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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 19:50

 

 

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 Jeudi, 09-12-2010

 

Propos liminaires

 

Le troisième congrès ordinaire du Rassemblement Démocratique Centrafricain a restauré tous ses organes statutaires, l’a doté d’une direction légitime et a investi son candidat à l’élection présidentielle prochaine. Le succès incontestable de ce congrès a surpris certains, réduit à néant les projets machiavéliques d’autres mais surtout a redonné confiance à tous les militants.

 

Aussi, après une brève période difficile de son existence, le RDC retrouve-t-il toute sa place sur l’échiquier politique national et entend pleinement jouer le rôle que lui reconnait la Constitution de notre pays : l’animation de la vie politique. C’est dans ce cadre que vous avez été conviés à cet échange que nous espérons fructueux et utiles pour la nation toute entière.

Vous le savez, la République Centrafricaine est entrée, depuis 2002, c’est-à-dire 8 années déjà, dans une période trouble marquée d’incessantes rébellions.

 

Celles-ci entretiennent une insécurité chronique et une situation de ni guerre ni paix. L’attaque de la ville de BIRAO, le 24 novembre dernier par « la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) » pendant que le pays préparait les festivités du cinquantenaire de son indépendance, illustre bien cette situation.

 

Par ailleurs, les populations centrafricaines espèrent que les élections législatives et présidentielles groupées à venir soient justes et transparentes afin que la confiance revienne entre gouvernants et gouvernés. Car c’est grâce à la confiance retrouvée que, tous rassemblés, nous travaillerons à la restauration de la paix et de la sécurité. Or, tout porte à croire que nous nous écartons chaque jour davantage de cette transparence. Ces élections sont mal préparées et le dysfonctionnement de la CEI chargée de leur préparation semble être délibérément organisé par monsieur BINGUIMALE, son président.

 

Le Bureau Politique du Rassemblement Démocratique Centrafricain a jugé utile d’informer les Centrafricains sur ces deux questions majeures pour le devenir de notre pays tout en affirmant ses positions au regard des données dont il dispose.

 

I- L’ATTAQUE DE BIRAO

 

C’est avec stupéfaction que le RDC a appris, dans la journée du mercredi 24 novembre 2010, la nouvelle attaque de la ville de Birao revendiquée par la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP), mouvement de rébellion non signataire d’accord de paix avec le gouvernement. Les combats qui en ont suivis, mettant en œuvre l’aviation et des blindés, ont fait de nombreuses victimes civiles et ont poussé la population à se réfugier hors de cette ville.

 

Cette ville, on le sait, a été déjà attaquée plusieurs fois. Compte tenu de sa position géographique et des évènements au Darfour qui lui est voisin, un gouvernement responsable aurait pris les mesures nécessaires pour sa protection et sa défense. Rien n’a été fait. Pour ce gouvernement qui excelle dans la prédation, la protection des personnes et des biens ainsi que la défense de l’intégrité du territoire ne constituent en rien un devoir. C’est aux forces de défense et de sécurité des pays amis et frères que ce gouvernement confie la défense de l’intégrité de notre territoire : l’Ouganda dans le Haut-Mbomou et peut être bientôt le Tchad dans les préfectures du nord, le Cameroun dans celles de l’ouest et les deux Congo dans les régions du sud

Ce qui constitue un des signes distinctifs du RDC est qu’il est sans conteste le parti centrafricain épris de paix et de justice. Il ne saurait rester indifférent à la situation de détresse que vit une partie de la population centrafricaine. En outre, pour les échéances électorales de 2011, la paix sur toute l’étendue du territoire est un impératif catégorique.

 

Pour toutes ces raisons, tout en condamnant les douloureux évènements de BIRAO, le RDC appelle le Gouvernement à plus de responsabilité et lui demande de reprendre langue, sans délai, avec le CPJP aux fins d’aboutir à la conclusion d’un accord de paix. Le RDC est prêt à soutenir toute partie qui s’engage sincèrement dans un processus de paix car, et l’histoire de notre pays nous le rappelle quotidiennement, en dehors des marchands d’armes, personne ne peut sortir gagnant d’une guerre civile avec son cortège de morts et de destructions.

 

II-LE FONCTIONNEMENT DE LA CEI ET SON INCIDENCE SUR LE BON DEROULEMENT DU PROCESSUS ELECTORAL

 

La République Centrafricaine a déjà organisé quatre élections pluralistes réussies : 1993, 1998, 1999 et 2005. La réussite de celles de 2005 fut jugée si exemplaire par les Nations Unis que des cadres centrafricains ayant contribué à ce succès ont été recrutés pour aider, avec l’expérience acquise, la République de Côte d’Ivoire à organiser ses élections de sortie de crise ; nous connaissons les résultats. Notre pays dispose donc d’une expérience et des compétences en matière électorale. Il ne devrait donc avoir ni tergiversation ni cafouillage dans la préparation des élections en Centrafrique si tous, sans agenda caché, nous voulons aller à des élections crédibles, justes et transparentes. Or, au regard du fonctionnement de la CEI et du comportement affiché de son Président, si rien n’est fait, nous irons à un simulacre d’élections avec toutes les conséquences prévisibles pour la stabilité du pays et donc pour son développement.

