Par Fleury Koursany - 11/05/2011 JDB
C’était au siège de l’Union européenne (UE), à Bangui en présence des journalistes
Selon le diplomate européen, le Président de la République Centrafricaine leur avait a accordé avec l’Ambassadeur Haut représentant de la France en République Centrafricaine, Jean-Pierre Vidon, une audience au cours de laquelle ils ont débattu de plusieurs points. Le premier point discuté avec le président centrafricain, selon Guy Samzun, c’est la lettre de Mme Ashton, Haute Représentante de la politique étrangère, Vice-présidente de la commission européenne qui «appelait en substance les inquiétudes de l’Union Européenne dans ce processus électoral et qui incitait fortement la Cour Constitutionnelle à faire son travail en toute impartialité et toute équité avec tout le professionnalisme».
A propos des élections qui se sont déroulées en République Centrafricaine et le rapport plus ou moins explosif des experts de l’Union européenne, Guy Samzun déclare «ce rapport n’était pas de l’Union Européenne, mais plutôt des experts internationaux qui ont travaillé sur le financement de l’Union Européenne, sur le modèle européen. Ce rapport est trop inquiétant pour la démocratie en République Centrafricaine », car «de nombreuses irrégularités ont été relevées à savoir, des problèmes de dysfonctionnement, de désorganisations, de fraudes massives, de manipulations et de pressions des hommes et des femmes politiques, des autorités administratives et des forces de sécurité pour terroriser les électeurs et certains candidats. Ce rapport est la juste confirmation des faits. C’est tout ce qui a fait que l’Union Européenne et ses Etats membres qui défendent les valeurs démocratiques trouvent cela pénible».
Les trois personnalités ont aussi débattu du communiqué de la porte-parole de Mme Ashton en ce qui concerne les restrictions à la liberté d’aller et venir en Centrafrique. Selon le diplomate européen, «les nombreuses barrières érigées sur des axes des provinces: sur ces barrières il s’y passe des choses peu orthodoxes empêchant certains citoyens centrafricains de circuler librement». A cela, il faut ajouter les quelques cas de détention et d’arrestations arbitraires en Centrafrique. Comme la décision du Chef de l’Etat d’empêcher une certaine catégorie de leaders politiques surtout de l’opposition, «même pour des raisons sanitaires» de quitter le territoire national.
Guy Samzun a également noté qu’avec le Chef de l’Etat, ils ont débattu de la situation des personnes détenues dans le cadre de l’affaire Rayan (du nom du supermarché qui avait été incendié). Allusion est ici faite aux membres la famille de Me Symphorien Balemby et de Jean Daniel Dengou arbitrairement mis aux arrêts depuis lors sans chef d’accusation tout en étant encore détenus à la prison de Bossembélé, le cas du candidat Apollinaire Mbesa du parti RDC (Rassemblement Démocratique Centrafricain) sans pour autant oublier les multiples pressions faites sur Maître Fleury Hotto. Pour conclure, le diplomate européen a clairement mentionné qu’il a demandé au chef de l’Etat «de trouver tous les moyens pour ouvrir un dialogue entre les hommes politiques», selon l’article 8 de l’accord de Cotonou, seul moyen de sauver la facette de la tension postélectorale et la démocratie en République Centrafricaine. «L’Union Européenne n’est pas présente en République Centrafricaine pour des polémiques mais plutôt pour accompagner, aider, conseiller dans le bon sens», précise enfin Monsieur Guy Samzun
NDLR : La conception médiévale de Bozizé de la gestion du pouvoir d'Etat et les actes politiques extrêmement graves qu'il ne cesse de poser ne peuvent que lui attirer les foudres des pays occidentaux et leurs représentants accrédités en Centrafrique. Il doit se rendre compte à présent qu'en réalité, il n'a remporté qu'une victoire à la Pyrrhus aux dernières élections en trichant et que maintenant commence la troisième mi-temps en quelque sorte de ce jeu qu'il ne gagnera pas nécessairement.
Les gros problèmes de droits de l'homme constamment violés en RCA par des éléments bien connus de son propre entourage qu'il protège et qui demeurent toujours impunis, les 'arrestations et détentions arbitraires, les disparitions non élucidées de personnes ou d'opposants politiques, les entraves faites délibérément à la liberté de circulation tant aux simples citoyens qu'aux leaders des partis d'opposition etc...ne peuvent pas passer simplement en pertes et profits. Bozizé et son gouvernement doivent inévitablement en rendre compte.
Tant que ces questions de déficit démocratique ne seront pas résolues, il ne sert à rien d'aller tenir une pseudo table-ronde de bailleurs de fonds à Bruxelles car ce serait une prime et un encouragement aux tricheurs d'élections et une manière de narguer les partenaires au développement de la RCA et en particulier l'UE, qui n'ont pas encore fini de digérer le hold-up électoral de Bozizé et son KNK qui ont malhonnêtement détourné leurs fonds à cet effet. Qu'a donné celle de 2006 où le gouvernement Elie Doté avait prétendu avoir levé 300 milliards de F CFA. Où est et à quoi à sevri cet manne dont les Centrafricains n'ont pas vu la couleur ?
Est-il par ailleurs acceptable que le corrompu et sulfureux Firmin Feindiro, celui-là même qui était Procureur de la République en service commandé et qui était au coeur de tous les scandales et affaires d'arbitraire et d'injustice flagrante du régime, qui se prend pour un demi-dieu à Bangui, prenne le portefeuille de la justice chargé de la moralisation ? Selon nos informations, le portefeuille de la justice devrait revenir à un magistrat dénommé Alain Ouaby Bekay qui a même dû quitter son poste dans une ONG à Bossangoa pour Bangui en attendant sa nomination mais à la dernière minute, l'inaltérable et omnipotent Sylvain Ndoutingaï aurait imposé plutôt Firmin Feindiro.