On le savait depuis des lustres : la République centrafricaine vit depuis plusieurs années déjà une situation aussi chaotique que pathétique. Mais, c’est important de le souligner, les moins optimistes, j’allais dire, les plus pessimistes et les mieux informés d’entre les observateurs n’imaginaient pas que la situation était à ce point abominable et tragi-comique.
La faute à l’outrance d’un homme et de son système. Mon pédagogue de père qui m’a appris les mots et leurs terrifiantes puissances me disait que les excès finissent par fausser jusqu’aux saintes vérités, et après on ne sait plus à quel diable se vouer.
La chasse à la reconnaissance internationale
Car, c’est le premier préalable qu’il faille évacuer, au nom de quel principe démocratique cet homme et son système ont cru devoir organiser un festival de fraudes lors du double scrutin présidentiel et législatif du 23 janvier dernier ? Le moins que l’on puisse dire, avec le bourrage d'urnes, les bureaux de vote non comptabilisés, on parle de 27% d' « oublis », les violences et les intimidations d'opposants nous étions plus dans un déni de démocratie qu’autre chose.
Au nom de quelle maxime morale, l’autiste de Bangui, comme on l’appelle ici, s’est-il senti obligé de fabriquer une assemblée nationale familiale, avec son épouse, ses maîtresses, ses fils, sa sœur, son frère, ses oncles et tontons ?
Résultat des courses, l’homme apparaît plus seul que ne peut l’être un père reconnu d’inceste. La farce électorale est tellement énorme que même ceux qui, autrefois, s’étaient évertué à chanter ses louanges, lui trouvant des qualités, qui le magnifiaient à rendre jaloux les idoles, se sont finalement rendus à l’évidence : Bozizé ne vaut pas le détour. C’est un être sans relief ni mérite, l’incarnation de la déchéance la plus crasse, incapable d’organiser, encore moins, de voler une élection avec élégance et respect de ses adversaires.
D’ailleurs, c’est en partie l’une des explications du silence sépulcral de ses homologues pourtant passés maîtres dans l’art de confisquer le vote de leur peuple, qui, malgré l’annonce de sa prétendue victoire à la Pyrrhus, s’abstiennent, à l’exception d’un certain…Ali Bongo du Gabon, à lui adresser les traditionnels messages de félicitations.
Au point que Bozizé soit obligé de se déplacer lui-même pour quémander honteusement une reconnaissance extérieure de son hold-up électoral. Puisque personne ou presque ne lui a adressé un message de félicitations, Bozizé viendra personnellement en quémander. On l’annonce le 3 mars à Paris et le lendemain à Bruxelles. À Paris, il semblerait que celui-ci s’entretiendra avec le patron de la francophonie, l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, avant de se rendre le lendemain à Bruxelles pour être tancé, il n’ya pas d’autre expression, comme un garnement pris en faute par les fonctionnaires de la communauté européenne qui ont désapprouvé l’ensemble du processus électoral.
Aujourd’hui, pas plus que demain, Bozizé peut se voiler la face, faire le tour du monde, rencontrer qui il souhaite, mais cela ne le rendra pas invulnérable. À chacun son heure de vérité ! La sienne est sans doute arrivée. Le vent de la liberté qui souffle sur le monde arabo-musulman ne tardera pas à balayer ceux qui trouvent le malin plaisir d’ériger systématiquement l’exclusion en mode de gouvernement.
De l’inexistence de la JUSTICE et du DROIT
J’en arrive sans tarder au second préalable et ça sera le dernier : François Bozizé est-il le seul responsable de la situation dramatique que traverse la République centrafricaine ? Pas si sûr.
So Yé Ti Mawa ! Que c’est triste de constater qu’il n’existe plus aucun juge courageux et compétent sur la terre de nos pères. Ou plus exactement, il en existe que très peu qui sont ignorés, brimés, martyrisés pour avoir eu le malheur d’être nés dans une autre famille que celle de Bozizé.
Comment admettre, un seul petit instant, que la Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, ait validé, grossièrement, foulant au pied certains principes républicains, les deux candidatures de François Bozizé ? Comment ne pas s’indigner de la complicité de nos juges qui ont préféré la forfaiture à la légalité ?
Soyez un tantinet sérieux, messieurs les juges ! Dans quel pays au monde a-t-on vu un président se présenter à la fois aux élections présidentielle et législatives, en violation des dispositions de la CONSTITUTION dont il est le garant ? Que faites-vous des dispositions de l’article 23 de la Constitution du 27 décembre 2004 ?
Cet article dispose : « La fonction de Président de la République est incompatible avec l’exercice de toute autre fonction politique, de tout mandat électif, de toute activité lucrative, sous peine de destitution ».
Quelle interprétation faites-vous de ces dispositions ?
Saviez-vous, messieurs les juges de la Cour constitutionnelle, que le fils Bozizé Jean-Francis, son neveu Sylvain Ndoutingaï, son ministre de l’intérieur et de la sécurité publique Jules Bernard Ouandé, prétendument colonels et général des FACA (Forces armées centrafricaines) qui étaient candidats aux élections législatives et qui soi-disant se sont fait élire DÉPUTÉS DE LA NATION, ne s’étaient JAMAIS mis en position hors cadre, comme l’exige la loi ? Ces trois larrons aussi incultes qu’incompétents sont et demeurent des militaires en activité. Par quel miracle avez-vous validé leurs candidatures respectives ?
Où sont passées les règles les plus élémentaires de NOTRE RÉPUBUBLIQUE ? Avez-vous pensé au tribunal de l’HISTOIRE ?
Néanmoins, je tenais, pour ma part, à vous inviter à une réflexion qui nous grandira tous, vieux et jeunes, rois et misérables, juges et condamnés :
Notre pays est un étrange paradoxe. Pourtant, le Principe Créateur l’a très bien doté : un peuple attachant, docile et travailleur, un sol fertile et très bien arrosé, où tout pousse facilement et abondamment, un sous-sol convoité, regorgeant des minerais recherchés : uranium, fer, or, diamants.
On aurait dû être un grand pays ! Mais pourquoi sommes-nous demeurés les derniers dans tous les domaines ?
Ne pensez-vous pas que la Faute réside d’abord dans le non-respect des LOIS de la Nation, notre proportion à fabriquer des Roitelets et de notre soif d’intérêts personnels ?
Réagissez donc !
Adrien POUSSOU.