Elle est essentiellement née du non-respect des principes démocratiques lors des élections générales du 23 janvier 2011
L’organisation des élections en Centrafrique a été financée en grande partie, à hauteur de 80%, par l’UE qui malheureusement ne s’est pas vraiment assurée du bon déroulement du processus électoral.
Face à l’impartialité et à la subordination totale à Bozizé du président de la CEI, le vrai faux pasteur et nullissime Joseph Binguimalé, les dysfonctionnements et graves irrégularités ont été accumulés avant, pendant et après le double scrutin présidentiel et législatif du 23 janvier 2011. La mission d'experts électoraux financée et dépêchée par l'Union européenne a constaté plusieurs violations graves des principes internationaux de transparence, d'équité et de régularité qui régissent les élections démocratiques et a remis un rapport explosif sur ces élections jumelées qu’elle a qualifiées de « sujettes à caution ».
De nombreuses fraudes et manipulations ont été réalisées au profit de Bozizé et son parti le KNK, de l'absence de vérification sérieuse de l'identité des votants, de la remise en cause profonde de l'indépendance de la Commission Electorale, de l'absence des listes électorales dans de nombreux bureaux de vote, et bien d'autres manquements graves encore. Le doute sur la sincérité des résultats est tel que les partis d'opposition ont préféré retirer leurs candidatures au second tour des élections législatives, pour ne pas cautionner cette mascarade électorale.
Pour clôturer le tout, la Cour constitutionnelle de la RCA dont les membres ont été soudoyés et terrorisés et donc manifestement aux ordres du pouvoir du président Bozizé, a rendu des réponses hâtives quant aux nombreux recours déposés par les opposants et même certains candidats de partis dits de la majorité présidentielle. Ce qui devait arriver est arrivé. Bozizé s’est fait élire dès le premier tour de scrutin Président de la République avec un score à la Biélorusse. Cas unique dans le monde et qui fait la honte du pays, il s'est fait aussi élire comme député à l'Assemblée Nationale, outrepassant ainsi le sacro-saint principe en démocratie de la séparation des pouvoirs de l’exécutif et du législatif.
Refusant de cautionner un régime au pouvoir aussi peu respectueux des normes qui régissent les élections dans tout régime qui se veut démocratique, l’Union Européenne par la plume de sa Haute Représentante Mme Ashton, a écrit une lettre au président Bozizé le 7 mars 2011 pour lui faire part de la préoccupation de l'UE concernant la situation politique en RCA. Elle lui a demandé l'ouverture d'un dialogue politique renforcé au titre de l'article 8 de l'accord de Cotonou, qui pourrait servir de cadre pour traiter notamment des questions liées au processus électoral et à la gouvernance démocratique.
Le 27 mars, la porte-parole de Mme Ashton a exprimé dans une déclaration sa préoccupation sur les restrictions à la liberté de circulation de certains membres de l'opposition, cas de Me Nicolas Tiangaye empêché de se rendre à Ndjaména pour des raisons professionnelles et de l’ex et défunt président Ange-Félix Patassé qui a fini par en décéder. D’autres cas de persécution comme celle à l’encontre de Me Otto du RDC et d’arrestations et détentions arbitraires (Mbessa du RDC, Armel Sayo,) ont été signalés.
La Républicaine Centrafricaine étant signataire de l'Accord de partenariat ACP-UE, ou Accord de Cotonou, lequel astreint ses signataires au respect des principes de la démocratie et de l'état de droit, l'article 96 de l'Accord de Cotonou prévoit la possibilité de sanction d'un Etat signataire en cas de non-respect des principes démocratiques. Le 8 avril dernier, les ambassadeurs à Bangui de la France et de l’UE ont rencontré Bozizé pour lui faire une véritable explication de texte sur les risques encourus par son pouvoir en cas de refus d’obtempérer aux exigences des principes démocratiques et celles de l’UE.
Plusieurs parlementaires européens se sont récemment émus de la crise postélectorale et de l’impasse politique en Centrafrique caractérisée essentiellement par un grave déficit de démocratie et le passage en force électoral du parti au pouvoir le KNK dont l’illégitimité est incompatible avec les principes démocratiques et d’un Etat de droit. Ces députés, aussi bien au Parlement Européen que lors de la 21ème session de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP/UE qui s’est tenue à Budapest en Hongrie du 16 au 18 mai dernier, n’ont pas hésité à poser des questions écrites aux plus hauts responsables de l’UE.
Selon nos informations, l'UE attend actuellement la réaction du président Bozizé à la lettre de Mme Catherine Ashton demandant la mise en place d'un dialogue politique renforcé autour notamment du processus électoral. De sa réponse dépendra comment l’institution européenne donnera suite aux relations avec la RCA. L'UE continue à suivre avec beaucoup d'attention la situation politique en République Centrafricaine.
Rédaction C.A.P