Radio Okapi 14 août, 2012 à 9:30
Le procès du sénateur congolais Jean-Pierre Bemba, président du Mouvement de libération du Congo (MLC), doit reprendre, ce mardi 14 août, devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI). Il est poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003. Le procès avait été suspendu en juin dernier après l’audition de témoins appelés par les représentants des victimes.
Au cours de la première partie du procès commencé en novembre 2010, le procureur a présenté quarante témoins. A partir de ce mardi matin, c’est au tour de la défense de présenter les siens.
Le premier témoin appelé par la défense sera l’officier français Jacques Seara. Aujourd’hui retraité, il viendrait déposer en qualité d’expert, pour expliquer aux juges comment est organisée l’armée centrafricaine.
Jean-Pierre Bemba a reconnu avoir envoyé ses soldats sur le terrain. Cependant, il a affirmé qu’une fois sur le territoire centrafricain, ils n’étaient plus sous sa responsabilité directe mais sous celle de l’Etat-major de Bangui et du chef suprême des armées de Centrafrique, le président Ange-Félix Patassé.
Le sénateur congolais n’a pas contesté que des viols, des meurtres et des pillages aient pu être commis sur le terrain. Mais, il a affirmé que toutes les parties au conflit, dont les hommes du général Bozizé, actuellement au pouvoir en Centrafrique, ont commis de tels crimes.
Il a allégué, par ailleurs, que les crimes commis par les hommes du MLC n’étaient pas le résultat d’une politique, mais le fait de débordements de quelques soldats. Selon lui, il s’agissait des dommages collatéraux de la guerre.
L’ancien vice-président de la RDC a l’intention d’appeler plusieurs officiers centrafricains et congolais à la barre. Les juges lui ont donné huit mois pour présenter ses soixante-trois témoins. La liste de ces témoins est encore confidentielle. Mais, Jean-Pierre Bemba devrait lui-même se présenter à la barre pour donner sa version des événements survenus il y a dix ans, selon des sources judiciaires.
A la demande de l’ancien président, Ange-Félix Patassé, il avait envoyé ses soldats du MLC en renfort pour contrer la rébellion de François Bozizé.
RDC: la parole est à la défense dans le procès de Jean-Pierre Bemba devant la CPI
LA HAYE (Pays-Bas)14 août - La défense de l'ex-vice-président de la République démocratique du Congo Jean-Pierre Bemba a entamé mardi la présentation de son dossier devant la Cour pénale internationale, visant notamment à prouver que l'accusé n'avait pas le contrôle direct de sa milice en Centrafrique en 2002 et 2003.
"Nous entrons dans un nouvelle phase" du procès, a déclaré la juge Sylvia Steiner peu après l'ouverture de l'audience à La Haye, où siège la CPI, avant que la défense n'appelle son premier témoin, un expert militaire français.
Le général en retraite Jacques Seara était entendu au sujet d'un rapport qu'il a écrit dans le cadre du procès de M. Bemba et portant notamment sur la structure de commandement des forces armées lors du conflit en Centrafrique visé par l'acte d'accusation. Son témoignage devait se poursuivre dans l'après-midi.
M. Bemba, 49 ans, est accusé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, à savoir des viols, pillages et meurtres, commis entre le 26 octobre 2002 et le 15 mars 2003 en Centrafrique par sa milice du Mouvement de libération du Congo (MLC).
Quelque 1.500 hommes du MLC s'étaient rendu en Centrafrique en octobre 2002 pour en soutenir le président Ange-Félix Patassé, victime d'une tentative de coup d'Etat menée par le général François Bozizé.
Le général Seara n'a pas fait dans la matinée de commentaires directs sur l'éventuelle responsabilité de M. Bemba dans les actions du MLC en Centrafrique, mais a assuré que "le commandement des opérations pendant toute la durée du conflit était centrafricain".
"On ne peut pas imaginer dans ce type de conflit qu'un élément travaille en électron libre", a-t-il affirmé, ajoutant au sujet du MLC : "ils ne menaient pas leur guerre à eux, ils menaient la guerre que voulait la République centrafricaine pour rétablir l'Etat de droit".
L'avocat de M. Bemba, Aimé Kilolo, avait assuré lundi à l'AFP que son client était "plus combatif et déterminé que jamais à démontrer la vérité, à savoir que le contrôle direct du MLC appartenait aux autorités centrafricaines" et non à l'accusé, comme le soutient le bureau du procureur.
Les juges ont accordé à la défense 230 heures d'audience au total pour présenter les 63 témoins qu'elle a l'intention d'appeler.
Le bureau du procureur avait pour sa part terminé le 21 mars la présentation de ses éléments de preuve contre M. Bemba, dont le procès s'était ouvert le 22 novembre 2010. Interpellé le 24 mai 2008 par les autorités belges, il plaide non coupable et encourt la prison à perpétuité.
Vice-président de la RDC de 2003 à 2006, Jean-Pierre Bemba avait été battu au second tour de l'élection présidentielle de 2006 par l'actuel chef de l'Etat Joseph Kabila.
Il s'était ensuite exilé à partir de 2007 au Portugal et en Belgique après que le gouvernement congolais l'eût accusé d'entretenir une milice et que le parquet général eût ouvert une information judiciaire contre lui.
La CPI a autorisé 2.287 victimes à participer à la procédure contre M. Bemba, un chiffre record.
Entrée en fonction à La Haye en 2003, la CPI est le premier tribunal pénal international permanent chargé de juger les auteurs présumés de génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
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