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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 19:57

 

 

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Monsieur le Président,

Dans une interview à Radio Ndéké Luka le 10 Octobre 2010, j'avais souhaité que les élections du 23 Janvier 2011 ne soient pas "une simple consolidation de pouvoir" c'est à dire un rendez-vous manqué avec l'histoire.

Je dois avouer, Monsieur le Président, que vous ne m'avez pas entendu. L'opposition non plus n'a pas fait une lecture claire de ma pensée en décidant d'aller à ces élections, sachant bien que les dés étaient pipés d'avance. Peut-être pensait-elle détenir une miraculeuse stratégie gagnante. L'actualité ne leur donne hélas pas raison, encore une fois.

Il faudra maintenant se rendre à l'évidence que le 23 Janvier 2011, les Centrafricains ont pris part à une véritable mascarade électorale, la pire élection jamais organisée en Centrafrique, la honte du pays tout entier. L'espoir d'une paix durable et d'un développement harmonieux sera relégué une fois de plus aux calendes grecques. A mon âme corps défendant, je dois avouer que l'instabilité continuera de prévaloir. La sagesse politique voudrait qu'elle soit réorganisée, avec sérénité et efficacité, dans le consensus, avec une Commission Electorale dirigée par une personnalité compétente, intègre et patriote, dont le nom serait accepté par tous.

Monsieur le Président, le monde est en train de changer. Il suffit pour vous en rendre compte, de suivre l'actualité, surtout celle de notre continent. Les dictatures les plus sanguinaires vacillent les unes après les autres, puis disparaissent du jour au lendemain ; leurs puissants animateurs soudain devenus des parias, rejetés par leurs parrains, pourchassés sans merci à travers le monde, leurs biens confisqués ou récupérés sans ménagement.

Combien de temps encore comptez-vous confisquer le pouvoir contre la volonté du peuple, avec l'aide d'une bande de citoyens sans scrupules, violents et incompétents, et vos sbires et autre progéniture toujours si prêts à en découdre physiquement ou armes à la main avec quiconque n'est pas dans votre camp politique? Je vous rappelle opportunément cet adage de nos "cousins" Français: « jeu de mains, jeu de vilains ». Quand on est Président de la République, de surcroit Pasteur, on ne doit pas encourager la violence. On doit la combattre, d'où qu'elle vienne, en particulier lorsqu'elle est perpétrée par son propre entourage. Vous devez être l'exemple, le phare, notre Père, la personne chez qui tout Centrafricain en détresse trouverait refuge.

Je passerai de commentaires sur les 18/20 que vous vous êtes donné au micro de RFI s'agissant de vos bilans de sept années à la tête du pays. Cela ne fait pas rire les populations des riches régions diamantifères du Sud-Ouest qui connaissent la famine, jamais enregistrée dans l'histoire du pays, encore moins les centaines de milliers de déplacés, de veufs et veuves de l'Ouham et l'Ouham Péndé, ainsi que les nombreux chômeurs diplômés qui peinent à se procurer le minimum vital au quotidien. Et la liste est loin d'être exhaustive.

Plus récemment, dans une interview sur Africa24 diffusée le 3 Février 2011, vous dites, et je cite: "nous n'avons pas de problèmes politiques avec la LRA". Monsieur le Président, cela veut dire en d'autres termes que "vous êtes politiquement d'accord avec la LRA", une horde de bandits étrangers qui occupent une partie du territoire national, brulent nos villages, tuent nos compatriotes, violent nos filles, nos femmes, nos sœurs, et les transforment en esclaves sexuelles. Cela est très grave. Le comprenez-vous comme moi, Monsieur le Président?

Vos Conseillers ont-ils regardé votre Interview avant sa diffusion? On ne vous demande pas d'être le plus brillant des Centrafricains, mais vos fonctions exigent de vous une intelligence politique au-dessus de la moyenne, un sens aigu de la communication. Je vous assure que vous nous offensez sans cesse dans vos discours en Sango; et vous trouvez cela normal, parce que, selon vous, vous vous adressez à nous, Centrafricains, autrement dit, des êtres sans émotion, sans intelligence, qui ne sont pas dignes de respect. Cela est inacceptable, Monsieur le Président.

J'ai beaucoup et maintes fois hésité de vous dire, que j'aurais tant voulu être fier de mon Président, tant voulu entendre déclarer çà et là qu'il est à la hauteur des charges Présidentielles, qu'il est le bâtisseur d'une nation prospère, un homme d'Etat respecté par tous, bienveillant avec son peuple, même avec ceux qui ne sont pas d'accord avec lui, un père pour tous les Centrafricains; bref un digne fils de Centrafrique.

Mon conseil : il est temps que vous changiez de cap, à 180 degrés, au risque d'être rattrapé, tôt ou tard, par une quelconque révolution. Souhaitez-vous vraiment cette dernière? Car l'histoire se moque souvent de ceux qui la considèrent comme un terrain vague sur lequel ils peuvent se soulager en toute impunité.


Gaston Mandata. N'Guérékata


Le 7 Février 2011


Baltimore, Maryland, USA

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Politique