
Date: 18 Aug 2009
Les seuils d'alerte de la malnutrition totalement dépassés
Durant une évaluation menée dans la ville de Berberati (région du Mambéré-Kadeï à l'ouest de la capitale Bangui),
les équipes d'Action contre la Faim ont découvert un nombre d'enfants souffrant de malnutrition qui dépasse très largement les seuils d'urgence. Une opération d'urgence est en cours depuis 1
semaine pour soigner 1100 enfants atteints de la forme la plus grave de malnutrition. Face à cette situation, ACF lance un appel aux dons.
L'évaluation rapide de la situation nutritionnelle menée par ACF fin juillet 2009 sur la ville de Berberati a
révélé que 7% des enfants évalués souffrait de la forme la plus grave de la malnutrition : la malnutrition aigüe sévère. Les normes OMS définissent le seuil d'urgence nutritionnelle à 2% de
malnutrition aigue sévère. La situation de la ville de Berberati est donc critique, mettant en jeu le pronostic vital de plus de 1100 enfants concernés.
Face à cela, une équipe d'urgence a été dépêchée sur place en soutien aux équipes d'ACF déjà présentes. Une
intervention en urgence pour prendre en charge les cas de malnutrition aigue sévère a été déployée sur le terrain le 7 août 2009 par ACF.
Réponse d'urgence pour endiguer la maladie
Aucune structure n'est en mesure de prendre convenablement en charge la malnutrition dans la zone, faute de
formation du personnel hospitalier et de disponibilité des intrants thérapeutiques. Pour endiguer la maladie, une unité nutritionnelle thérapeutique est donc en cours d'installation dans
l'hôpital de la ville (qui n'en était pas pourvu) pour accueillir les cas les plus graves et 4 unités de traitement ambulatoire sont en cours de mise en place dans différents centres de santé.
Par ailleurs, le personnel hospitalier de la zone va être formé à la détection et à la prise en charge de la malnutrition. Plus de 6500 habitants seront également sensibilisés à travers de
petites formations, des visites à domicile et des messages radiophoniques à la malnutrition et sa prise en charge.
Les causes de la crise nutritionnelle
En termes de nutrition, 50% des Centrafricains ne mangent qu'une fois par jour une nourriture quasi exclusivement
à base de manioc. Dans la région de Berbérati, plus de 37% des enfants de moins de 5 ans sont en insuffisance pondérale de manière chronique. Il suffisait donc d'une étincelle pour transformer
cette situation déjà très difficile en crise nutritionnelle ouverte.
En dépit de conditions agro-écologiques favorables pour la production agricole, l'activité dominante de la zone
est restée centrée sur l'exploitation minière à tel point que la population est amenée à importer les produits alimentaires des autres zones du pays : il n'y a donc pas assez de production
agricole, ce qui, conjugué à l'impossibilité pour les habitants d'acheter les denrées présentes sur le marché, favorise la pénurie alimentaire.
En effet, les activités minières et commerciales, qui constituaient le moteur de l'économie locale, ont subi un net ralentissement depuis plusieurs mois, à l'origine d'une forte perte de revenus,
entraînant l'affaissement socio-économique de la région et cette crise nutritionnelle.
La RCA : un pays en crise oubliée de tous
La République centrafricaine est un pays oublié, pourtant l'un des plus pauvres de la planète : 80% de la
population y vit avec moins de 2 dollars par jour. L'espérance de vie diminue en moyenne de 6 mois chaque année depuis 1966 et est passée en dessous des 40 ans. Le taux de prévalence du SIDA y
est l'un des plus élevés d'Afrique centrale et le pays est 178ème sur 179 au classement du PNUD sur l'Indice de Développement Humain.
Les causes sont nombreuses : les conséquences d'une succession de crise politico-militaires, l'impact des crises alimentaire et économique et un enclavement dans un environnement régional
extrêmement instable. La communauté internationale, quant à elle, se désintéresse de ce petit pays coincé au milieu de l'Afrique. Le secteur de la nutrition en particulier n'est plus soutenu par
les bailleurs internationaux, alors que beaucoup reste à faire dans le pays pour mettre en place une prise en charge de la maladie. ACF est présente dans le pays depuis 2006 dans les régions de
Bangui, Bossangoa et dans l'extrême nord ouest du pays.
Alors que les bailleurs internationaux se font de plus en plus rares en Centrafrique, et que la situation
nutritionnelle s'est soudainement dégradée dans tout le quart sud-ouest du pays, Action contre la Faim lance un appel aux dons afin de soutenir les populations :
Action contre la Faim –RCA
Libre réponse 64 731
75 681 PARIS CEDEX
(pas besoin d'affranchir)
Ou sur internet : www.actioncontrelafaim.org
Contact presse :
Lucile Grosjean : 01 43 35 82 22 / lgrosjean@actioncontrelafaim.org
Contact urgence et jours fériés : 06 70 01 58 43