2011/Série d’élections en Afrique lundi 24 janvier 2011 par Georges Samir, © AfriSCOOP
On pourrait baptiser 2011 « l’année des élections en Afrique » sans risque de se tromper. Aux pays qui suivent le calendrier normal de l’organisation d’élections sur leur territoire, s’est greffé le lot de Républiques qui ont reporté leurs joutes électorales sur cette année. Devant la volonté quasi officielle de plusieurs pouvoirs en place de bloquer l’alternance via les urnes, l’Ua (Union africaine) va-t-elle plaider en faveur d’une intervention militaire systématique dans les “Etats fraudeurs” comme le monde l’exige actuellement en Côte d’Ivoire ?
2011 n’a peut-être révélé aux Africains qu’une infime partie des surprises qu’elle leur réserve… Qui aurait cru que le régime du tout-puissant Ben Ali chuterait un 14 janvier 2011 ? Quel devin aurait pu prévoir que le Sud-Soudan dirait « oui » à la sécession dans le grand Soudan avec un chiffre record ? Le monde politique en Afrique en 2011 est en train de réécrire subrepticement l’Histoire de ce continent.
La République centrafricaine a ouvert ce 23 janvier le cycle des élections dont nul ne connaît le lendemain ! Le régime de François Bozizé a jeté de la suspicion sur sa volonté d’organiser des élections justes en n’affichant les listes électorales que dans les dernières heures précédant le jour du scrutin. Une suspicion amplifiée par les opposants prenant part à ces élections en République centrafricaine et qui craignent des « fraudes massives ». Une chose est évidente : les opposants au régime de François Bozizé sont décidés à ne plus se laisser faire, s’il s’avère que leurs craintes de fraudes deviennent réalité. Des nuages en perspective dans le ciel centrafricain ? L’on ne tardera pas à être fixé sur cette actualité.
Au Tchad, en dépit des assurances que donne le pouvoir de N’djamena, l’opposition locale ne semble toujours pas croire en la sincérité du processus électoral mise en branle par le pays d’Hissène Habré. Où sont donc passés les acquis démocratiques brandis par Idriss Déby Itno et son entourage l’année dernière, quand ils célébraient les 20 ans de leur arrivée au pouvoir ? Le Tchad et la Centrafrique ont la sombre réputation de faire partie des Etats les plus pauvres de l’Afrique et du monde, en dépit des ressources dont ils disposent : le pétrole et l’uranium dans le sol tchadien, le diamant sur le territoire centrafricain.
L’UA devant l’Histoire !!
La carte politique en Afrique sub-saharienne ne devrait pas connaître de profonds changements à l’issue de la douzaine de scrutins prévue dans le courant 2011. L’on voit mal les présidents Déby, Bozizé, Biya, etc. céder le pouvoir après une défaite électorale. L’Ua qui s’est alignée derrière la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique occidentale) dans le différend ivoirien en cours va-t-elle alors plaider pour une intervention militaire dans tous les Etats dans lesquels la vérité des urnes sera mise à rude épreuve ?
A coup sûr, les opposants de tous les pays africains qui iront aux urnes dans les mois à venir et qui remporteront les élections voudront être traités comme Ado. Vont s’ouvrir alors de longues périodes de contestation qui vont saper le moral des économies locales. Le Tchad et la Centrafrique ne pourront pas, par exemple, résisté pendant longtemps à une léthargie de leur économie comme le fait actuellement la Côte d’Ivoire. Autant d’indices d’instabilité qui demandent que l’Ua pèse, à travers sa diplomatie, de tout son poids dans la préparation consensuelle et juste des élections en Afrique. « La mise en place des institutions fortes » en Afrique plaidée par B. Obama passera par cette étape douloureuse.
L’organisation de M. Ping, quand bien même elle le voudra, ne pourra pas rééditer aussi facilement sa descente militaire aux Comores qui a préservé le régime Sambi. Jean Ping ne passera pas, dans tous les cas de figure, une année faite de repos.