CENTRAFRIQUE : GESTION TRIBALISTE DU POUVOIR (réaction d'un compatriote à l'article de J.C Gbaguéné)
Dans un billet au titre éloquent de « LA DESCENTE AUX ENFERS........... » paru ce lundi 16 avril 2012, le frère Jean Claude GBAGUENE fait un exposé assez somptueux de la manière dont la République Centrafricaine est gouvernée, exposé qui met en lumière, comme l'ont déjà fait beaucoup d'autres articles, la gestion calamiteuse des ressources de ce pays, par un groupuscule d'hommes avides d'opulence.
Lorsqu'un « chef » décide de s'entourer de ses proches pour organiser le pillage des ressources de son pays, en sabotant toute l'administration chargée d'organiser les différents services compétents à la mise en valeur et à exploitation de ces ressources, cela ne se passe pas à l'insu de ceux-là mêmes qu'on appelle fonctionnaires et cadres de cette administration. C'est dire à quel point les problèmes évoqués dans l'article ne sont pas secrets, car la pratique ne date pas d'hier.
En son temps, Le Général KOLINGBA s 'était entouré d'un certain nombre de frères Yakoma qui lui étaient proches pour mettre en place une administration parallèle à l'administration officielle, afin de conduire les affaires de l'État, comme lui et ses plus proches l'entendaient. L'on sait où cela a mené le pays.
En son temps, le Président PATASSE, pourtant élu démocratiquement et jouissant d'une popularité jamais égalée hormis celle de BOGANDA, s'était entouré d'hommes qui lui étaient proches et dont la majorité était issue de la tribu de nos frères KABA, à laquelle il fallait ajouter certains frères de la tribu GBAYA. Les résultats de cette politique de proximité ont conduit la République Centrafricaine à un coup d'État qui a porté le Général BOZIZE au pouvoir.
De KOLINGBA à BOZIZE, une trentaine d'années se sont écoulées, le temps que les hommes qui se disent « politiques » prennent le pli, et quel pli ?
Le pli de penser que le pouvoir ne peut se partager avec aucune autre tribu du pays. A partir de cette pratique politique qui ne dit pas son vrai nom, personne ne peut guère s'étonner que des Conférences Nationales, des Dialogues Politiques Inclusifs, des Fronts pour l'Annulation et la Reprise des élections n'aient pas atteint ou ont du mal à atteindre les objectifs qu'ils se sont assignés.
En Afrique, le pouvoir se prend de deux manières : par les urnes et par les armes. La République Centrafricaine en sait bien des choses. Mais il y a une autre voie qu'elle ignore ou qu'elle feint d'ignorer tout simplement à cause de cette lamentable philosophie qui sévit dans ce pays : la tristement pitoyable philosophie du « kobe ti yanga ».
C'est pour cela que la société civile et l'administration ( sans oublier au passage la jeunesse) ne savent pas qu'elles ont, entre leurs mains, une arme efficace qui peut plier le pouvoir et faire changer les choses.
BOZIZE ne peut, tout seul ou avec sa petite bande, continuer à mener la vie dure à ce pays, s'il n'y avait pas la passivité, l'indifférence de la société civile et de l'administration, qui ignorent tout de leurs droits.
L'on se posera alors la question de savoir, « mais quel est le rôle des partis politiques d'opposition » ? La réponse à cette question oblige la rédaction d'un long exposé. Mais il faut souligner le fait qu'il n'y a pas d'opposition, lorsque dans un pays, aucun parti politique d'opposition ne peut s'organiser et ne peut s'exprimer librement.
Au SENEGAL, la société civile et la jeunesse, en s'alliant avec les partis politiques d'opposition ont eu raison d'ABDOULAYE WADE. Et cette victoire n'a été possible que parce que ces partis politiques d'opposition étaient déterminés et solidaires, et l'appui de la société civile et de la jeunesse leur a été un apport déterminant.
Les problèmes majeurs qui se posent en CENTRAFRIQUE sont de deux ordres : le tribalisme et le manque de clairvoyance politique.
Le tribalisme généralisé n'a pas sa raison d'être :
A l'époque de KOLINGBA, tous les YAKOMA n'avaientt pas bénéficié des privilèges que certains de leurs congénères s'étaient octroyés. Seuls ses plus proches.
PATASSE au pouvoir, tous les KABA ne sont pas devenus millionnaires ou milliardaires. Seuls quelques proches ont profité de quelques mannes.
BOZIZE Président, on a beaucoup de mal à croire que tous le Gbaya ont sorti de terre des palais, des hôtels ou construit des villas à l'étranger. Seuls ses proches parents et alliés ont pu le faire.
ET parlant des GBAYA, les centrafricains doivent être très attentifs à leur histoire et à leur géographie pour éviter de tomber dans le piège de l'amalgame. En effet, le pouvoir de BOZIZE, avec les quelques GBAYA de l'OUHAM qui l'appuient dans son orientation, n'a rien à voir avec les GBAYA de BERBERATI, CARNOT, GAMBOULA ou NOLA qui meurent de famine parce que le pouvoir de BOZIZE les a oubliés, tout comme il a oublié le reste des autres populations de Centrafrique.
C'est dire que les tribus n'ont rien à voir avec la politique qu'un pouvoir met en place. Il faut plutôt s'en prendre aux hommes qui cautionnent ce genre de pratique, profitant du seul fait de partager le même patois que le chef, pour mettre en pièces la concorde nationale.
Et la clairvoyannce politique, c'est de ne pas sacrifier la tribu à laquelle on appartient, en menant une politique à l'apparence tribaliste, une politique à vrai dire de la terre brûlée.
La clairvoyance politique consiste à ne pas tomber dans l'amalgame. Et si les partis politiques de Centrafrique ont du mal à convaincre, c'est tout simplement parce que les racines d'une pratique politique basée sur la tribu continuent à s'insinuer dans le milieu centrafricain. Notre pays ne pourra pas s'en sortir si nous n'avons pas compris cela. Et les différents gouvernements qui seraient appelés à conduire cette nation seront toujours confrontés à ce problème, tant qu'ils n'auront pas compris qu'un seul bras ne peut pas faire le tour d'un baobab, tout comme une tribu, à elle seule, ne peut se substituer aux autres tribus.
La République Centrafricaine est une. Elle doit demeurer indivisible.
Molengué ti Kodro.