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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 15:53





 Le Challenger, 16/06/2009

L’attention de la plupart des fils du continent est retenue par la perte d'un des vétérans du pouvoir africain: le très grand El Hadj Omar Bongo Ondimba.  Celui qui détenait avec fierté la palme d'or de la longévité au pouvoir (41 ans!) s'en est allé, de l'autre côté du miroir. Mille et un commentaires sur Internet nous disent avec une éloquence désabusée que le "doyen des chefs d'Etats africains", comme certains l'appelaient avec une sorte d'affection intéressée, ne laissaient personne indifférent. Il y a ceux qui pensent que c'était "le Sage de l'Afrique", titre détenu jadis par l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Pour ceux-là, Bongo était sur tous les fronts de guerre pour promouvoir la paix et réconcilier les belligérants. Ils citent principalement la région des Grands Lacs, la Centrafrique et la Côte d'Ivoire. Ils parlent aussi de la stabilité politique au Gabon.

Et il y a ceux qui, comme moi, rétorquent que Bongo faisait comme bien d'autres autocrates du continent qui jouent dehors la comédie de la paix et de l'amour pour jeter de la poudre aux yeux des juges du monde qui distribuent des prix aux grands hommes de la terre. En vérité, quelle est l'intervention de Bongo dans une zone de guerre qui a vraiment contribué à faire fleurir la paix ? En supposant même qu'il ait eu du succès sur tous les terrains de conflits où il est intervenu, comment faisait-il au Gabon, pour maintenir la stabilité de son régime ? Peut-on appeler démocrate un chef d'Etat qui accepte de modifier la constitution de son pays, rien que pour s'éterniser au pouvoir ? Avait-il vraiment besoin de museler son opposition en achetant les leaders à coups de pétrodollars, pour les rendre taillables et corvéables à son goût ?

La perte d'un être humain

Tout en restant sensible à la perte d'un être humain, je ne partage pas l'avis de ceux qui estiment que, par respect pour le mort, il faut taire tous les défauts de n'importe quel disparu et ne chanter que ses qualités. J'estime que ceux qui ont passé leur vie à bâillonner la presse au mépris de toute liberté d'expression méritent que l'on dise ce qu'ils ont fait de mauvais et de méchant. Afin que les autres rois encore au pouvoir comprennent que s'ils pourrissent la vie du peuple de leur vivant, à leur mort leur mémoire sera salie. Il n'y a, à mon avis, aucun scrupule à chanter les louanges d'un despote mal éclairé, d'un autocrate ou d'un mégalomane flambeur, sous prétexte qu'il est mort et que tous les morts sont saints…

Mais ce n'est pas que la mort de Bongo seule qui retient mon attention ces jours-ci. Il y a les lubies du maître de la Libye. En Italie, il a encore brillé par sa litanie de réclamations et de déclamations. Tout cela est juste et bon mais dans une proportion qui garde, sauve la dignité et l'honneur. En en faisant trop, il finit par être la risée de ceux à qui il veut donner des leçons. Et quand celui qui préside aux destinées de l'Union Africaine se fait vomir, l'image du continent ne peut qu'en pâlir ! 

Il faut rappeler que le Colonel Mouammar Khaddafi est le digne successeur d'El Hadj Omar Bongo Ondimba. C'est donc lui qui hérite désormais du trophée de la longévité au pouvoir en Afrique, pour avoir fait 40 ans à la tête de son pays…

Mon attention s'est aussi arrêtée sur un autre chef africain qui semble avoir quitté la zone de l'état de grâce dans son pays : Moussa Dadis Camara. Sa grande interview sur la chaîne de télévision Africable m'a laissé perplexe, au point de me demander jusqu'où ira ce jeune fougueux illuminé qui, au fil de ses nombreux " talk-shows ", met à nue une personnalité infantile, trouble et déséquilibrée. On voit que le personnage est très loin de Thomas Sankara à qui de nombreux jeunes avaient vite fait de le comparer. Il dit lui-même n'avoir aucun modèle parmi les hommes.

Et de préciser que son seul modèle, c'est son père ! Les incohérences du discours de celui qui ne veut pas que l'on confonde " tambour et amour ", la fébrilité et la violence de ses gestes, sa conception de la gestion du pouvoir, son idée de la " reconnaissance ", le flou autour de sa position par rapport aux élections à venir, les menaces à peine voilées à l'endroit des leaders politiques, ses titres de " révolutionnaire progressiste ", " économiste ", " technocrate " et bien d'autres propos du nouveau leader de la Guinée Conakry n'ont finalement rien de rassurant et l'on peut dire, sans risque de se tromper (mais je souhaite ardemment me tromper cette fois !) que la Guinée n'est pas encore sortie de l'auberge. Car ce n'est pas d'un autre matamore que le pays de Sékou Touré a besoin, mais d'un homme d'actions concrètes qui peut laisser le peuple et l'histoire juger de la pertinence de ses actes en faveur de la liberté, de la démocratie, de la paix et du développement.

Quand un jeune intellectuel malien m'a dit que Dadis lui rappelait beaucoup Idi Amin Dada, j'ai tout de suite pensé aux images atroces du film "Le dernier roi d'Ecosse" qui retrace la vie du Général Idi Amin Dada durant les huit ans de son règne tyrannique en Ouganda, entre 1971 et 1979. Alors, je lui ai dit : "Que Dieu préserve la Guinée d'un Dadis à la Dada". Mais, depuis cette évocation, j'ai peur. Peur pour le jeune officier et pour la pauvre Guinée.

Avant de conclure, permettez-moi de retourner au Gabon, pour ma part d'hommage (?) à l'illustre disparu :

Adieu imperturbable dinosaure !

Mais, maintenant que tu es mort

Ton peuple aura-t-il accès à ton trésor

Juste pour améliorer un peu son sort ?

Pour le reste, que Dieu protège le Gabon et l'Afrique !

Bien à vous.

MINGA Siddick

Le Challenger, est seul responsable du contenu de cet article

 

 

 

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans AFRIQUE