
Martin Ziguélé
Après avoir reçu le vendredi 14 août dernier le président et candidat du MLPC, la bête noire et très craint par
Bozizé, Martin Ziguélé pour en gros, lui faire donner lecture par le général Jules Bernard Ouandé, son ministre chargé de la sécurité, une fiche rédigée par un individu du service
de renseignement du pouvoir de Bozizé. Drôle de méthode de gouvernement ! Le premier ministre Faustin Archange Touadéra vient d’être destinataire d’un courrier en date
du 17 août 2009 de son non moins prédécesseur Martin Ziguélé.
Dans cette lettre dont une copie a atterri à notre rédaction, Ziguélé fait un résumé de ce qui s’est passé lors de
leur rencontre du 14 août au cours de laquelle la lecture lui a été faite d’une fiche de renseignement l’accusant pas moins, d’atteinte à la sûreté de l’Etat avec la complicité d’un
pays étranger, en l’occurrence la France. Il lui est concrètement reproché de s’être rendu lors de son dernier séjour en France, au palais de l’Elysée flanqué d’un blanc, afin de
solliciter la neutralité bienveillante de la France pour réaliser un coup d’Etat et tuer le président François Bozizé et organiser des élections sans lui.
Considérant qu’une accusation de cette nature est d’une redoutable gravité, Martin Ziguélé exige de
Touadéra qu’une confrontation avec l’auteur de la fiche, dont l’identité n’est certainement connue que de Bozizé et du général Ouandé, ait lieu sous quinzaine afin qu’il
puisse apporter les preuves de ses accusations sinon il saisirait les autorités françaises pour une autre confrontation à leur niveau. Faute de cela, Martin Ziguélé se réserve le droit
d’entamer des poursuites judiciaires pour fausse accusation et dénonciation calomnieuse contre son auteur.
Il faut dire que comme ses prédécesseurs, Bozizé adore la pratique et se complaît dans la lecture des
fiches le plus souvent mensongères que certains fabulateurs en mal d’argent à qui est confiée cette sale besogne, lui adressent régulièrement. Le plus souvent mal rédigées par des fonctionnaires
de police, des militaires ou même de simples citoyens homme ou femme de confiance du régime en place, d’un niveau d’instruction très relatif voire médiocre, la pratique de ces fiches de délation
et de mouchardage remonte à l’époque de feu Bokassa.
Bozizé lui-même en était un grand adepte qui en avait rédigé et adressé un certain nombre sur ceux qu’il voulait
écarter ou compromettre auprès de Bokassa dont il fut l’aide de camp à un moment donné. Le contenu de ces fiches porte généralement sur des questions de sécurité d’Etat impliquant certains
individus civils ou militaires. Pendant le règne de Bokassa, certains fils du pays ont parfois trouvé la mort à la tristement célèbre prison de Ngaragba ou au palais de Bérengo à la suite de ces
fiches dont la véracité des prétendues informations qu’elles contenaient, était souvent sujette à caution parce qu’elles induisaient tout simplement Bokassa en erreur.
Des membres actuels du gouvernement de Bozizé racontent que celui-ci aime ouvrir certaines séances du
conseil de ministres en interpellant et attirant l’attention de certains ministres sur le fait que beaucoup de fiches « tombaient » et circulaient sur eux et qu’ils devraient faire
attention. La pratique des fiches fait malheureusement partie des mœurs, instruments et mode de gestion très critiquables des affaires politiques dans le pays depuis belle lurette.
Manifestement et visiblement, Bozizé est en train d’en faire son arme politique par excellence et un outil de sa dictature, pour écarter l’adversaire et concurrent à la présidentielle
qu’il redoute le plus, à savoir Martin Ziguélé, qui l’avait déjà affronté au second tour des présidentielles de 2005. En exigeant des confrontations et un entretien avec Bozizé, Martin Ziguélé entend donner une suite à cette sordide affaire qui risque d'éclabousser ou de
revenir comme un boomerang contre ceux qui l'ont montée de toute pièce. Les confrontations, si elles ont lieu, promettent....!