
Selon des informations crédibles émanant tant de l’entourage de Bozizé que de celui du président tchadien, le président centrafricain auprès de qui Déby avait dépêché le 17 juillet dernier son ministre de l’intérieur Ahamat Mahamat Bachir, aurait poliment décliné l’offre de médiation que l’émissaire était venu transmettre à travers un message écrit de son suzerain de N’djaména.
A en croire nos sources, pour Bozizé la rébellion de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) est organisée autour de jeunes gens d’ethnie Rounga des alentours de Ndélé et qu’il lui suffit de s’arranger avec le Sultan de Ndélé pour que celui-ci leur ordonne de déposer les armes. Quant à Charles Massi, toujours selon Bozizé, il est Gbaya de Baboua et n’a absolument rien à voir avec les Rounga de Ndélé, ce qui est un raisonnement au ras des pâquerettes mais, peut-on attendre autre chose d’un Bozizé !
L’objectif clairement inavouable de Bozizé est d’humilier Charles Massi en l’isolant de sa base de la CPJP qui l’avait pourtant investi comme leader, trahissant ainsi le caractère foncièrement tribaliste de sa vision des problèmes de ce pays. Cependant c’est bien lui qui, en signant un accord soi-disant de paix avec Zakaria Damane à Birao a mis le feu aux poudres dans cette région aujourd’hui en proie à des conflits ethniques attisés par des ramifications soudanaises inextricables qu’il n’arrive plus à maîtriser entre les Goula, Rounga et Kara, le tout sur un décor de trafic d’armes, de diamant et autre gomme arabique dont regorge ce coin.
La région est vraiment en effervescence au point où le ministre de l’administration du territoire a dû effectuer il y a quelques semaines, une visite à Ndélé au cours de laquelle il a été vivement pris à partie par la population. Depuis, le préfet de région, le général André Mazi est précipitamment revenu à Bangui où il se trouve toujours, et refuse de retourner tant que certaines conditions qu’il veut poser à Bozizé et son fils qu’il a beaucoup de mal à voir, ne seront pas réunies.
Ce n’est pas étonnant que Bozizé ait refusé l’offre de médiation de Déby. Les conditions dans lesquelles ce dernier avait remis Charles Massi en liberté – après une interview de Bozizé sur RFI dont les propos sur Massi lui avaient déplu – ne pouvaient que déplaire à son tour Bozizé, tout vassal qu’il soit. Seulement, si Bozizé ne veut pas de la médiation de Déby, l’état major de la rébellion de la CPJP non plus ne veut pas de celle du Sultan de Ndélé que Bozizé charge de les approcher. On tourne en rond mais Idriss Déby l’attend au tournant, dans le cas où les choses tourneraient vraiment au vinaigre à Ndélé.