(Xinhua) vendredi 11 juin 2010 - Le président centrafricain François Bozizé a déclaré vendredi dans son adresse à la population à l’ occasion du cinquième anniversaire de son investiture à la tête du pays, qu’il ne veut pas de gouvernement d’union nationale, après la fin de son mandat constitutionnel le 11 juin 2010.
"L’entrée au gouvernement relève du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat que je suis. Ca ne se force pas. Pourquoi un gouvernement d’union nationale ? D’ailleurs le quart du gouvernement est composé des membres de l’opposition", a-t-il indiqué.
Selon lui, la loi constitutionnelle relative à la prorogation de son mandat et de celui de toutes les institutions de la République étant votée, promulguée et approuvée par la Cour Constitutionnelle, "c’est-à-dire que les hautes institutions de notre pays, à savoir la Présidence de la République et l’Assemblée nationale sont constitutionnellement légales au-delà du 11 juin 2010".
"Je voudrais vous rassurer qu’après le 11 juin 2010, la République Centrafricaine doit continuer à fonctionner comme par le passé, c’est-à-dire comme le 11 juin 2005, jusqu’à ce que la Commission électorale indépendante (CEI) nous fixe une nouvelle date des élections, a fait remarquer François Bozizé.
"Cette nouvelles date, je le précise, et cela selon l'avis de l’opposition et de la communauté internationale, devrait tenir compte de l’évolution des conditions sécuritaires et au le Désarmement, démobilisation net réinsertion (DDR) atteigne au moins la phase de désarmement de nos compatriotes ex-rebelles, a-t- il ajouté.
Il a par ailleurs souhaité que la communauté internationale " qui nous a toujours accompagné puisse mettre à la disposition des Commission électorale indépendante les fonds promis pour permettre l’organisation des élections dans les meilleurs délais".
Le président Bozizé a enfin invité les forces de défense et de sécurité à "veiller à la libre circulation des biens et des personnes sur l’ensemble du territoire national, en attendant les élections".
"Je vous exhorte à garder le calme car personne ne pourra vous empêcher d’accomplir de choisir librement vos hauts dirigeants, a- t-il lancé à l’endroit de la population, fustigeant l’opposition qui selon lui a "bloqué la machine électorale à travers" des manoeuvres et manipulations orchestrées de toute pièces pour vous empêcher d’accomplir votre devoir de citoyen.
A Bangui, la capitale, la ville et calme. Cette journée du 11 juin ne semble pas préoccupe la population qui vaque librement à ses occupations habituelles.
Arrivé au pouvoir à la faveur d’une coupe d’Etat en 2003, Le président Bozizé a conduit une transition de deux ans avant d’organiser les élections en 2005 qui verront sa victoire face à Martin Ziguélé du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) au deuxième tour.
Il convient de rappeler qu’il est candidat à sa propre succession à la présidentielle de 2010 pour un second mandat de 5 ans.
Prévues d’abord le 25 avril et repoussées au 16 mai, les élections législatives et présidentielles en République Centrafricaine ont encore connu un report sine die le 29 avril.
Ce jour là, sur convocation du président Bozizé, la Commission électorale indépendante avait déclaré un report technique des élections, ce que souhaitaient depuis l’opposition et la communauté internationale.
Une loi constitutionnelle avait immédiatement initiée par le gouvernement, adopté par le Parlement et validée par la Cour constitutionnelle pour garantir un éventuel vide institutionnel au-delà du 11 juin, date de l’expiration du mandat du Président de la République.
(Xinhua)
NDLR : Dans la situation où il se trouve désormais, on ne comprend pas que Bozizé continue de parler encore de son pouvoir discrétionnaire alors qu'il n'a plus de légitimité et qu'il n'est plus président. Personne ne l'oblige à former un gouvernement mais c'est la fin de son mandat et la non tenue des élections qui imposent un gouvernement de transition. L'actuel gouvernement ayant échoué dans l'organisation des élections, on ne peut plus compter encore sur lui pour aller à des élections transparentes et crédibles. En réalité, le refus de Bozizé d'un gouvernement de transition s'explique par le fait qu'un tel gouvernement permettrait la préparation consensuelle des élections dont il aurait du mal en avoir le contrôle. Par ailleurs, Bozizé se moque du monde quand il invite ses forces de défense et de sécurité à veiller à la libre circulation des citoyens alors même que c'est lui-même qui ordonne l'installation des barrières de racket à sa garde présidentielle.