Par Carine Frenk (RFI)
1903 : L’Oubangui-Chari devient une colonie française qui est intégrée en 1910 à l’Afrique équatoriale française. De tous les territoires de l’empire colonial français, l’Oubangui-Chari fut probablement celui qui connut la colonisation la plus brutale. Ce qui provoqua en 1928-1931, la révolte des Gbayas contre le recrutement forcé lors de la construction du chemin de fer Congo-Océan.
En 1938, Barthélémy Boganda est ordonné premier prêtre catholique de l’Oubangui-Chari. Le 10 novembre 1946, il est élu député de l’Oubangui-Chari à l’Assemblée nationale française.
28 septembre 1949 : Barthélémy Boganda crée son propre parti, le Mouvement pour l’évolution sociale de l’Afrique noire (MESAN). Incarcéré en 1951 pendant deux mois et demi pour avoir organisé une action de protestation après l'assassinat d'un chef de village, il est réélu le 17 juin 1951 puis le 2 janvier 1956 aux législatives et reste député au palais Bourbon où il dénonce « la chicotte et les travaux forcés ». Maire de Bangui le 18 novembre 1956, il devient en 1957 président du Grand Conseil de l'AEF, l’Afrique équatoriale Française.
1er décembre 1958 : Barthélemy Boganda proclame la naissance de la République centrafricaine. Son territoire est limité à l'Oubangui-Chari. Boganda devient le président (selon l'idée de Barthélemy Boganda, Président du Grand Conseil de l'AEF, la République Centrafricaine devrait se constituée des quatre territoires : le Gabon, le Moyen-Congo, l'Oubangui-Chari et le Tchad, auxquels devait s'ajouter un territoire englobant le Cameroun, en passant par le Rwanda jusqu'en Angola) - se désolidarisant de la position du leader centrafricain, les trois proclamèrent leur République le 2 novembre 1958.
Le 16 février 1959, l'Assemblée territoriale adopte une constitution démocratique. Mais le 29 mars, Barthélemy Boganda est tué dans un crash d'avion. Accident ou attentat ? Aujourd’hui encore la question se pose. Quoi qu’il en soit, Barthélemy Boganda reste pour les Centrafricains le père de l’Indépendance, le père de la Nation. David Dacko devient président.
13 août 1960 : David Decko proclame
l'indépendance. Il
fera du MESAN en mai 1963 le parti unique du pays et se fera élire le 5 janvier 1964 avec 99,99% des voix, alors qu’il est seul candidat en lice.
31 décembre
1965 : David Dacko fête la
Saint-Sylvestre chez son ami le député Samba, à 17km de Bangui. A 3h20 du matin, l'armée prend le contrôle de tous les points stratégiques de la capitale. Sur les ondes de la radio nationale, le
colonel
Jean-Bedel Bokassa se déclare président de la
République centrafricaine. Commencent alors les grands chantiers mais aussi la folie des grandeurs qui atteint son paroxysme le 4 décembre 1977 lorsque Jean-Bedel Bokassa s'auto-couronne empereur
de Centrafrique, après s'être autoproclamé président à vie (2 mars 1972) et maréchal (19 mais 1974).
En 1979, Jean-Bedel Bokossa décide d'imposer le port de l'uniforme à l'école alors que les fonctionnaires ne sont plus payés depuis trois mois. En janvier puis en avril, les élèves et étudiants
se révoltent. La répression est sanglante. La chute de l'empire est annoncée.
20-21 septembre : Alors que l'empereur est en Libye, la France organise l'opération « Barracuda » à l'issue de laquelle il est renversé. L'ancien président David Dacko est rétabli, la République centrafricaine restaurée.
Jean-Bedel Bokassa sera condamné à mort par contumace en 1980. Cela ne l’empêchera pas de revenir en RCA le 24 octobre 1986. Un deuxième procès s’ouvre en 1987 : Jean-Bedel Bokassa est condamné à mort mais sa peine est commuée en détention à perpétuité le 29 février 1988, puis à dix ans de réclusion. Le 1er août 1993, le président Kolingba amnistie Bokassa. Il est libéré. Jean-Bedel Bokassa meurt le 3 novembre 1996.
Le 15 mars 1981, David Decko remporte l'élection présidentielle avec 50,23% des voix devant Ange-Félix Patassé, ancien Premier ministre de Jean-Bedel Bokassa, chef de l'opposition et leader du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MPLC).
