. Pour Washington, « si le processus électoral n’est pas crédible, c’est la situation dans toute la région qui pourrait en être affectée ». Comprenez : au Soudan compliqué…
Enfin, il faut savoir qu’un autre sénateur démocrate, Richard Shelby (Alabama), est en relation directe avec le pétrolier américain Jack J. Grynberg. Le patron du groupe RSM Production Corp. est toujours en arbitrage avec l’Etat centrafricain devant le CIRDI (Centre International de règlement des différends relatifs à l’investissement) pour le contrôle du bloc pétrolier A (55 000 km2), qui lui avait été attribué en 1999 sous le régime de Ange Félix Patassé. Ce périmètre serait le prolongement des gisements exploités par la compagnie ExxonMobil au Tchad. Grynberg considère qu’il n’a jamais pu effectuer les travaux d’exploration prévus compte tenu de la situation d’insécurité qui règne au nord du pays. A suivre…
Source : LC n° 590 du 17 juin 2010
NDLR : La congressiste démocrate du Nevada, Mme Shelley Berkley doit être plus atterrée si elle apprenait que depuis sa missive à Mme Hillary Clinton, Bozizé a fait pire que ce pour lequel elle a écrit à la Secrétaire d’Etat américaine. Il s’est rendu il y a quelques jours au parquet du tribunal de grande instance de Bangui pour ordonner l’arrestation du bâtonnier de l’ordre des avocats centrafricains, lequel est obligé actuellement de se cacher dans la ville, déclenchant l’indignation et la condamnation générales des organisations de défense des droits de l’homme et des avocats du barreau centrafricain ainsi que de la FIDH.