
LE MONDE | 10.06.09 | 14h05 • Mis à jour le 10.06.09 | 19h44
Nicolas Sarkozy a vite compris que rien ne pourrait se faire
sans l'Afrique. Dès 2006, alors qu'il prépare sa campagne présidentielle, il reçoit fréquemment Robert Bourgi, le successeur de Jacques Foccart. Celui-ci a pourtant reçu mission, de la part de
Jacques Chirac, d'"aider" Dominique de Villepin, qui, lui aussi, espère se présenter. Robert Bourgi affirme cependant avoir été de plus en plus mal à l'aise devant "la volonté de Villepin
d'empêcher l'élection de Nicolas Sarkozy, quitte à faire échouer la droite". L'homme des réseaux Foccart a sans doute aussi compris que le premier ministre n'avait que peu de chances de
l'emporter.
Un soir que Robert Bourgi rend visite à Dominique de Villepin à Matignon, celui-ci, raconte M. Bourgi, le prie de passer par derrière et de le rejoindre au pavillon de musique, au fond du parc. Le premier ministre rentre d'un jogging et est encore en tenue de sport. Il explique : "Il va vous falloir être plus discret. Il y a des dossiers sur vous qui sentent très mauvais !" Furieux, Robert Bourgi appelle Nicolas Sarkozy. "Ce qu'ils t'ont fait, ils me l'ont fait aussi !", lui lance ce dernier, enchanté de rallier ce soutien précieux.
Le jour de l'investiture de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Robert Bourgi est placé dans le cercle réservé à la famille du nouveau président.
Nicolas Sarkozy avait promis, pendant sa campagne, de rompre avec la Françafrique. Le 24 mai 2007, la présidente du Liberia est le premier chef d'Etat africain qu'il reçoit. Pour prix de ce qui est considéré comme un affront par Libreville, le Gabon obtient une importante remise de dette. Ce sera le premier et dernier faux pas du président. Le 27 septembre 2007, il fait Robert Bourgi chevalier de la Légion d'honneur.
Le secrétaire d'Etat à la coopération Jean-Marie Bockel annonce cependant vouloir "signer l'acte de décès de la Françafrique". Omar Bongo téléphone à l'Elysée pour demander sa tête. Bockel sera démis en quelques jours. Son successeur, Alain Joyandet, a estimé, au lendemain de l'annonce officielle de la mort d'Omar Bongo, qu'il ne fallait pas oublier "tout ce qui est positif dans le bilan du président gabonais".
Raphaëlle Bacqué
Article paru dans l'édition du 11.06.09