
APA Libreville 2009-09-01 21:33:23 (Gabon) De fortes présomptions de fraude pèsent sur l’élection présidentielle qui s’est déroulée dimanche au Gabon alors que la commission électorale nationale autonome et permanente poursuit la centralisation des résultats qui seront rendus publics mercredi soir.
Le Parti démocratique gabonais (PDG) est accusé de vouloir falsifier les procès verbaux en faveur de son candidat
Ali Bongo Ondimba, crédibilisant la thèse du coup d’état électoral, dénoncé par le candidat indépendant André Mba Obame, au cours d’une conférence de presse lundi à
Libreville.
Selon des sources concordantes, les présidents des bureaux de vote auraient été convoqués dans les gouvernorats
pour apposer leurs signatures sur de nouveaux procès verbaux, différents de ceux signés après le vote.
La fraude se déroulerait surtout dans la province de l’Estuaire où se trouve Libreville la capitale ainsi que dans le Woleu-Ntem (nord), le Moyen-Ogooué (centre) et l’Ogooué-Ivindo
(nord-est).
Mba Obame en faveur de qui se sont désistés quatre candidats indépendants dont deux poids lourds de la scène politique gabonaise, l’ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong, et le
leader du Rassemblement pour le Gabon (RPG), le père Paul Mba Abessole, serait largement en tête dans ces quatre provinces à forte population Fang, le groupe ethnique auquel appartient le
candidat indépendant.
Dans les provinces de l’Ogooué-Lolo et du Haut-Ogooué, la province natale du président Omar Bongo Ondimba
dans le sud-est du pays, les représentants des candidats indépendants et de l’opposition n’auraient signé aucun procès-verbal, ce qui aurait donné libre court à une fraude massive.
Ces deux provinces seraient aujourd’hui les plus peuplées du Gabon, une astuce qui pourrait permettre à Ali Ben Bongo Ondimba de refaire son retard sur Mba Obame.
Le code électoral gabonais a prévu quatre étapes dans la procédure conduisant à la désignation des élus dont la
première se passe au niveau des bureaux de vote ou chaque candidat dispose d’un représentant.
La 2ème étape commence après la proclamation des résultats par les présidents des bureaux de vote et consiste en
leur centralisation par les préfets au niveau des départements alors que la 3ème se déroule dans les chefs-lieux de provinces, la centralisation des les résultats et leur proclamation par les
gouverneurs de provinces.
Enfin, quatrième et dernière étape intervient lorsque les résultats de tous les bureaux de vote, de tous les
départements et de toutes les provinces sont convoyés à la Commission nationale électorale autonome et permanente (CENAP) qui invite ensuite le ministre de l’intérieur à venir les publier, un
exercice auquel la Cour constitutionnelle doit se prêter en dernier ressort, bouclant le processus électoral.
Gabon : Le dépouillement se poursuit sous haute tension
Ouest-France mardi 01 septembre 2009
Selon le site d’information pan-africain koaci.com, une source au sein de la Commission électorale gabonaise 4/5 a confirmé que 80 % des bulletins de vote ont désormais été dépouillés. Le « podium »
précédemment donné par plusieurs médias, dont Ouest-France, se confirme : Pierre Mamboundou arrive en tête, suivi d’André Mba Obame et d’Ali Bongo.
Bongo aurait demandé le poste de ministre de la Défense
La situation est actuellement calme à Libreville. Mais les rumeurs d’un possible coup de force se multiplient. Des informations font état de la tentative d’Ali Bongo de se faire réattribuer le
poste de ministre de la Défense, ce qui lui donnerait le contrôle de toutes les forces de sécurité gabonaise. Tentative contrecarrée par la présidente de la Cour constitutionnelle qui serait bien
décidée à tenir tête au candidat du parti au pouvoir, le PDG.
Un mur humain
Selon l’UPG, le parti de l’opposant Pierre Mamboundou, des menaces pèsent désormais sur le siège des partis d’opposition où il est procédé à un décompte parallèle des votes et où sont conservées
des copies des procès-verbaux qui attesteraient de la défaite d’Ali Bongo. Dans la nuit de lundi à mardi, des centaines de partisans de l’UPG ont constitué un mur humain autour des locaux pour
déjouer un possible raid.
Les partisans de Mba Obame, qui a mis en garde contre « un coup d’État électoral », ont pris des mesures similaires de protection devant le domicile de leur candidat.
France 24 expulsée ?
Aujourd’hui, en début d’après-midi, une autre rumeur a fait état de l’expulsion d’une équipe de la chaîne française France24, dont la couverture des événements aurait été jugée biaisée et
récemment trop favorable aux candidats de l’opposition.
Paris prudent
Selon le secrétaire d’État à la Coopération, Alain Joyandet, « le nouveau président devra exercer un mandat de rupture ». Dans un entretien accordé au journal Le
Parisien, il explique qu’« avec Omar Bongo le pays a accédé à la stabilité et à la paix civile. C’était, bien sûr, positif. Il me paraît nécessaire, à présent, d’engager davantage
des programmes socio-économiques et de répartir les richesses de façon plus équitable ». « Dans cette élection la France n’avait pas de favori », a-t-il répété, alors que Paris a été
soupçonné, notamment au Gabon, de favoriser la candidature d’Ali Bongo, le fils du président décédé en juin après 41 ans au pouvoir