Ali Ben Bongo
LEMONDE.FR | 09.06.09 | 17h43 • Mis à jour le 09.06.09 | 17h50
Les internautes du Monde.fr décrivent l'ambiance à Libreville au lendemain de l'annonce de
la mort du président gabonais, Omar Bongo.
Une sorte de psychose a gagné
Libreville, par Marcel Obiang
Après l'annonce officielle du décès du président Bongo, une sorte de psychose a
gagné Libreville. Tout le monde a cessé ses activités pour regagner son domicile. En rentrant chez moi, j'ai aperçu plusieurs centaines de militants réunis devant le siège de l'Union du peuple
gabonais (UPG), le principal parti d'opposition. Ils étaient venus, m'ont-ils expliqué, pour soutenir le leader de l'opposition, Pierre Mamboundou dont la sécurité serait potentiellement en
danger.
Tout le monde fait des provisions, par A. Fernandez
J'ai enfin pu avoir ma sœur, qui habite au Gabon, par téléphone. Là-bas,
Internet est coupé depuis dimanche matin, ce qui peut vouloir dire deux choses : soit le président était mort depuis un bon moment quand son décès a été annoncé à 23 heures en France, soit sa
mort paraissait tellement évidente que les autorités ont préféré couper le réseau. Pour l'instant tout est calme, mais une Gabonaise qui travaille avec ma sœur lui expliquait qu'elle s'était
barricadée chez elle hier soir. Tout le monde a fait des provisions au cas où les magasins resteraient fermés pendant les trente jours de deuil.
Bongo est mort, on ne veut pas de son fils, par
Pierre
Un tyran est mort et c'est une grande joie. Mais beaucoup de Gabonais ont peur
que le fils d'Omar Bongo, Ali, prenne la tête du pays. Le peuple souhaite une élection libre, que la loi soit respectée dans tout son ensemble. Beaucoup déplorent que la presse française parle
tant de son fils, Ali Bongo, comme successeur.
Entre peur et incompréhension, par Francois Ndong
Mba
Les Gabonais sont dans la crainte. ils redoutent qu'Ali Bongo, le fils d'Omar
Bongo, ne prenne le pouvoir par la force alors qu'il n'a aucune légitimité populaire. Je ne comprends pas pourquoi la presse française le présente comme le dauphin de son défunt père, alors
qu'elle se refuse à parler de Pierre Mamboundou, le principal opposant chez qui des Gabonais se sont rendus par centaines ces dernières heures.
L'avenir du Gabon est plus flou que jamais, par
Louis
Le Gabon a été officiellement "mis en quarantaine" pour un minimum de trente
jours, mais à quoi cela peut-il bien servir ? [Les frontières ont été rouvertes mardi 9 juin, selon le ministère gabonais de la défense, NDLR.] Organiser le départ des proches d'Omar Bongo pour
l'étranger ? Assurer la transition vers un régime similaire composé des proches du président défunt ?
Démarrer le processus de transition vers un gouvernement adhérent à des chartes d'éthiques et de responsabilités ainsi qu'au respect de la Constitution ? Une seule chose est sûre : l'avenir du
Gabon est plus flou que jamais.
Tout le monde attend d'en savoir plus, par François
Carré
La ville est calme. Je n'ai observé aucun déploiement des forces de l'ordre et c'est même assez surprenant. Seules quelques stations-service étaient closes ce matin. Mais la fermeture des
frontières terrestres, maritimes et aériennes a créé un certain malaise dans la population. Tout le monde attend d'en savoir plus sur les candidats à la succession. Certains craignent de voir le
pays voler en éclats. Heureusement, la majorité des Gabonais reste sereine quant au déroulement des obsèques et aux futures élections.
Spéculateurs et successeurs, par Gérald Obiang
Il y a trop d'incertitudes autour de la mort du président. Certains disent qu'il est décédé il y a longtemps, d'autres qu'il n'est pas encore mort. [Omar Bongo est mort lundi 8 juin en début d'après-midi, selon les autorités gabonaises, NDLR.] Il est intéressant de rappeler que feue Edith-Lucie Bongo, sa femme, a connu le même sort : l'annonce de sa mort a été repoussée maintes fois pour des raisons floues. Selon certaines spéculations (dans les milieux politiques, ainsi qu'au sein de la population), le gouvernement chercherait un moyen de glisser un "successeur" à la tête du pays et de faire passer la pilule aux Gabonais. Mais les candidats potentiels semblent oublier qu'il existe quand même une opposition dans ce pays, aussi silencieuse soit-elle. Elle pourrait bien leur rappeler que le peuple en a plus qu'assez d'avaler des couleuvres.