1er septembre 1981 : David Dacko est renversé par le général André Kolingba qui instaure un Comité militaire de redressement national (CMRN). Les partis sont interdits. Ministre de la Défense sous Dacko, le général François Bozizé est nommé ministre des Communications.
3 mars 1982 : Tentative de coup d'Etat d'Ange-Félix Patassé et de François Bozizé. A la radio nationale, François Bozizé appelle l'armée à se soulever. C’est le fameux « coup d’Etat radiophonique ». Quelques jours plus tard, Ange-Félix Patassé se réfugie à bicyclette à l’ambassade de France déguisé en religieuse. Quant à François Bozizé, il fuit par le nord du pays, vers le Tchad. S'ensuivra une chasse aux sorcières et une véritable politique de terre brûlée dans cette région. Réfugié ensuite à Cotonou, François Bozizé sera extradé en 1989 puis emprisonné à Bangui. Acquitté, il ne sera libéré qu’en décembre 1991.
19 septembre 1993 : Après avoir instauré le multipartisme en 1991, le général André Kolingba est bien obligé de reconnaître sa défaite à la présidentielle. Le 22 août, le premier tour donne Ange-Félix Patassé en tête des suffrages (30 %), André Kolingba n’est qu'en quatrième position (avec 13 %). Le 28 août, le général Kolingba signe une ordonnance modifiant le code électoral dans le but d'invalider les élections. Mais les contestations de l'opposition et la suspension par la France de sa coopération poussent le chef de l’Etat à reconsidérer son aventurisme. Le 30 août, il annule ces ordonnances.
Le 19 septembre, deuxième tour des élections : Ange-Félix Patassé (38 %) est élu président de la République face à David Dacko (21 %) et Abel
Goumba (20 %).
Le président Ange-Félix Patassé fait face en 1996-1997 à trois mutineries au sein de l'armée (les deux premières en avril et mai 1996, la troisième en novembre 1997), suite notamment au non
paiement des arriérés de salaires. Ces mutineries donnent lieu à de violents affrontements à Bangui entre mutins et loyalistes, ce qui désorganise la vie politique, économique et sociale.
Intervention militaire française pour soutenir le président Ange-Félix Patassé. Le 12 février 1997, une force interafricaine, la Mission d'intervention et de surveillance des accords de Bangui
(MISAB),
remplace l'intervention militaire française. Le 15 avril 1998, la Mission des Nations unies en République centrafricaine (MINURCA)
prend le relais de la MISAB. Une force de 1 350 hommes est chargée de renforcer la sécurité et du maintien de l'ordre (jusqu’au 15 février 2000, date de son départ définitif). Une série de
grèves paralyse le pays.
Le 19 septembre 1999, Ange-Félix Patassé est réélu pour 6 ans avec 51,6 % des voix. Son parti le Mouvement pour la libération du peuple centrafricain remporte les législatives lors d'un scrutin
contesté.
De novembre à avril 2001, les fonctionnaires qui cumulent les arriérés de salaires (jusqu’à 36 mois à la fin des années Patassé !) sont en grève.
28 mai 2001 : Une tentative de coup d'Etat échoue. Sur RFI, l’ancien président André Kolingba revendique le putsch depuis l’Ouganda où il vit en exil. La répression s’abat sur les Yakoma, l’ethnie d’André Kolingba.
En octobre 2001, François Bozizé, alors chef d’Etat-major du président Patassé, est accusé de tentative de coup d'Etat. Il se réfugie au Tchad où il organise une rébellion.
25 octobre 2002 : Les hommes du général Bozizé arrivent aux portes de Bangui. Ange-Félix Patassé fait appel aux combattants congolais de
Jean-Pierre Bemba qui entament la reconquête du pays et se rendent coupables d’exactions sur la population civile. En décembre, la Communauté économique et monétaire des Etats d'Afrique centrale
(CEMAC) décide le déploiement d'une force multinationale en Centrafrique, la Force multinationale en Centrafrique (FOMUC),
pour assurer un environnement sûr à la population et soutenir la formation des forces armées centrafricaines (FACA). La FOMUC compte environ 350 militaires de trois pays africains (Congo, Gabon
et Tchad).
