http://www.afrik-online.com janvier 15th, 2013
Les négociations de Libreville ont coupé la pomme de discorde en deux : Bozizé reste mais c’est comme s’il n’était plus président. Président honorifique dirait-on, président sur papier, puisque dorénavant, il ne pourra plus cumuler la présidence et le portefeuille de la défense, véritable gilet par balles qui a eu pas mal des trous les jours passés.
En face, nous avons une rébellion hétéroclite qui doit ranger ses chargeurs et ravaler sa détermination. La récréation est terminée. On arrête de se faire peur. Il faut oublier Bangui et rentrer dans les rangs (enfin, pour quelques-uns). Du coup, les chefs militaires se sentent quelque peu trahis car la « bande » s’était donnée le mot pour ne rien céder au départ de l’ogre de Bangui et de focaliser les tractations sur un seul et unique thème : comment Bozizé va quitter le pouvoir ?
Denis Sassou N’Guesso et ses pairs ont eu raison des ambitions pénales de la Séléka contre Bozizé. Une proposition fantaisiste qui n’avait d’ailleurs aucune chance d’aboutir. Et ils le savaient déjà.
Les chefs militaires doivent maintenant se rendre à l’évidence. Ainsi en a décidé Libreville. Les dissidents ont beau dire ne pas être concernés par les accords signés avec leur chef, ils sont obligés de s’y faire : Bozizé reste en place jusqu’en 2016 et doit entre-temps nommer un tout-puissant premier ministre consensuel et « inzapable » proposé par l’opposition politique et la rébellion.
Pour l’heure, seul le nom de Maître Nicolas Tiangaye (« mets-moi », en Lingala, langue parlée au Congo-Brazzaville, pays frontalier de la RCA). François Bozizé espère que la rébellion puisse lui faire une autre proposition mais l’évidence conduit à penser que Maître Tiangaye sera le seul candidat à ce poste, celui-là même qui avait proposé la destitution de Bozizé pour haute trahison et la dissolution de l’assemblée. Il doit choisir entre Tiangaye ou Tiangaye, ce qui revient au même !
Entre ce dernier et Michel Djotodia, le chef du Séléka, le courant passe d’ailleurs très bien !
“Je vais partir de suite pour Brazzaville. Je reviendrai demain (mardi) à Bangui avec Michel Djotodia” avait annoncé l’encombrant très potentiel PM à l’AFP
Dire que cela donne du fil à retors à Bozizé est un euphémisme. En gros, il sauve son fauteuil Présidentiel mais doit se séparer de son gouvernement. C’est ce qui s’appelle se tirer une balle dans le pied. Une expression pas très compliquée pour une personne qui a fait carrière dans le métier d’armes. Il va y avoir des grincements de dents de ce côté-là aussi.
En attendant, Bozizé fait languir les Banguissois. Il fait durer le plaisir. De toute façon, ce sera la dernière fois où il prendra une décision capitale en tant que président. Ça ne s’invente pas !