RFI jeudi 24 mars 2011
Le deuxième tour des législatives qui aura lieu ce dimanche 27 mars 2011 en Centrafrique est boycotté par les candidats de l'opposition qui contestent toujours la régularité du premier tour des deux scrutins, présidentiel et législatifs. Le président sortant François Bozizé a été déclaré vainqueur dès le premier tour. Un rapport d’experts électoraux pointe toute une série de « dysfonctionnements et des irrégularités majeures » lors des scrutins du 23 janvier 2011.
« Des multiples carences, dysfonctionnements et irrégularités ont émaillé le déroulement du processus électoral en Centrafrique ». C'est ce qu'explique le rapport des experts de l'Union européenne. Le rapport remet en question l'indépendance de Commission électorale.
« Le président de la CEI, un proche du chef de l’Etat, a été », peut-on lire, « l’un des rouages essentiels des irrégularités constatées ». Les experts parlent de « graves dérives » avant et pendant le scrutin, comme le remplacement de la liste électorale informatisée prévue par le code électoral par une liste manuelle, l’installation de nombreux bureaux de vote au domicile des chefs de villages ou des chefs de quartier et rétention généralisée des procès-verbaux de résultats.
Les experts relèvent aussi le nombre très élevé de votes par dérogation : plus de 53 000 selon la Cour constitutionnelle. Les auteurs du rapport évoquent des « indices probants de votes multiples » et des « présomptions de bourrage d’urnes ». On apprend par exemple que pour moins de deux millions d'électeurs inscrits, près de trois millions de cartes ont été fabriquées à la demande de la Commission électorale. Cela relève « d'un système organisé de fraude », estiment les experts.
En conclusion, le rapport de l'Union européenne, affirme qu'« au regard des critères internationaux de sincérité et d’équité régissant les élections démocratiques, les scrutins du 23 janvier 2011 sont sujets à caution ».
NDLR : Avec les révélations du rapport des experts de l’Union Européenne sur la mascarade électorale du 23 janvier en RCA, on comprend pourquoi Bozizé s’est précipité pour organiser sa pseudo investiture. Après ce qui apparaît de plus en plus clairement comme un véritable hold-up électoral et un passage en force, celui-là même qui a grandement contribué au financement des opérations électoral à savoir l’UE, se voit dans l’obligation de ne pas cautionner une telle forfaiture, un tel déni de démocratie.
Par son comportement médiéval, Bozizé et son KNK ont poussé le bouchon de leur impérialisme trop loin au point de dégoûter tout le monde à présent, y compris leurs alliés de la fameuse majorité présidentielle et de se retrouver à présent dans une situation d’isolement quasi-total vis-à-vis d’un aussi important partenaire comme l’UE. Le régime de Bozizé est gravement en déficit de démocratie. Comme le Togo d'Eyadéma, il réunit aussi depuis longtemps toutes les conditions pour être mis au ban de la communauté internationale. L’omnipotence de sa garde présidentielle, les violations répétées des droits de l'homme, les disparitions des hommes politiques, les fraudes à grande échelle aux élections, l'arbitraire et autres cas de déni de justice de ce régime, sont autant de contre-indications inacceptables qui doivent le disqualifier; il est en effet temps que le monde entier s’en aperçoive. Que l’UE boycotte l’investiture de Bozizé comme elle l’a fait, voilà un bon début… !