 

II-1 Les dysfonctionnements de la CEI

 

Aux termes des dispositions des articles 35 et suivants du Règlement Intérieur de la CEI, les décisions sont prises par CONSENSUS ou par VOTE à la majorité des ¾ des membres présents (article 37 alinéa 1). Mais cette procédure de prise de décision ne peut valoir, que si les réunions en plénière sont tenues. Or, cette plénière hebdomadaire dont le principe est adopté ne se tient jamais faute de convocation par le Président de la CEI. En conséquence, les décisions de la CEI ne sont prises que par le Président seul, ou quelquefois assisté de ces acolytes, au mépris des dispositions du Règlement Intérieur.

 

Par ailleurs, la non tenue des plénières de la CEI permet au Président d’organiser la rétention systématique de l’information. Et, pour faire semblant de partager les informations, il a instauré des « réunions de restitution » pour informer juste le bureau de la coordination de la CEI souvent réduit à lui-même, le 1er Vice-Président , le Rapporteur Général et parfois le Rapporteur Général Adjoint.

Ainsi, l’information circule mal au sein de la CEI avec comme conséquence son mauvais traitement et la non collégialité dans les prises de décisions importantes.

 

II-2 Les interventions flagrantes du Chef de l’Etat dans les prises de décisions et la gestion de la CEI

 

Tout observateur de bonne foi note d’abord la volonté affichée du Chef de l’Etat, un concurrent parmi d’autres, de contrôler tout le processus électoral et même d’édicter des règles en dehors de celles prévues par le Code Electoral. Cette volonté ne se justifie que par l’obsession de s’assurer de la réussite d’un HOLD UP ELECTORAL. Quelques cas relevés ici en sont des preuves irréfutables :

- Le 25 février 2010, le Président de la CEI apporte au Chef de l’Etat, certainement à sa demande, un rapport non validé par la plénière de la CEI pour lui permettre de convoquer le même jour le corps électoral. La synchronisation est plus que surprenante.

 

- Le dix aout 2010, la classe politique signe un accord portant adoption du chronogramme révisé relatif au processus électoral de 2010. Ce document arrête la période du 08 novembre au 08 décembre comme celle de réception, d’enregistrement et de traitement de dossiers de candidature. Sur instruction du Chef de l’Etat, le président de la CEI annonce par simple communiqué radio le 21 octobre qu’il a ramené cette période du 28 octobre au 08 novembre en violation flagrante du Code Electoral qui fixe ce délai à un mois comme prévu dans le chronogramme révisé. On connait la suite et les objectifs visés.

 

Il convient ici de rappeler que le Chef de l’Etat brille en Afrique par sa propension à violer la Loi. Le Premier Magistrat du pays est celui qui ignore allégrement la Loi peut-être pour donner une bonne assise à l’impunité devenu méthode de gouvernement. Le cas le plus flagrant dans le cadre de la préparation de ces élections est son refus de se soumettre à la décision de justice relative au découpage électoral.

II-3 L’état de préparation des élections à moins de 45 jours du 1er tour

a) Il est de notoriété publique que les listes électorales n’ont pas encore été établies. Conformément à la Loi, elles doivent d’abord être affichées dans chaque localité pour vérification. Ce n’est qu’après les corrections qu’elles sont validées pour servir de base à la confection des cartes électorales.

 

b) Les anciennes cartes électorales manuelles et informatisées ont servi de récépissés lors du recensement électoral ; elles ne peuvent donc servir de documents pour le prochain vote. En outre, nous savons que beaucoup d’électeurs recensés ne disposent pas de ce récépissé, notamment ceux des régions où sévissent les rébellions. Il est donc indispensable d’avoir pour tous les électeurs identifiés le même type de carte d’électeur.

 

c) Enfin, le nombre de bureaux de vote et leurs emplacements demeurent à ce jour inconnus. Or, c’est grâce à la connaissance du nombre de bureaux de vote que la CEI propose au Ministre de l’administration du territoire la nomination des présidents de bureaux de vote 45 jours avant le début de la campagne électorale fixé au 08 janvier.

 

III- EN GUISE DE CONCLUSION

 

Jamais la République Centrafricaine n’a fait montre d’un niveau d’incompétence aussi élevé dans l’organisation des élections. Par ailleurs, nous avons acquis de solides expériences dans ce domaine. En définitive, les errements et les blocages observés résultent d’une part de la médiocrité des dirigeants et, d’autre part de la volonté du Président candidat d’organiser un holdup électoral. A cet effet, il convient ici de rappeler aux uns et aux autres que dans notre pays, aucun Président de la République dont l’élection a été contestée n’a pu terminer son mandat.

 

Au regard de ce qui précède, la démission du l’actuel président de la CEI qui, non content de se révélé notoirement incompétent s’est permis de faire allégeance au Chef de l’Etat, conduisant ainsi l’institution a perdre son indépendance, c’est-à-dire son âme. Cette démission permettra à la CEI de repartir sur de nouvelles bases plus saines. La garantie de la transparence est à ce prix.

 

Par ailleurs, les Centrafricains veulent sortir définitivement de cette période de crise à répétition pour se focaliser sur les conditions de leur bien-être. Pour cela il nous faut la paix, une paix véritable que l’on ne peut obtenir que par la négociation et le dialogue permanent. Cette paix véritable et l’instauration d’un dialogue fécond ne peuvent advenir que si la légitimité des dirigeants découle d’élections justes, libres et transparentes.

 

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Politique