Elie OUEIFIO Cyriaque GONDA
Bangui, 20 avril 2010 - (C.A.P) - Par décrets présidentiels lus à la radio nationale, le président François Bozizé vient de faire le ménage dans son propre camp. Il a ainsi limogé simultanément ses deux parents Cyriaque Gonda, ministre d'Etat chargé de la communication, de la réconciliation nationale et de l'éducation civique ainsi que Elie Oueifio, ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation et non moins Secrétaire général de son parti KNK et de Sodebos, l'association des ressortissants de la ville de Bossangoa. Un autre décret signé de Bozizé a aussi relevé de ses fonctions, Côme Zoumara, conseiller à la présidence et porte parole du président de la République.
On ignore les vraies raisons officielles de cette charrette de limogeages de ces personnalités pourtant très proches de Bozizé depuis un certain temps déjà. S'agissant cependant du cas de Cyriaque Gonda, on peut présumer que ses rapports avec Bozizé n'étaient plus au beau fixe ces derniers moments. Depuis la tenue du DPI en décembre 2008 dont la réussite relative avait été mise à son actif et permis qu'il soit élevé au rang de ministre d'Etat, Bozizé le soupçonnait néanmoins de s'être beaucoup enrichi en détournant une bonne partie de l'argent destiné à l'organisation du Dialogue Politique Inclusif. Récemment encore, Bozizé n'a pas hésité à accuser nommément en public dans un discours prononcé à Paoua, le ministre d'Etat Gonda ainsi que le président de l'APRD Jean Jacques Demafouth, tous les deux président et vice président du comité de pilotage du programme DDR des ex-combattants rebelles, de détournement de l'argent du DDR qu'il leur aurait remis.
Certains observateurs avisés à Bangui s'attendaient plus ou moins au limogeage de Cyriaque Gonda du gouvernement car il était devenu pour Bozizé, un véritable "opposant" à son régime malgré les gages de soutiens et de loyauté que Cyriaque Gonda avec son parti politique le PNCN, ont tenté de lui fournir. Pour Bozizé, on ne peut en même temps prétendre appartenir à son camp et être leader d'un autre parti politique autre que le KNK. Gonda vient de payer quelque part, le prix de cette "incompatibilité" politique, aux yeux de Bozizé. Une autre raison qu'on peut risquer à l'appui du nouveau sort de Gonda est le reproche que lui fait Bozizé et certains bozizistes bon chic bon genre qui habituellement, considère Cyriaque Gonda comme un "intello", ce que eux ne sont pas. En bozizie, il ne faut pas être ou montrer qu'on est un intellectuel.
En ce qui concerne Elie Oueifio, son départ du gouvernement peut être interprété comme étant dû au dur constat tardivement fait par Bozizé lui-même, du peu reluisant spectacle qu'offre le chaotique processus électoral sous sa responsabilité. depuis les ratés sur le code électoral jusqu'à la mise ne place de la CEI, Elie Oueifio n'a pas fait montre d'une particulière compétence et n'a pas été exempt de tout reproche, c'est le moins qu'on puisse dire. Bien que parent à Bozizé, ce dernier s'est sans doute rendu compte que le critère de parenté ne signifie nullement efficacité.
Or depuis ses fonctions de préfet de la Mambéré Kadéi à Berbérati, Elie Ouiefio a surtout brillé par son zèle à défendre le bozizisme. Tout cela a des limites. Mais sans doute, la principale raison du départ de Oueifio, hormis l'incompatibilité de ses fonctions de ministre de l'Administration du territoire donc chargé de l'organisation des élections aux côtés de la CEI, avec son titre de secrétaire général du parti présidentiel KNK depuis le congrès de Mbaiki, serait l'altercation avec le fils Jean Francis Bozizé qui aurait eu lieu devant le père. Son collègue ministre délégué chargé de la défense l'aurait curieusement accusé de rouler pour l'opposition et Sylvain Ndoutingai. L'opposition exigeait avec raison depuis longtemps qu'Elie Oueifio renonce soit à ses fonctions au gouvernement, soit à celles du KNK. C'est maintenant chose faite mais il reste le cas de l'incompétent et corrompu vrai faux pasteur Joseph Binguimalé de la CEI.
Enfin le cas de Côme Zoumara est quelque peu atypique. Patron de la secte des rosicruciens de Bangui, c'est autour de sa passion pour tout ce qui est mystique que Zoumara s'est rappoché au départ de Bozizé. Propulsé contre toute attente un temps ministre des affaires étrangères, il n'a nullement brillé par ses compétences à gérer les dossiers de ce difficile département pour n'en avoir pas la carrure. Il s'est surtout illustré par son implication dans des trafics mafieux en tout genre, allant par exemple de la vente frauduleuse des passeports diplomatiques aux missions secrètes à gros sous que Bozizé lui confiait. Sans un background sérieux ni compétence quelconque, Côme Zoumara était davantage un truand parvenu à se hisser dans les hautes sphères du pays à la faveur du putsch de Bozizé qui se révèle lui-même, n'être qu'un vulgaire aventurier en mal d'argent et d'enrichissement rapide, sans réelle dimension ni compétence particulière pour diriger un pays. Son limogeage peut aussi s'expliquer par son absence total dans le débat électoral qui bat son plein en ce moment où Bozizé se sent éseulé au milieu des attaques tous azimuts de l'opposition sans que son porte parole ne daigne ouvrir la bouche.