11 janvier 2013 – 11 mars 2013. Voici deux mois jour pour jour qu’ont été signés à Libreville (Gabon) sous les auspices de la CEEAC et en présence de plusieurs chefs d’état et de gouvernement ou leurs représentants, les différents protagonistes de la crise politico-militaire qui a failli balayer du pouvoir dans les toutes dernières semaines de l’année 2012, le général président François BOZIZE YANGOUVONDA par une coalition de mouvements rebelles dénommée SELEKA.
Outre la signature de l’Accord politique et bien d’autres documents importants qui ont été âprement négociés, on retiendra surtout que les discussions de Libreville ont surtout permis l’adoption d’un accord de cessez-le-feu qui a évité aux populations de la capitale Bangui, une entrée certaine mais très redoutée et aux conséquences imprévisibles, de la coalition rebelle.
Force est de constater et le moins qu’on puisse dire est que le schmilblick centrafricain n’a nullement avancé. On a la nette impression de tourner en rond. Les seuls points positifs qui résultent des Accords de Libreville sont seulement la nomination comme Premier Ministre de Nicolas TIANGAYE et la formation du gouvernement d’union nationale dont l’annonce par un coup de force de BOZIZE a encore malheureusement inauguré le retour aux vieux démons du général président.
Depuis, plus rien. Comment comprendre qu’il a fallu plus d’un mois au représentant du médiateur, le général congolais Noel ESSONGO pour revenir de Brazzaville prendre son poste à Bangui. Pendant ce temps, le président du comité de suivi, le président Denis SASSOU NGUESSO est abreuvé de rapport, de requêtes et autres, mais aucune suite n’est donnée. On note aussi que depuis la signature des Accords de Libreville, Mmes Margaret VOGT du BINUCA et Hawa YOUSSOUF AHMED de l’UA sont allées s’entretenir avec le président tchadien sur la situation en RCA mais rien n’a filtré de leur entretien. BOZIZE est celui qui profite le plus de non mise en œuvre de ce qui est prévu concrètement dans les dispositions des Accords de Libreville.
Pour le reste, on assiste impuissant aux difficultés du gouvernement à réaliser le cantonnement des éléments sur le terrain de Séléka qui prennent prétexte, et on peut les comprendre, sur le refus de BOZIZE de libérer les prisonniers politiques et de de faire se retirer les troupes sud-africaines dont on constate paradoxalement plutôt au renforcement de la présence dans le pays. L’évacuation sanitaire et l’absence du nouveau ministre de la défense Michel DJOTODIA sur Libreville s’ajoutant à cette situation n’arrangent pas non plus les choses.
Seuls occupent les devants de la scène nationale dans un insupportable et infantile dialogue de sourd, Séléka de Bangui avec Christophe GAZAM-BETTY, Mohamed DHAFFANE, Séléka du terrain avec NOURREDINE Adam, le « colonel » NARKOYO, Levy YAKITE et COCORA, Steve YAMBETE, David GBANGA, Javan PAPA ZAMA et Abakar PIKO pour le compte de BOZIZE qui signe des décrets à tour de bras pour nommer ici et là et rappeler à ses côtés à la présidence ses hommes de main qu’il n’a pu placer dans le gouvernement ou ses complices à l’état-major ou au ministère de la défense.
Autre fait à signaler : les réparations à la hâte des hélicoptères ukrainiens achetés il y a longtemps par le mêmeYANGOUVONDA et son fils et certaines dispositions militaires en hommes et matériels qu’il ne cesse de prendre en déployant les Faca et des mercenaires dans certaines villes de province. Aujourd’hui, on apprend la prise de contrôle des villes de Gambo et Bangassou par les rebelles qui prendront sans doute dans les prochaines heures Rafaï et d’autres villes dans leur foulée. C’est hélas le seul langage que comprend BOZIZE, celui de la force et du crépitement des armes car à chaque fois, il ne devient raisonnable que lorsqu’il est mis dos au mur et d'appeler à l'aide.
La Rédaction