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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 03:05

 

 

 

Jean Pierre Redjekra 

 

On ne vit plus en toute quiétude en Centrafrique, dans les villes et dans les villages naguère paisibles. Auparavant, désignée comme la Suisse africaine, mon pays, notre pays est devenu un territoire occupé, un endroit où l'on craint pour son intégrité et pour sa vie. Un pays non démocratique, car il n y a pas de démocratie sans liberté d'aller et venir, sans possibilité de s'établir  sur un quelconque espace de terre pour y développer une activité, ou pour y vivre simplement. 

Parce que c'est un enjeu d'intérêt commun, intérêt dépassant celui du régime en place, intérêt surpassant les ambitions de celles et ceux qui ont une stratégie de conquête du pouvoir, intérêt cardinal à toutes centrafricaines, à tous centrafricains, j'ai pris la responsabilité de m'interroger: 

1) S'il y a eu une politique de sécurité et de défense nationale portée par le chef de l'Etat, mise en œuvre par le gouvernement et contrôler par l'action vigilante de notre parlement? 2) S'il y en a eu une, elle est manifestement en deçà des défis, au regard de la porosité de nos frontières (présence de forces non conventionnelles sur notre territoire que l'on ne compte plus) d'une part, des violences et des attaques dont sont victimes tous azimuts les femmes, les enfants, les hommes vieux et jeunes, sur toute 'étendue du territoire d'autre part.

La question fondamentale que je pose cette fois est surtout de savoir s'il faut se réjouir de l'échec de la politique de sécurité et de défense nationales? Quelles pistes devraient t-on entrevoir par ailleurs dans le cadre d'un projet politique alternatif? 

Schématiquement, l’on peut indiquer que l’insécurité et le perméabilité de nos frontières sont : un facteur de déstabilisation du pouvoir du général-président, un contexte favorable aux « préempteurs » en eaux troubles qui profitent pour spolier des richesses de notre peuple. Notre pays apparaît comme subdivisé en mille et un mini territoires contrôlés, sous contrôlés par telle ou telle faction, de tels ou tels groupes rebelles. Encore que la notion de rébellion et de voyoucratie d’Etat ont bien essaimé depuis 15 ans environ. 

L’économie, l’activité agricole notamment qui fait vivre le vrai peuple de Centrafrique a régressé consécutivement à l’augmentation de l’insécurité et de l’affaiblissement de la capacité de l’armée nationale. Sans délai, il est urgent de défendre notre intégrité et notre souveraineté territoriale. Toutes les activités sont devenues risquées.

 

Sans vouloir rouvrir la polémique, l’exploitation de l’uranium par le groupe Areva a été stoppée en partie, en raison de l’insécurité, liée aux exactions de la LRA dans le sud est centrafricain. Ce n’est pas l’appui logistique de l’armée américaine qui a pu changer la donne dans cette partie sous-continent de l’Afrique centrale. Les assoiffés de « sang, de pierres précieuses, de gibiers extorqués, de femmes vierges », soldats barbares de John Kony sévissent à intervalles réguliers. Nous consacrerons un article entier à toutes les autres forces qui occupent notre pays. 

Cette situation d’insécurité est un obstacle structurel lourd. Il entrave l’autorité de l’Etat et surtout il empêche l’expression démocratique locale, régionale et nationale. Comment en effet reconstruire paisiblement la vie quotidienne de nos villages de l’extrême est centrafricain ? Comment y poser une infrastructure routière, hospitalière ? Comment construire un partenariat gagnant-gagnant avec le nouvel Etat du sud Soudan qui se met en place de l’autre côté de la frontière, et qui malgré la situation de tension avec le Soudan du nord, parvient à projeter des grands travaux notamment ferroviaires ? 

Comment veut-on que les professionnels de santé, les religieux, les étrangers qui veulent s’établir chez nous, nous-mêmes propres enfants du pays pourront envisager un quelconque projet d’envergure quand la quiétude du trajet est l’exception et que le risque majeur est la règle ? Comment enfin, les candidates et les candidats à la magistrature suprême en 2016, pourront-ils se rendre à la rencontre du peuple au-delà de la barrière de la sortie nord ou sud de la ville de Bangui ? 

Je suis intimement convaincu à vrai dire que, à part quelques membres de la voyoucratie, aucune centrafricaine, aucun centrafricain, ne trouve son compte dans la situation actuelle ! Elle concerne l’ensemble du territoire centrafricain avec les débordements sur les frontières des pays voisins. On ne peut pas raisonnablement se réjouir de l’insécurité ambiante dans laquelle j’inclus les disparitions et les exécutions extra-judiciaires, ni de l’incapacité globale à défendre nos frontières. C’est une question de dignité, d’honorabilité et de notre existence même en tant que Etat normalement constitué ! 

Au regard de ce cri du cœur, il faut réfléchir et poser les pistes de réponses politiques, stratégiques et opérationnelles. Elles sont le marqueur de l’aptitude à gouverner autrement et efficacement, qu’un certain nombre de centrafricaines et de centrafricains rassemblés dans une plate-forme sont entrain de formaliser.

 

Je verse au débat public que veut susciter en permanence notre plate-forme, le Conseil National pour la Renaissance Centrafricaine -  Finî Beâfrica, sur tous les sujets vitaux quelques pistes, quelques amorces stratégiques et des schémas opérationnels.

Quelques pistes de politiques de sécurité et de défense nationale :

-          Rétablir le service militaire et civique pour refonder une véritable armée nationale

-          Développer une armée comportant tous les corps de métiers

-          Organiser la reconnaissance de la nation à tous les soldats morts en mission commandée pour la patrie, notamment en légiférant pour accorder une priorité de recrutement à leurs enfants aptes et désireux de rejoindre les métiers des armes

-          Inscrire l’enseignement des valeurs de civisme, de patriotisme et de fierté citoyenne dès l’Ecole primaire, sans y donner une connotation partisane ou de culte de la personnalité

-          Promouvoir le projet d’une armée de la sous – région Afrique centrale

Quelques éléments stratégiques

-          S’appuyer sur l’expertise des structures de formation militaire et de police des Etats amis et les anciens de l’armée et de la police centrafricaine

-          Fixer durant une période de rattrapage de 10 ans une priorité budgétaire n° 2 ou 3 aux dépenses de sécurité et de défense, juste après celles de l’Education, de la santé et de l’énergie.

-          Impliquer le parlement dans les processus de nomination aux postes de commandement dans l’armée, en privilégiant les compétences techniques, le professionnalisme et la loyauté envers les institutions démocratiques.

-          Développer une action diplomatique active avec les pays émergents pour équiper nos forces de défense et de sécurité

Quelques éléments opérationnels

-          Planifier des campagnes de recrutement pour les forces de défense et de sécurité sur la base de critères équitables, transparents et visant l’efficacité.

-          Rouvrir les écoles de de formation militaire et de police et en tout cas augmenter la capacité de formation des hommes du terrain et du commandement.

Tout ce discours théorique ne sera légitimement porté que par des gouvernants dévoués, soucieux du bien commun et de l’impérieuse nécessité de la Renaissance Centrafricaine.

 

Jean-Pierre REDJEKRA

Conseiller National chargé de la stratégie, de l’organisation et de la mobilisation de la plate-forme du Conseil National de la Renaissance Centrafricaine – Fi
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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Opinion