Yaroungou (Tchad) 30/07/11 12:32 (AFP) - "J'ai fui la guerre dans mon pays pour venir rester ici avec mes trois enfants, mais il m'est difficile de survivre", dit Martine Bissi, réfugiée au Tchad. Malgré des accords de cessez-le-feu, elle n'envisage pourtant pas de rentrer en Centrafrique.
Comme elle, 10.530 Centrafricains vivent dans le camp de réfugiés de Yaroungou à 25 km de la frontière avec la Centrafrique selon le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). 5.140 autres vivent dans l'autre camp du département de la Grande Sido (sud du Tchad) à Moula, après avoir fui des conflits qui ont miné la région depuis 2003.
Cette année-là, le nord de la Centrafrique a vu s'affronter partisans et adversaires du président François Bozizé qui venait de renverser Ange-Félix Patassé.
Selon le responsable de la communication du HCR Victorien Ndakas, des populations ont continué à fuir après des "affrontement entre Forces armées centrafricaines (Faca) et des groupes armés non identifiés dans le nord de la RCA (République centrafricaine) depuis juin 2005".
"Je dois nourrir les enfants, m'occuper de leur santé et de la scolarité des deux premiers", raconte Mme Bissi, veuve à 45 ans.
"Nous vivons dans des conditions difficiles ici", ajoute Caroline Miassal, 28 ans, qui vend des légumes pour faire vivre ses quatre enfants et sa mère. Elle a perdu la trace de son mari en 2003, après l'attaque de leur village.
Des accords de paix ont bien été signés avec quatre rebellions en 2008 et un de cessez-le-feu en juin dernier avec la dernière grande rébellion active, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), aucun des réfugiés rencontrés n'envisage de rentrer au pays.
"Par prudence, nous préférons rester encore au Tchad. On se sent en sécurité ici et puis les autochtones nous ont bien accueillis, ils nous ont donné des terrains à cultiver", explique Philémon Nzoubade, 21 ans.
La Centrafrique est aussi la proie de nombreux coupeurs de route et certains estiment que les diverses rébellions pourraient reprendre dans un pays où l'Etat a du mal à affirmer son autorité.
NDLR : Huit ans qui correspondent exactement au temps passé par Bozizé à la tête du pays… !