12 juillet 2012
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Denis Christel Sassou Nguesso lautre visage du Congo
À Brazzaville, tout en lui prédisant un destin exceptionnel, bon nombre de gens le voient déjà arborer l’écharpe de député de la Nation aux couleurs du pays. Denis Christel
Sassou Nguesso, 38 ans, figure parmi les candidats du Parti congolais du travail (PCT) aux législatives du 15 juillet 2012. Il se présente à Oyo, fief du chef de l'État, à plus de 400 km au nord
de la capitale. Gros plan sur cet homme discret, intègre et compétent, qui sollicite pour la première fois, le suffrage de ses
compatriotes.
Un sourire aux lèvres, l’air
toujours décontracté… Denis Christel Sassou Nguesso est un homme difficile à cerner. De lui, les observateurs de la vie publique congolaise
disent qu’il est diplomate, soigné, mais aussi humaniste et bienveillant. Il sait, dit-on, se montrer attentif aux autres et d’une disponibilité à toute épreuve. « Même ses détracteurs reconnaissent que ce
qui frappe chez lui, par-delà son goût du secret qu’il cultive, c’est surtout et avant tout, son intelligence et sa culture qui lui confèrent une indiscutable autorité et imposent le respect à
première vue », avance un habitué du Palais présidentiel de Brazzaville.
Ceci dit, dresser en quelques mots, le portrait de Denis Christel Sassou Nguesso, est autrement plus délicat. Tantôt rieur tantôt sérieux, le fils du président congolais a la réputation d’un homme
préoccupé, attentif aux évolutions de son époque et toujours en alerte. Sa candidature aux prochaines législatives
s’inscrit donc dans la droite ligne de ses objectifs, tant l’homme apporte déjà au quotidien, sa contribution à la modernisation du pays dans ses fonctions de ministre directeur général adjoint
de la Société nationale des pétroles (SNPC).
Le fils du chef de l’État congolais sait aussi qu’il est attendu au tournant et, pour être
pris au sérieux et se faire un prénom à côté de son illustre nom, il doit apparaître comme un homme pragmatique, qui mène des actions ayant une réelle répercussion sur le vécu de ses
compatriotes. Il a donc créé, il y a quelques années, la fondation « Perspectives d’Avenir », qui est l’illustration, si ce n’est la démonstration concrète de son
leadership et d’un volontarisme avéré au service du Congo. Les objectifs de cette fondation s’inscrivent en effet, dans le droit-fil des défis de l’heure, à savoir la formation de la jeunesse.
Entre autres actions, « Perspectives d’Avenir » octroie aux meilleurs élèves du secondaire, des bourses d’études pour leur
permettre de poursuivre des études supérieures assez sereinement. C’est en tout cas l’ambition qu’affiche son fondateur.
Un contexte très favorable
Alors que sa dette extérieure
représentait plus de la moitié du PIB, l’accession du Congo, fin janvier 2010, au point d’achèvement de l’Initiative en faveur des
pays pauvres très endettés (PPTE), assortie d’un allègement de près de 100 milliards de FCFA
(152,5 millions d’euros) octroyé par la Banque mondiale, a permis de réduire de moitié l’encours de la dette multilatérale. Conséquence d’une gestion plus rigoureuse des finances publiques.
C’est dire que depuis quelques années, les autorités congolaises écrivent avec force détermination et courage, une
nouvelle page de leur histoire. Après les années de troubles, le pays affiche désormais une image d’Épinal : havre de pays et de stabilité, modèle social et économique dans une région en
proie aux difficultés multiformes. Ici, l’heure n’est plus au gaspillage des deniers de la collectivité. Preuve de cette gestion plus stricte des finances, l’allègement de plus de la moitié de la
dette extérieure du pays. Avec un taux de croissance de 6,7% en 2009 et 9,5% en 2010, le Congo s’est démarqué de l’ensemble de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac),
dont le taux de croissance moyen s’est établi à 4,2 % en 2010 (contre 1,8 % en 2009) et à 5,2 % en 2011. Une belle performance, si on compare également ces chiffres à la croissance
moyenne de l’Afrique subsaharienne (4,9 % en 2010 et 5,5 %, selon les prévisions, en 2011).