15 mars 2003
: Coup d'Etat du général François Bozizé. L'avion du président Ange-Félix Patassé, qui devait regagner Bangui en provenance de Niamey, est dérouté vers Yaoundé. Du Cameroun, Ange-Félix
Patassé se réfugie au Togo. Le 16 mars 2003, le général Bozizé s'autoproclame "président de la République" par la voix de son porte-parole (lire
le texte de l'allocution). Il annonce la suspension de la
Constitution, la dissolution de l'Assemblée, le limogeage du gouvernement, ainsi qu'une transition consensuelle associant « toutes les forces vives de la nation ». La France déploie le
détachement
Boali,
environ 300 militaires, en soutien de la FOMUC et des FACA.
Scènes de liesse à Bangui et de pillages. Le 23 mars, l’opposant
Abel Goumba devient Premier ministre du
gouvernement de transition.
En septembre et en octobre, le dialogue national est organisé à Bangui en l’absence d’Ange-Félix Patassé. Son parti et André Kolingba, de retour au pays, demandent « pardon au peuple centrafricain » pour les crimes commis sous leurs mandats. L’ancien président David Dacko demande lui aussi pardon. Il se réconcilie avec son rival de toujours, Abel Goumba.
Janvier 2005 : Le procureur de la Cour pénale internationale annonce qu’il est saisi par la République centrafricaine d’une enquête pour les graves crimes commis sur son territoire par les partisans de Patassé (le Congolais Jean-Pierre Bemba est actuellement détenu à la CPI sur ces charges).
Le 8 mai, le général
François Bozizé est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle avec 64,6% des voix. Mais quelques mois après, de nouveaux groupes rebelles se forment. D’abord dans le quart nord-ouest avec
les premières attaquent de l’APRD (l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD) puis, en 2006, dans le quart nord-est, avec l’UFDR (Union des forces démocratiques pour le
rassemblement) qui attaquent à deux reprises la ville de Birao. L'armée française intervient à deux reprises (en novembre 2006 et mars 2007) pour suppléer les forces armées locales.
L’organisation Human
Rights Watch publie un
rapport accablant pour le régime, sur les
exactions des FACA, les forces armées centrafricaines, accusant l’armée d'avoir tué depuis mi-2005 des centaines de civils, incendié plus de 10 000 maisons et provoqué un exode massif dans le
nord du pays, également en proie aux rebelles et aux coupeurs de route.
Juin 2008 : A Libreville, signature d'un accord de paix global ente le gouvernement, les rebelles de l'APRD et de l'UFDR. Un autre groupe rebelle, le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) d’Abdoulaye Miskine qui avait pourtant signé un accord de cessez-le-feu, refuse d’apposer sa signature sur le document. Le 12 juillet 2008, la force multinationale de la FOMUC devient la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX), armée par 550 hommes originaires de quatre pays (Cameroun, Congo, Gabon et Tchad) et un détachement centrafricain.
En septembre, une
amnistie est décrétée pour les crimes depuis 1999.
Du 1er au 20 décembre à Bangui, se tient le dialogue politique inclusif en présence de l’ancien président Patassé rentré d’exil pour l’occasion. Tous les groupes poltico-militaires et les partis
d’opposition participent à ce forum de la paix (voir
le compte-rendu). Alors que le programme de
désarmement des ex-rebelles prend du retard, un nouveau groupe rebelle apparaît, la CPJP (Convention des patriotes pour la justice et la paix) dans la zone de Ndélé, dans le Nord-est du pays.
Charles Massi, un ancien ministre du président Bozizé devenu chef rebelle, prend la direction du mouvement. En septembre, une amnistie est décrétée pour les crimes commis depuis 1999.
16 janvier
2010 : Denise Massi,
l'épouse de Charles Massi, affirme que l'ancien allié du général
Bozizé a été torturé à mort par les autorités centrafricaines. Son mouvement, la CPJP, exige une preuve de vie de Bangui. Charles Massi aurait été arrêté par des militaires tchadiens avant d'être
transféré en République centrafricaine.
Les élections présidentielle et législatives qui devaient initialement se tenir le 25 avril, sont repoussées au 16 mai, puis reportées une seconde fois, sine die. L'opposition qui estimait que les conditions d’une élection libre et transparente n’étaient pas réunies, avaient refusé de déposer ses dossiers de candidature. A la suite du deuxième renvoi, une loi constitutionnelle prorogeant le mandat du président Bozizé - qui a expiré le 11 juin - et celui des députés est promulguée.
Le 30 juillet, le chef de l’Etat François Bozizé, fixe par décret la date des élections présidentielle et législatives au 23 janvier 2011.