
SYRTE AFP (Libye) 03 juillet 2009 21h00 - Les Etats africains réunis au sommet de l'UA à Syrte (Libye) ont décidé qu'ils "ne coopèreront pas" avec la Cour pénale internationale (CPI) pour l'arrestation du président soudanais Omar el-Béchir, ont indiqué des délégués vendredi soir à l'issue de la réunion.
Le président soudanais est sous le coup depuis mars d'un mandat d'arrêt de la CPI. Il est accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.
Dans une résolution adoptée par le sommet, l'Union africaine reproche notamment au conseil de sécurité de l'ONU de ne pas avoir répondu à sa demande de suspendre les poursuites contre Omar el-Béchir.
En conséquence, il a été décidé que les Etats membres de l'UA "ne coopéreront pas" avec la CPI "dans l'arrestation et le transfert" de l'accusé, au nom de son immunité présidentielle.
Cette décision a été prise alors que 30 Etats africains ont ratifié les statuts de la Cour.
Le sommet de Syrte a expliqué sa décision en notant "avec une grave préoccupation les conséquences malheureuses que cet acte d'accusation a eu sur le processus de paix délicat en cours au Soudan, et le fait qu'il continue de saper les efforts déployés en vue de faciliter un règlement rapide du conflit au Soudan".
Il s'est prend également au procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, accusé de partialité.
Adversaire déterminé de la CPI, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui est aussi le président en exercice de l'UA, avait estimé en mars que "cette cour était contre les pays qui ont été colonisés dans le passé et que l'on veut recoloniser".
Il l'avait accusée d'être un instrument des Occidentaux pour "établir un nouveau terrorisme mondial".
Le président Béchir était présent au début du sommet mercredi, mais a quitté Syrte depuis.
Il s'est rendu dans plusieurs pays africains depuis que la CPI a émis le mandat d'arrêt contre lui, mais il n'est allé jusque-là dans aucun des Etats de l'UA ayant ratifié les statuts de la Cour.
Pour Reed Brody, porte-parole de l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), l'Union africaine "s'est rangée du côté d'un dictateur accusé de crimes de guerre plutôt que du côté de ses victimes africaines".
Il a estimé que la résolution avait été "imposée par la Libye et le Soudan sans consensus réel" et qu'elle "n'efface pas les obligations juridiques des 30 pays africains" parties du statut de Rome.
"Les populations africaines, qui attendent de leurs dirigeants des actions pour mettre un terme aux atrocités du continent, sont les vrais perdants aujourd'hui", a-t-il ajouté.
Avant le sommet, une trentaine de personnalités africaines, dont le prix Nobel de la paix Desmond Tutu, avaient appelé les chefs d'Etat de l'UA à coopérer avec la CPI pour "aider la population du Darfour et tous les Soudanais à trouver la justice et la paix".