Avec la révocation de son dernier Directeur Général l’intrigant gabonais Willy Giscard ONTSIA qui n’a pas hésité à agresser à coups de poing le responsable de l’inspection de la Commission de Surveillance du Marché Financier (COSUMAF) venu l’inspecter dans le cadre de ses attributions, on aurait pu penser que cette Institution financière de la CEMAC connaitrait un nouveau départ. Force est malheureusement de constater que la volonté de maintenir la BVMAC dans le giron du Gabon perdure.
Pour rappel, la BVMAC est une Institution créée en 2003. Elle est présidée par Henri-Claude OYIMA, gabonais, Administrateur Directeur Général de la banque BGFI. Dans nos précédents articles, nous vous faisions état de la volonté manifeste de ce PCA, assisté par son compatriote Willy Giscard ONTSIA également administrateur de la BVMAC, de contrôler au profit de leur pays d’origine cette Institution. Cette volonté s’est traduite par de multiples tracasseries et obstacles qu’ont dû rencontrer les précédents DG tous deux Centrafricains, à qui on a reproché à tort de prétendu « manque de résultats ». En dépit de ces entraves et pièges, l’Institution a tant bien que mal pu démarrer ses activités en 2008, soit cinq années après sa création.
Tant de retard et d’intrigues ont conduit notre sous région dans l’impasse en la privant d’un véritable marché financier tel que l’avaient souhaité à l’origine les Chefs d’Etats. Le bon sens aurait alors commandé que face à un tel échec industriel, la Présidence de cette Institution prenne ses responsabilités en démissionnant de la fonction, permettant ainsi à ceux qui, animés par une véritable volonté de construire un marché financier actif et crédible en Afrique centrale, mettent tout en œuvre pour y parvenir.
Le Conseil d’Administration qui a révoqué Willy Giscard ONTSIA à la suite de la scandaleuse agression physique dont il s’est rendu coupable, a désigné comme Directeur Général intérimaire un autre gabonais Claude AYO, Directeur Général de la BICIG une banque de la place à Libreville. Nous apprenons par ailleurs de source bien informée, que Henri-Claude OYIMA a démissionné de la Présidence de l’Institution tout en prenant soin d’y placer un cadre gabonais issu de BGFI, la banque qu’il dirige. Aujourd’hui, l’Institution rencontre des difficultés financières sévères se traduisant par des arriérés dans le paiement des salaires des agents. En dépit d’autant de turpides, l’honneur semble sauf. La direction de l’Institution reste toujours dans le giron du Gabon.
Cependant, le grand perdant est la région CEMAC dans son ensemble. Elle ne dispose toujours pas d’un marché financier, ces tristes évènements ont engendré un déficit en termes de crédibilité et ont encore profondément terni l’image d’une sous-région qui pâtit déjà énormément des conséquences de scandales à répétition survenus à la BEAC et dont les responsabilités sont précisément ciblées. Elles ont une origine géographique commune. S’agit-il de pratiques récurrentes dans ce pays ? On est en droit de s’interroger.
Un constat doit néanmoins être fait. La région CEMAC ne dispose toujours pas d’un marché financier crédible et actif. Les pays composant cette sous région ne se reconnaissent plus dans cette Institution financière, ce qui génère autant d’inquiétudes sur son devenir officiel. L’édifice financier intégré bâti au fil des années est-il appelé à disparaitre ? Cela est une question fondamentale qui mérite d’être posée.