Plusieurs facteurs expliquent
ces bons résultats. À commencer par une production record de près de 115 millions de barils de pétrole en 2010. Premier poste d’exportation du pays, l’exploitation pétrolière assure
85 % des recettes de l’État. Dans son sillage, la production de gaz a augmenté de 47 %. Les hydrocarbures partagent donc désormais le rôle de locomotive de l’économie avec le secteur du
BTP. Dopé par les chantiers d’infrastructures, ce dernier a enregistré un taux de croissance de 12,5 % en 2010 (contre près de 10 % en 2009). Les autres secteurs affichent également une
hausse de leurs activités, notamment celles du bois et des industries manufacturières (+ 11,5 % en 2009). Quant aux investissements publics et privés, en hausse de 4,9 %, ils ont
contribué à hauteur de 2,9 % à la croissance en 2010.
Par ailleurs, le rapport publié
en juin 2010 par le Comité monétaire et financier national du Congo, auprès de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), souligne que l’effort engagé par le pays pour consolider la
situation macroéconomique, porte ses fruits et est « susceptible d’impulser une croissance vigoureuse et durable qui pourrait faire reculer la
pauvreté ».
C’est donc dans ce contexte très
favorable que le fils du président congolais a été atteint par le virus de la politique. Même s’il semble avoir le soutien du parti au pouvoir qui a présenté 139 candidats (soit le nombre total
de sièges à pourvoir à l'Assemblée nationale), rien n’est encore joué pour celui qui est désigné par les Brazzavillois comme le probable successeur de son père. Toutefois, lui, cultive parfois à
l’excès, la discrétion. Pas question d’afficher ses ambitions, au risque de se faire griller, définitivement. Espérons néanmoins qu’à l’issue du scrutin du 15 juillet prochain, on le verra
esquisser quelques pas de danse pour célébrer… son triomphe.
Adrien POUSSOU
L’Afrique n’attend rien ou presque de François
Hollande
Le nouveau visage de la politique en France est désormais connu. Après la vague rose des élections législatives, la gauche a tous les pouvoirs et sera désormais comptable de tout
ce qui arrivera dans le pays. Plus question d’attendre les élections suivantes ou de renvoyer aux calendes grecques, les réformes de la société française, que tous les observateurs sérieux
appellent de leurs vœux. Et parmi ces réformes indispensables, devraient figurer en bonne place, nous semble-t-il, les relations de la France avec ses anciennes colonies d’Afrique. Mais en
attendant que le coq français perde ses dents… la poule africaine veut être intraitable sur tout ce qui touche « ses œufs ».
Depuis l’élection de François Hollande à la présidence
française, le scénario auquel l’on a assisté ce 17 juin à l’issue du second tour des législatives, semblait se dessiner. C’est désormais chose faite : la bipolarisation de la France est
achevée. Il y a un gros parti à gauche, le Parti socialiste, un gros à droite, l’ex Union pour la majorité présidentielle (UMP) qui a su résister. Tous les autres partis qui se veulent
différents, ont beaucoup de mal à exister. Ils sont menacés soit de disparition soit d'un rôle de figurants. Ainsi en ont décidé les électeurs français. Au lendemain de ce marathon
électoral 2012 qui s’est achevé ce dimanche 17 juin, il reste un constat à faire et un souhait à exprimer.
