Centrafrique : En fin de mandat, François Bozize s’est adressé ce jour à la nation
Ai-Rca Bangui 10 juin 2010 - Investi le 11 juin 2005, la fin du mandat de François Bozize conformément à la loi fondamentale en Centrafrique prend fin le 11 juin 2010. Seulement, une nouvelle loi constitutionnelle votée, promulguée et approuvée par la cour constitutionnelle le 25 mai 2010 permet aux institutions (Exécutif et législatif) de rester en place après cette date.
Jusqu'à ce que la Commission électorale indépendante (CEI) fixe, selon M Bozize, une nouvelle date des élections. A la veille de l’expiration de son mandat, Bozize a choisi de s’adresser à ses compatriotes. La teneur…
«Centrafricaine, Centrafricain, mes biens chers compatriotes,
A la veille du 11 juin 2010 j’ai jugé nécessaire de m’adresser à vous à cause de l'intérêt tout particulier que représente la date du 11 juin dans l'histoire de la jeune démocratie centrafricaine
En effet, loin de vous tenir de traditionnel discours en cette circonstance, je voudrais simplement rappeler que le 11 juin 2005 aura été le couronnement de la maturité politique du peuple centrafricain.
Mes biens chers compatriotes, ayant pris conscience des erreurs et des égarements du passé, vous avez su décider de votre destin et de celui de la nation centrafricaine en m'accordant votre suffrage en mai 2005, a près une transition bien réussie suite au sursaut patriotique du 15 mars 2003.
Lorsque je prêtais serment le 11 juin 200, j'avais juré devant vous mes chers compatriotes et devant Dieu à qui appartient le pouvoir de respecter et défendre la constitution , loi fondamentale de notre pays. Aussi, ai-je la faiblesse de penser et de croire que la date du 11 juin 2005 marquait un nouveau point de départ pour la reconquête du pouvoir en 2010. Dans cette perspective, tous les acteurs politiques intéressés par le pouvoir étaient censés j'en étais sur et convaincu, se préparaient avec radiasse, pour affronter cette compétition.
Malheureusement vous avez été, au tant que moi même surpris et déçu de toutes manœuvres et manipulations orchestrées de toute pièce pour vous empêcher d'accomplir vos droits de citoyen avant le 11 juin 2010.
Centrafricaine, Centrafricain, mes biens chers compatriotes, j'ai pris la juste mesure de vos engagements à mes cotés dans cette lutte opiniâtre pour le respect et la défense de la constitution, notre constitution.
Je vous réitère toute ma gratitude et vous exhorte à garder le calme car personne ne pourra vous empêcher de choisir librement vos hauts dirigeants.
S'agissant de ma préoccupation pour le respect et la défense de la constitution de notre pays, vous avez au même titre que la communauté internationale, dont je salue la disponibilité ici, étaient témoins de tout ce que j'ai posé comme acte en faveur du respect de notre constitution...
Les multiples occasions de rencontres et de dialogue que j'ai eues avec toutes les forces vives de la nation et aux cours desquelles j'avais et suivant les circonstances fait des concessions constituaient pour moi le moyen le plus sûr de garantir de la loi fondamentale de notre pays.
Malheureusement mon humilité, mon attachement à la patrie et mon respect des valeurs constitutionnelles ont été diversement interprétés par la classe politique dite de l'opposition, qui au-delà des principes universels de la démocratie et de la gestion de l'état voudrait imposer au peuple centrafricain sa propre théorie de la démocratie.
Pour preuve face à la volonté affichée du gouvernement sous mon impulsion personnelle d'aller aux élections, l'opposition a toujours opposé des situations de blocage de la machine électorale, c'est-à-dire de la commission électorale indépendante (CEI).
Cette situation a été donc compliquée par la non libération des fonds promis par la communauté internationale pour soutenir les efforts au delà du 11 juin 2010.
Après avis de la cour constitutionnelle, le gouvernement a soumis à l'examen de l'Assemblée nationale, le projet de la loi constitutionnelle qui a été majoritairement votée par 97 voix pour et 5 voix contre.
La loi constitutionnelle ainsi votée et promulguée a été approuvée par la cour constitutionnelle le mardi 25 mai 2010. C'est-à-dire Centrafricaine et Centrafricain, mes biens chers compatriotes, que les hautes institutions de notre pays à savoir: la présidence de la république et l'Assemblée nationale sont constitutionnellement légales au-delà du 11 juin 2010. C'est pourquoi je voudrais vous rassurer centrafricaine et Centrafricain qu'après le 11 juin 2010 la République centrafricaine doit continuer à fonctionner comme par le passé. C'est-à-dire comme depuis le 11 juin 2005 jusqu'à ce que la CEI nous fixe une nouvelle date des élections.
