Suite à la publication ici-même des réflexions de Crépin Mboli-Goumba sur le processus électoral dans notre pays, la rédaction de Centrafrique-Presse publie également ci-dessous la réaction d'un compatriote à cette tribune de l'ancien Vice-Président de la CEI. La rédaction tient à préciser qu'elle n'est nullement engagée par les propos et opinions ici exprimés par les différents protagonistes. Il s'agit uniquement de permettre le déroulement du débat démocratique qui pourra faire avancer le schmilblick mais dans la mesure du possible, il faut éviter les règlements de comptes qui ne pourront que faire le jeu du régime dictatorial en place à Bangui.
Rédaction C.A.P
Si à la lecture de la tribune de mon ami Crépin, l'on peut sentir l'odeur de sa déception à défaut du gout ; je suis toutefois stupéfait par le nombre astronomique d'interrogations qu'elle met en exergue.
La démission de Me Mboli Goumba à deux mois des élections aurait enlevé des doutes sur sa probité s'il avait dressé, preuve à l'appui ce qui était reproché à Binguimalet et à la CEI dans toutes ses composantes. S'il avait aussi fait le bilan de son action à la CEI et preuve suprême de son patriotisme faite en restituant ou en offrant à des œuvres sociales tous les sous que ses fonctions de Vice-Président de la CEI lui ont procurés. Dans sa guéguerre avec son ancien compagnon Redjekra, il avait écrit noir sur blanc comme Madame Hassen à propos de ses culottes, qu'il gagnait plus de 50.000 dollars US par an. Nous aurions cru en lui, j'aurai cru en lui s'il avait posé cet acte. Car de deux mois à J-3 je ne vois aucune différence, lui et ceux qu'ils vilipendent aujourd'hui ont tous participé à la mangeoire de la CEI. Sa plume est donc assortie de courbes épineuses.
Tout Centrafricain sérieux, soucieux même de son avenir propre ne peut aujourd'hui tendre la main à Bozizé et encore moins tirer à boulets rouges sur l'opposition.
L'opposition centrafricaine est ce qu'elle est. Elle ne vient pas de Mars, de Babylone et encore moins du Venezuela. Elle sort de nous, elle vient de nous, elle est nous. Ses travers et ses limites sont aussi l'expression de nos travers et de nos limites. D'elle, nous pouvons espérer(et ou exiger) le meilleur que si nous nous transformons aussi. Or les limites de ce changement sont vite anéanties par la plume de Me Mboli Goumba.
Que cela soit pour 2016 ou lors des législatives anticipées qu'on prête l'intention à Bozizé d'organiser après la modification de la constitution qui ouvrira la voie à un 3ème mandant au début de l'année prochaine, il se pose la question de l'alternative au KNK.
En vilipendant l'opposition, il donne un blanc-seing à Yangouvonda Von Benzambé. En tirant sur l'opposition, il fait preuve d'irresponsabilité car il fait le lit du KNK et/ou celui d'un autre rebelle qui cassera tout sur son passage jusqu'à Sassara. Ce discours irresponsable de Me Mboli Goumba est à condamner car dangereux. C'est Bozizé l'adversaire de la paix, de la démocratie, de l'unité et du progrès. Il est vrai qu'il n'en est pas le seul et que l'opposition en regorge aussi.
L'opposition centrafricaine n'est pas exempte de critiques. Les jeux de dupes de Martin Ziguele et son parti le MLPC, le double langage de Tiangaye, l'absence totale de leadership (aussi de charisme) de Nakombo, l'amateurisme plus vrai que nature de Gamba et Sioké, les ambiguïtés des Kolingba…sont autant d'éléments qui ont contribué à affaiblir celle-ci et à permettre au KNK de réaliser son passage en force.
S'il est vrai qu'en Centrafrique les gens n'acceptent pas leurs responsabilités et se lancent toujours dans une fuite en avant, il est aussi urgent de ne pas se tromper sur l'essentiel. Et l'essentiel en ce moment c'est de travailler à l'émergence d'une force politique qui ira devant les Centrafricains en 2016 pour que le changement arrive.
Je prends cette tribune avec beaucoup de réserves car elle me fait penser à une technique de contre-espionnage qui consiste à dire le contraire de ce qu'on pense afin de savoir ce que l'autre pense ou fait.
Cette tribune aborde les problèmes dans le même sens que les Ngouandjika, Ndoutingaï, Zingas, Gonda avec comme substrat : l'opposition fait mal ou a mal fait. Mais que propose-t-elle ? Que pense-t-elle des pratiques moyenâgeuses de Bozizé et du KNK ?
Pour moi, elle annonce la compromission prochaine de son auteur avec le KNK à moins que ce dernier ne s'installe à Nzagarou pour procéder à sa mue car il paraît que les poissons de ce cours d'eau sont parmi les meilleurs de Centrafrique. Bonne mue, Maître.
Zapo Julien