Le constat…
La gauche française a désormais tous les pouvoirs. Assemblée,
Sénat, exécutif, la plupart des régions et des grandes villes. Elle a donc toutes les cartes en main pour l’érection d’une France de justice sociale et d’égalité des chances, comme l’avait
promis François Hollande au cours de la campagne présidentielle. Même si, reconnaissons-le, leurs actions seront scrutées par les marchés financiers et par les agences de notation Moody’s et
Fitch qui pourraient, après Standard and Poor's, priver Paris de son triple A, François Hollande et ses partenaires héritent d’une situation guère reluisante pour la France. Puisque l’économie
du pays est sous surveillance, tout comme l’équilibre budgétaire (pour éviter de creuser le déficit public déjà abyssal. D’autant plus que les dépenses supplémentaires pour 2012 sont estimées
à 5 milliards). D’ailleurs sur ce point,
l'Allemagne, première économie de la zone euro, restera inflexible – si la chancelière Angela Merkel est réélue en 2013 du moins. Ce qui conduira
certainement les nouvelles autorités à augmenter la pression fiscale sur les ménages aisés et les grandes entreprises. Outre l’impôt à 75% qui est plus symbolique que rentable, les
riches devront supporter près de 12 milliards d'euros d'impôts supplémentaires. Les grands groupes, quant à eux, passeront à la caisse à hauteur de 17 milliards. Mais selon les cellules de
chiffrage de l'Institut Montaigne et de l'Institut de l'entreprise, ce programme est sous-financé à hauteur de 9,7 à 12,1 milliards d'euros.
Le souhait…
Maintenant que la droite doit se trouver un nouveau chef, une
nouvelle identité et de nouveaux arguments (en sachant qu’aucun des scénarios souhaités par elle n'a vraiment marché, ni les souhaits économiques et sociaux, ni les problématiques sociétales
durcies, et encore moins la conception sarkozienne de la politique mêlant action et communication), il revient à François Hollande d’inventer une nouvelle République, qui se devra d’être
réellement irréprochable. Car, l’unique leçon à tirer des législatives, c’est que le système politique français est épuisé. Il est à bout de forces, suranné et désuet.
Dans ce contexte où le pays se cherche un nouveau souffle et,
où François Hollande se cherche une marque, les États africains, anciennement colonies françaises, devront s’inviter à la table des réformes afin de se démarquer, définitivement, des rapports
incestueux qu’ils peuvent parfois entretenir avec la France. Au lieu de s’enthousiasmer en s’infantilisant de Niamey à Dakar, de Douala, à Cotonou puis Brazzaville, les Africains se doivent
plutôt de créer dès à présent de nouvelles relations avec la France. Au lieu de le célébrer et de parler de lui comme si c’était un membre de leur famille, comme s’il s’agissait d’un oncle
maternel, les dirigeants des États africains dits francophones doivent avoir à l’esprit que François Hollande a été élu par ses compatriotes pour défendre les intérêts de la France et non le
contraire.
À quelle sauce seront-ils mangés par François Hollande et les
jeunes loups, très ambitieux du pouvoir et de la richesse, qui l’entourent ? Telle est la bonne question que les Africains devraient se poser au lieu de se laisser amadouer par la
condescendance suspecte des esclavagistes de naguère qui ont toujours prétendu vouloir les aider à sortir du sous-développement, alors qu’ils pensaient
l’exact contraire. D’autant plus qu’à peine installé à
l’Élysée, le président français a multiplié les contacts avec les chefs d’État africains. De coups de fil en rencontres, il en a profité pour accélérer son initiation, et peut-être suivre les
traces de ses prédécesseurs. Rien ne garantit que cette fois-ci, la méthode du nouveau locataire de l’Élysée vis-à-vis de l’Afrique, soit différente. Déjà quatre ou cinq entretiens au téléphone
avec des chefs d’État, trois réceptions de travail à l’Élysée.
L’optimisme surréaliste, l’excitation et la fascination pour
les bons jeux de mots ayant déclenché les joies stériles dans les chaumières d’Abidjan ou de Conakry, devraient céder la place à la réflexion et à l’action concrète. Il ne faut plus tomber dans
l’angélisme, comme beaucoup l’ont fait après l’élection de Barack Obama à la Maison-Blanche. Il ne faut pas que cette illusion se prolonge. Elle nous maintiendrait à coup sûr dans l’impasse,
dont il faut vite sortir. C’est pour cela qu’il est effroyablement affligeant de voir certains Africains se projeter dans un futur proche, en misant sur un hypothétique bonheur dont les
gratifierait François Hollande. Cela participe malheureusement d'une pitoyable tradition de dépendance éhontée.
La vérité c’est que l’Afrique n’attend rien de François
Hollande, si ce n’est le respect.
La Rédaction
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