Cette nouvelle date, je le reprécise et cela selon le voeu de l'opposition et la communauté internationale devrait tenir compte de l'évolution des conditions sécuritaires et que le DDR atteigne au moins la phase de désarmement de nos compatriotes ex-rebelles.
Dans cette perspective, je vous exhorte Centrafricaine et Centrafricain à demeurer très vigilants pour barrer la route aux ennemis de la paix, de l'unité et du développement qui ne rêvent que de conflits pour assouvir leur soif politique.
Je vous encourage à résister aux sirènes de ceux-là qui ne pensent qu'à leurs propres intérêts au détriment des aspirations du peuple et qui réclame à corps et cri la formation d'un gouvernement d'union prérogatives relevant des pouvoirs discrétionnaires d'un chef de l'état.
Centrafricaines, Centrafricains, mes biens chers compatriotes, ma préoccupation majeure de l'heure concerne bel et bien le maintien, le renforcement et la consolidation de la démocratie retrouvée seule voie qui conduit à un développement durable de notre pays. Pour cela, chaque Centrafricain, leader d'opinion au lieu de cultiver la haine et le fanatisme ethno tribal devra se forcer d'inculquer le principe et règle de la démocratie aux Centrafricains qu'il aspire gouverner.
Pour terminer, je souhaite de tout mon coeur que la communauté qui nous a toujours accompagné puisse mettre à la disposition de la CEI les fonds promis pour permettre l'organisation des élections dans les meilleurs délais. Par ailleurs, j'invite les forces de défense et de sécurité à veiller dans leur missionnelle de paix et de sécurité à la libre circulation des biens et des personnes sur l'ensemble du territoire national.
Centrafricaine, Centrafricain, mes biens chers compatriotes, en attendant d'aller aux urnes très prochainement, nous devons ensemble dans la paix et l'unité nationales, la main ans la main maintenir le cap du travail rien que le travail la seule voie de notre survie.
Je vous remercie».
Ai- Douala
NDLR : Des mensonges, que de mensonges ! A en croire Bozizé, il n’a aucune espèce de responsabilité dans la non tenue des élections avant l’expiration de son mandat. Ce serait à cause des manœuvres de l’opposition soutenue par la communauté internationale. Les mêmes rengaines qui ne convainquent personne. Il a eu cinq ans pour préparer sa succession or il a passé son temps à brasser de l’air et à tourner en rond. Le voilà le bec dans l’eau.
Ce discours est un aveu d’échec dont la responsabilité quasi totale lui incombe. Tout en continuant à s’en prendre à la communauté internationale, il est pourtant obligé de lui réclamer le financement des élections qu’elle a toujours promis mais qu’elle a refusé de décaisser tant que les conditions de transparence dés élections n’étaient pas réunies. Tout cela est pathétique et pitoyable.
Que Bozizé le veuille ou non, nous voilà dans la période qu’il faut bien appeler ou qualifier de « transitoire » et qui nécessite bien la mise en place d’un gouvernement de mission pour préparer de façon consensuelle les prochaines élections. Pourquoi s’obstine-t-il à refuser toute perspective de gouvernement d’union nationale ? C’est pour continuer à tourner en rond avec sa bande de ministres incompétents KNK et poursuivre impunément la prédation du peu de moyen qui reste au pays.
Il ne veut pas entendre parler de gouvernement de transition mais il faut bien reconnaître qu’avec ses deux gouvernements Touadéra, notre pays bat aujourd’hui tous les records négatifs dans le monde. Tous les indicateurs socio-économiques et sanitaires sont au rouge. On ne va pas continuer indéfiniment ainsi.
Contrairement à ses affirmations mensongères, Bozizé n’a nullement envie que le pays aille vite aux élections. Après avoir détourné les huit milliards de la CEMAC pour le DDR, il sait bien que le désarment des rebelles va piétiner et prendre du retard. Il encourage et entretient lui même ça et là l’insécurité dans certaines zones du pays pour que le pays ne soit jamais sécurisé ni pacifié. Son jeu machiavélique est désormais mis à nu.
Il mendie ici et là des armes à presque tous les chefs d’Etat des pays voisins pour continuer à faire la guerre et verser le sang des Centrafricains. Il a reçu lundi dernier une délégation libyenne pour demander une aide militaire en armement et en hommes. Il cherche par tous les moyens à acheter avec des diamants volés aux collecteurs et bureaux d’achat des hélicoptères de combat. Pauvre Bozizé ! Ta légitimité a bel et bien expiré ! Ta prétendue loi prorogeant ton mandat n’en est pas une. Elle est illégale. Tu as fait ton second coup d’Etat constitutionnel cette fois-ci, tu n’en survivras pas. Trop c’est trop !