Le vent de force 4 qui a commencé à souffler sur la planète depuis le Nord de l’Afrique par la Tunisie et qui a déjà déboulonné du pouvoir deux chefs d’Etat de l’envergure de Zine Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak continue de faire des dégâts non seulement au Maghreb et dans les autres parties du monde arabe mais aussi en occident. En France, le Quai d’Orsay, siège de la diplomatie de la France est dans un état d’effervescence directement engendrée par la situation tunisienne en raison l’accumulation des turpitudes successives de sa ministre qui vient d’être limogée, et de celles de l’ex-ambassadeur de France en Tunisie et son jeune et bouillant successeur.
Ces derniers jours en effet, plusieurs diplomates français qui ont voulu conserver l’anonymat, n’ont pas manqué de dénoncer dans les médias le naufrage de la diplomatie française de ces dernières années où des ambassadeurs comme celui qui venait d’être relevé de son poste à Tunis et celui actuellement en fonction à Bangui en République centrafricaine, engoncés dans une certaine vision politicienne et obsolète, abreuvent leur hiérarchie parisienne avec des notes et télégrammes diplomatiques qui font le jeu des dictateurs comme hier Ben Ali ou François Bozizé, auprès desquels ils sont accrédités. Voici en quels termes le groupe Marly s’en est pris aux errements actuels de la diplomatie française :
« Aujourd'hui, la diplomatie a de nouvelles et passionnantes missions. Son rôle est d'anticiper pour aider à la décision du politique. Sa fonction prospective qui s'était peu à peu étiolée doit redevenir majeure.
Non, en janvier il n'y avait pas dans les notes et télégrammes de quoi anticiper ce qui se passe aujourd'hui dans le monde arabe. La France n'a pas su comprendre ce qui était en train de se produire. Pas plus qu'aucun autre pays d'ailleurs. Est-ce que cet aveuglement général nous excuse ? Evidemment pas. Cela nous oblige à réfléchir sur les causes profondes de ce manque de discernement qui ne date pas d'hier.
En Centrafrique, l’ambassadeur de France en poste depuis 2008 intoxique littéralement sa hiérarchie à Paris avec des notes ayant pour seul objectif d’assurer le maintien du dictateur sanguinaire Bozizé au pouvoir. Le résultat de cette cécité est que la France a contribué financièrement aux côtés de l’Union Européenne au financement d’une mascarade électorale dans ce pays comme l’a dénoncé le fameux hebdomadaire satirique parisien paraissant le mercredi.
Si au Maghreb et dans certains pays du monde arabe, la vieille politique diplomatique de la France a consisté à maintenir en place contre vents et marées des dictateurs et autocrates au pouvoir sous le prétexte qu’ils étaient les meilleurs remparts contre l’islamisme et le terrorisme, en Centrafrique, quelle peut être la justification du soutien inconditionnel de l’ambassadeur de France au despote sanguinaire et prédateur François Bozizé ?
Les récentes déclarations contradictoires et cyniques du porte-parole du Quai d’Orsay au sujet de la situation postélectorale en Centrafrique montrent bien que son analyse est grandement influencée par les rapports mensongers de l’ambassadeur de France à Bangui qui a toujours tenté de minimiser la gravité des fraudes massives pourtant constatées par tous lors du double scrutin du 23 janvier dernier, afin de faire valider la scandaleuse «élection » de François Bozizé à la présidentielle et celle de ses enfants, ses femmes, ses sœurs, ses neveux, cousins et autres membres de son clan à l’assemblée nationale.
Le scrutin du 23 janvier était bel et bien un double scrutin, donc le principe de l'indivisibilité des scrutins doit absolument prévaloir. On ne peut qu’être surpris par les propos du porte-parole du Quai d’Orsay qui, dans un jugement de Salomon qui n'honore pas la France réussit l’alchimie consistant à distinguer la présidentielle des législatives. Que dit-il du rapport de l'OIF?
Pour l’ambassadeur de France à Bangui, Bozizé a restauré la stabilité dans le pays par le paiement régulier des salaires et que sa réélection au premier tour est logique. Toujours d’après lui, l'opposition n'a a rien fait sur le terrain depuis les dernières élections de 2005, alors qu'il a été régulièrement informé du travail accompli et des nombreux déplacements sur le terrain de Martin Ziguélé par exemple du MLPC et des multiples tracasseries de tous ordres des différents ministres de l'Administration du Territoire pour l’empêcher justement de travailler, alors que le secrétaire général du KNK Elie Ouéfio battait tranquillement campagne.
Où était cet ambassadeur quand l’opposition réclamait l'informatisation des listes et des cartes électorales comme le code électoral l'exige ? C’est lui, avec son parti pris pour Bozizé, qui fait pourtant l’objet d’un rejet massif par ses compatriotes, qui crée les conditions de violence qui couve actuellement en RCA et que M. Jean-Pierre Vidon est incapable ou ne veut pas percevoir. C’est cette vérité qui doit être entendue à Paris où plusieurs voix s’élèvent et en France d’une manière générale, pour exiger que la diplomatie de la France soit mise au service de l’amitié de la France avec les peuples qui se lèvent pour exiger la démocratie, la liberté, le respect des droits de l’homme, autant de valeurs qui sont aux antipodes de la politique éculée d’un Bozizé qui n’a aucune vision ni noble ambition pour son pays et de sa gouvernance faite de prédation, de nombreuses violations de droits de l’homme et de médiocrité.
La Rédaction C.A.P