Par CICR - 28/01/2011
Benoît Chavaz est le coordonnateur des activités du CICR dans les domaines de la protection et de la détention
Les habitants de l’est de la République centrafricaine subissent attaques, pillages, enlèvements et pénuries de vivres
en raison du conflit armé qui fait rage dans la région. Alors que le CICR s’apprête à diffuser un film sur la lutte pour la survie que mène la population, Benoît Chavaz, coordonnateur des
activités du CICR dans les domaines de la protection et de la détention dans ce pays d’Afrique explique comment l’institution vient en aide aux communautés.
Comment ce film «en quête de sécurité» reflète-t-il les problèmes humanitaires que vous avez constatés sur place?
Il montre quelque chose qui est très frappant à mes yeux, à savoir la manière dont le conflit contribue à désintégrer en profondeur le tissus communautaire. Nous voyons par exemple un fermier qui a perdu sa femme et dont les moyens de subsistance ont été anéantis, alors qu’il n’était en rien impliqué dans les événements. Ses enfants se sont ainsi retrouvés orphelins de mère, condamnés à un sinistre avenir qu’ils n’avaient pas mérité. Les histoires de ce genre sont monnaie courante en République centrafricaine. Dans le nord-est du pays, par exemple, les habitants de villages entiers ont vus leurs biens détruits ou pillés au cours d’attaques. Pour des raisons de sécurité, beaucoup préfèrent vivre cachés dans la jungle que de rester chez eux, ce qui compromet cependant l’accès à l’éducation, aux soins de santé et à l’eau potable. Le film met aussi en avant la capacité remarquable qu’ont ces personnes à rebondir face aux épreuves et à l’insécurité auxquelles elles sont en proie.
Que fait le CICR?
Nous travaillons au plus près des communautés touchées afin de nous assurer que nous comprenons quels sont leurs
besoins. En fonction des situations, il nous arrive de distribuer des vivres et des semences, par exemple, ou de faciliter l’accès à l'eau. Nous aidons également les familles dispersées par la
violence à rester en contact. Nos équipes à l’œuvre sur le terrain consignent les cas de violence et en discutent avec les parties présumées responsables, dans l’espoir que de telles violations
ne se reproduisent pas. Il existe des règles qui garantissent la protection des civils et de leurs biens lors de conflits armés. L’une de nos priorités est de faire connaître ces règles dans les
rangs des porteurs d'armes, en organisant des séances de diffusion.
En quoi les enfants subissent-ils les conséquences du conflit?
Des enfants âgés de pas plus de 10 ans sont arrachés à l’enfance et enrôlés dans des groupes armés, en particulier dans
l’est du pays. Cette situation préoccupe au plus haut point le CICR, et chaque fois que nous le pouvons, nous soulevons la question dans le cadre des contacts que nous entretenons avec les
porteurs d’armes. Grâce à son réseau national de volontaires, la Société de la Croix-Rouge centrafricaine a récemment pu prendre en charge plusieurs enfants qui avaient été retrouvés au Soudan ou
en République démocratique du Congo. Après avoir survécu à d’atroces épreuves qui, pour certains s'étaient prolongées des années durant, ces enfants n’étaient parvenus à échapper à leurs
ravisseurs que pour se retrouver perdus dans un pays qu’ils ne connaissaient pas. L’équipe du CICR à Bangui, qui s’était employée à retrouver leurs familles avec l'aide de nos délégations
installées dans les pays voisins, les a finalement réunis avec leurs proches. Malheureusement, nombreux sont les enfants qui n’ont pas cette chance.
Que faites-vous pour améliorer les conditions de détention des personnes privées de liberté?
Le CICR apporte son soutien aux autorités en vue d’améliorer les conditions de détention dans les prisons centrafricaines depuis 1992. L'an dernier, nous avons suivi les cas individuels de plus de 1 300 personnes détenues dans 27 prisons. Ce faisant, nous veillons avant tout à ce que ces personnes soient détenues dans des conditions qui respectent la dignité humaine et, au terme de chaque visite, nous soumettons des recommandations aux autorités pour qu'elles procèdent à des améliorations. Là où les besoins sont urgents, nous fournissons en outre une assistance humanitaire directe dans les domaines de l’approvisionnement en eau et de la fourniture de soins de santé.
NDLR : Pendant que Bozizé et le KNK se préoccupent de réaliser leur hold-up électoral pour continuer à se cramponner au pouvoir, plusieurs milliers de Centrafricains du monde rural et des zones occupées par les rébellions continuent de souffrir dans une totale indifférence tant du pouvoir sanguinaire et dictatorial de Bangui que de la communauté internationale.