Centrafrique-hostilités : la rébellion accusée
Par Europe1.fr avec AFP
Le ministère de la Défense centrafricain a accusé mercredi dans un communiqué la coalition rebelle du Séléka de poursuivre "sa conquête" dans les régions du nord et du centre sud, malgré l'accord de sortie de crise signé avec le gouvernement au Gabon le 11 janvier.
"Malgré l'accord de Libreville, malgré le cessez-le-feu, la coalition Séléka continue sa conquête", attaquant notamment une zone d'extraction de diamant, "la ville de Kembé (centre sud), suivi de pillages, de destruction d'édifices publics et d'assassinats", a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère de la Défense Jean Ladawa.
Assassinat d’un gendarme à Kémbé, promesse d’une plainte contre Séléka bientôt à la CPI
Radio Ndéké Luka Mercredi, 23 Janvier 2013 13:28
« Si le décès de notre est avéré, nous demanderons l’appui du nouveau Premier ministre pour ester une action devant la Cour Pénale Internationale contre Michel Djototjia et Séléka. C’est la substance d’un sit-in organisé ce 23 janvier devant la primature par la famille d’un Commandant de Brigade de la ville de Kémbé (centre-est).
L’officier de la maréchaussée serait tué au cours de la prise vendredi, de la ville de Kémbé par la coalition des rebelles de la Séléka. Une prise pendant laquelle, d’importants biens matériels ont été importés.
Le reporter de Radio Ndeke Luka qui a fait le déplacement de la primature a remarqué que les membres de la famille du probable défunt se sont munis des rameaux. Larmes aux yeux, ils ont même momentanément perturbé la circulation avant d’être déguerpis par les forces de l’ordre.
En l’absence du Premier ministre maitre Nicolas Tiangaye, c’est finalement le Directeur de cabinet sortant Simplice Sarandji, qui a reçu cette famille en détresse.
Selon Arsène Goro Nguerelessio, aîné du Commandant de Brigade, « la famille a voulu obtenir plus de lumière sur la situation de leur parent. Pour lui, il y’a un doute qui plane encore et c’est cette même famille qui a tenu informé les autorités. Au cas où les faits seront établis, la famille n’aura le dernier recours qu’à la CPI, seule voie d’obtention de réparations ».
Par ailleurs, Michel Djotodia, leader de la coalition Séléka, poursuit ce 23 janvier une tournée dans les villes conquises. L’objet de cette mission est de rendre compte des conclusions de la rencontre de Libreville du 11 janvier dernier.
A Kaga Bandoro (nord) par contre, la Séléka a invité le 22 janvier dernier la population à reprendre ses activités quotidiennes. 3 colonels, issus du rang de cette rébellion, ont tenu une réunion avec les autorités municipales à cet effet.
Au cours des échanges, les rebelles ont reconnu leurs exactions. Ils ont pris l’engagement de protéger désormais cette population contre d’éventuelles exactions rebelles. Par la même occasion, ces derniers ont surtout exhorté les douaniers et les fonctionnaires à reprendre leur service.
NDLR : Certaines informations font état de ce que les incidents de Kembé auraient été perpétrés par des individus commandités par la bozizie pour commettre des exactions et les mettre sur le dos de Séléka. D'autres font état de ce que le gendarme en question ne serait pas non plus tué. Une enquête sérieuse s'impose pour faire la lumière. La seule présence de Steve Yambété et Lévy Yakité parmi les personnes qui avaient tenté de manifester devant la primature le mercredi 23 janvier est très suspecte et cache mal la volonté du pouvoir boziziste de récupérer politiquement cette affaire. Pour ce qui concerne l'éventualité d'une plainte devant la CPI pour cette affaire, on devrait commencer par les auteurs des crimes antérieurement commis par Bozizé et les assassins bien identifiés autour de lui qui sont toujours en liberté tels que les capitaines Eugène Ngaikoisset alias le boucher de Paoua, Vianney Semndiro, Olivier Koudémo alias Gbangouma et autres pour ne citer que ceux-là. Levy Yakité à qui la CPI devrait s'intéresser, continue tranquillement de racketer impunément les commerçants libanais pour le profit de sa poche et son tristement déjà célèbre COCORA
Centrafrique : à quoi joue la Séléka ?
Jeune Afrique 23/01/2013 à 19h:32 Par Vincent Duhem
Le gouvernement centrafricain a accusé, mercredi 23 janvier, les rebelles de la Séléka d’avoir attaqué de nouvelles villes. La coalition opposée à François Bozizé semble en proie à de fortes dissensions internes.
Voici qui ne va pas faciliter la tâche du nouveau Premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye. « Malgré l'accord de Libreville [signé le 11 janvier, ndlr], malgré le cessez-le-feu, la coalition Séléka continue sa conquête, attaquant notamment une zone d'extraction de diamants à Dimbi et la ville de Kembé dans le centre-sud, attaques suivies de pillages, de destruction d'édifices publics et d'assassinats », a affirmé, mercredi 23 janvier dans un communiqué, le porte-parole du ministère de la Défense Jean Ladawa. Selon le texte, des troupes de la Séléka ont également fait une incursion dans le parc d'Awakaba, au nord.
Le calme est en revanche revenu à Bangassou (sud-est), après que des informations faisant état d’une avancée rebelle aient provoqué la panique de la population. « Certaines sources affirment même que quelques éléments rebelles s’étaient déjà infiltrés dans la ville sur des motos et préparaient la prise de la ville », a témoigné un religieux joint mercredi par le Réseau des journalistes pour les droits de l’homme en RCA.
Consultations
Des attaques encore non confirmées, qui interviennent alors que Nicolas Tiangaye mène depuis le début de la semaine de difficiles consultations pour la formation du gouvernement d’union nationale. « La nouvelle conquête provoquée par la Séléka a constitué l’un des points épineux débattus au cours de son entretien avec le Premier ministre, a fait remarquer le porte-parole de la majorité présidentielle, Cyriaque Gonda. Ces violations des droits de l’homme ne vont pas dans le sens de l’accord de paix signé le 11 janvier dernier à Libreville. Un accord qui a prévu de garder la sérénité, activer le retrait, ou le cantonnement des rebelles, donc de s’abstenir de toutes exactions. Une manière de pouvoir former un gouvernement d’Union nationale pour un retour définitif de la paix dans le pays ».
Ces accusations n’ont pour le moment pas été démenties par la Séléka. Elles sont surprenantes tant son leader Michel Am Nondroko Djotidia semble jouer la carte du dialogue depuis les accords de Brazzaville. Si ces nouvelles attaques étaient confirmées, elles pourraient s'expliquer par des divisions au sein de la Séléka, alors que Djotodia effectue depuis mardi 22 janvier une tournée dans les zones tenues par ses hommes afin de leur expliquer le contenu de l’accord de Brazzaville.
Crise latente
Deux groupes rebelles membres de la coalition rebelles mais n’ayant pas participé aux négociations, le Front pour la démocratie du peuple centrafricain (FDPC), que dirige le général Abdoulaye Miskine, et l’A2R (Alliance pour la renaissance et la refondation), s’en sont déjà désolidarisés et continuent de demander le départ de François Bozizé. « La crise a été étouffée, mais aucune solution n’a été trouvée », expliquait le commandant Armel Sayo, membre du FDPC, au lendemain de l’accord.
Et selon un membre de la rébellion, les troupes sur le terrain auraient également du mal à accepter la décision des leaders de la Séléka. « Djotodia va avoir du mal à les convaincre du bien-fondé de cet accord », prévient-il sous couvert d'anonymat.
Par Vincent Duhem (@vincentduhem)